gravure signée Pannemaker et H. Hendrickx extraite de
Voyage autour du Monde et Naufrages célèbres
par le capitaine Gabriel Lafond de Lurcy - 1844
Joueur de dés se disputant
Texte extrait de :
Voyage autour du Monde et Naufrages célèbres -
Capitaine Gabriel Lafond de Lurcy - 1844
Les Chinois sont un peuple immuable et essentiellement ennemi de toute innovation ; j’ai connu un négociant chinois qui, faisant construire une jonque, voulut introduire quelques changements dans la disposition de l’arrière du bâtiment. Ces modifications consistaient simplement à diminuer l’immense volume de la poupe et à soutenir le gouvernail par des ferrements, et pourtant elles parurent aux mandarins une telle infraction aux coutumes, qu’ils taxèrent la jonque à l’égal d’un navire européen, et firent éprouver tant de vexations au malheureux armateur, qu’ils finirent par le ruiner.
Dans les contrées méridionales de la Chine, les hommes du peuple sont habillés d’étoffes de coton de différentes couleurs. Les principales nuances sont le blanc, le nankin, le bleu et le brun ; cette dernière surtout est en usage parmi les marins et les pilotes, dont le costume consiste en deux ou trois larges pantalons d’étoffe lustrée, portés les uns sur les autres suivant la saison, et retenus au corps par une ceinture de soie de couleur tranchante ; et en une ou plusieurs vestes, également les unes sur les autres, sans col, croisées sur la poitrine, ouvertes sur les côtés et agrafées par un rang de boutons d’étoffe, de cuivre doré ou d’or ; leurs chapeaux sont de paille, larges et pointus ; quelques-uns, pour la forme, rappellent ceux des femmes du Valais. Leur tête est entièrement rasée, sauf une longue tresse partant du derrière du crâne et tombant sur le dos, souvent avec l’addition de quelques onces de fil de soie. Parfois en place de chapeau, ils ont la tête couverte d’une calotte noire, et tiennent à la main un éventail, un écran ou un parasol ; on les voit aussi dans la rue avec une pipe à la turque.
Les habitants de la campagne portent l’été un caleçon de coton, et par-dessus une chemise ou espèce de blouse, qu’ils ôtent dans les grandes chaleurs. Un large chapeau de paille ou de bambous tressés les abrite contre le soleil ; en hiver ce chapeau est remplacé par un bonnet de feutre. S’il pleut, leurs épaules sont couvertes d’un manteau fait de roseaux, et impénétrable à l’eau. Pour l’ordinaire, ils vont nu-pieds, ou bien ils se chaussent en sandales de paille.
Texte extrait de :
Moeurs usages et costumes de tous les peuples du Monde
Auguste Wahlen - 1845
L’habillement en général, et particulièrement celui des hommes, est très dispendieux. Les Mandchous et les Chinois de tous les rangs doivent avoir un costume particulier pour chaque saison de l’année, et les personnes en fonctions en mettent trois à la fois, sans compter les habits de cour et ceux des jours de fête. Cette extravagance met les officiers mandchous dans la nécessité de faire une dépense considérable, et oblige même l’homme le plus distingué à avoir recours aux prêteurs sur gages. Ils engagent les habits dont ils n’ont pas besoin et rachètent ceux sur lesquels on leur avait antérieurement prêté, et que la saison rend nécessaires.
En raison de la chaleur du climat, les Chinois portent des vêtements très larges ; le principal est une longue robe de toile qui a beaucoup de ressemblance avec le costume russe, à l’exception que les officiers portent cette robe ouverte devant et derrière. Par-dessus cette robe ils en mettent une autre avec de larges manches, laquelle ressemble, pour sa forme, à celle du clergé russe. Les habits des gens pauvres sont de calicot ou de nankin, et ceux des riches sont en soie à fleurs, et quelquefois de drap ou de casimir. La couleur favorite est le bleu, ensuite viennent le violet et le noir. Le vert, et particulièrement le rose, sont généralement portés par les femmes.
Dans l’hiver, la robe est doublée de ouate de coton ; mais les gens riches emploient pour cet usage des peaux d’écureuil et de mouton de qualité supérieure, ou bien encore des peaux de renard du nord, ou martre zibeline. Les personnes à la mode portent en hiver la robe de dessus en zibeline ou en chat noir, bordée de blanc, qui est estimée à un haut prix. Le poil se met en dehors pour faire voir sa beauté. Quelquefois ces robes de dessus ne sont pas plus longues que nos spencers, et comme elles sont très légères et commodes, on les porte pour monter à cheval. Les ceintures sont de soie ; mais plus ordinairement de tricot ou de fil, avec une belle boucle dans le milieu. L’épée est portée à gauche, ainsi qu’un couteau dans une gaine bien vernie ou en écaille de tortue, et les petits bâtons d’ivoire qui servent de fourchettes. Sur le côté droit pend une bourse de soie brodée qui renferme une tabatière, et de plus, en été, un éventail dont les hommes se servent aussi bien que les femmes. Pour observer la symétrie qui est en toute occasion de la plus grande importance pour les Chinois, ils portent à gauche un sac pareil, rempli d’épices qu’ils mangent à dîner en assaisonnement. Cette robe en couvre une autre très légère, de soie ou de loile, et qui correspond à notre chemise. Ils ne servent point à table de serviettes et n’ont point de mouchoirs de poche. Un morceau de papier y supplée. Leurs culottes sont de nankin ou de soie. La plupart des Chinois ont leurs bottes faites de ces étoffes ; mais celles des riches sont en satin noir. On porte aussi des souliers dont les semelles sont, comme celles des bottes, très roides et très incommodes, étant composées de papier mâché d’un pouce d’épaisseur. Les personnes de distinction portent des bonnets ovales de satin couleur cerise avec une bordure noire et une frange rouge. La bordure varie comme le costume, suivant la saison ; il est de velours en été, et en hiver de peau de mouton ou de zibeline.
Les chapeaux ou bonnets d’été sont en forme de cône ou d’entonnoir, et faits de bambou si parfaitement natté et avec tant de goût, que, s’ils étaient d’une forme différente, les dames d’Europe pourraient les adopter. Les bonnets des fonctionnaires publics sont surmontés d’un bouton dont la couleur désigne leur rang. Les gens du peuple portent ordinairement une veste de nankin et de petits bonnets de feutre pareils à ceux des Lithuaniens, qu’ils remplacent en été par les bonnets de paille. Les hommes se rasent sur le front et sur les tempes, et tressent en queue le reste de la chevelure qui leur tombe sur le dos. Une natte bien longue est regardée comme une parure. Elle a ordinairement une archine et demie de long, et l’on a souvent recours à de faux cheveux pour suppléer à la nature.