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Gravure et texte extrait de l'ouvrage 'Abrégé de la vie des plus fameux peintres' d'Antoine Joseph Dezallier d'Argenville, édition de 1762, collection personnelle. Le seul nom de Louis Carrache est un éloge. Sa naissance est marquée en 1555, dans la ville de Bologne. Son père, Vincent Carrache, était boucher ; il ne donna d’abord a son fils que l'éducation qu’il croyait suffisante pour le mettre en état de suivre la même profession. Un génie supérieur pour le dessin le fit entrer chez Prospero Fontana, et il eut l’avantage de devenir dans la suite, le chef de l'école des Carraches, qui a fourni tant de grands hommes à la peinture. Louis était cousin d'Augustin et d’Annibal Carrache, qui étaient frères et qui devinrent ses élèves : leurs noms seuls suffiraient pour l’immortaliser, si son mérite personnel n’eût pris les devants. Louis vint étudier à Florence, chez Dominique Passignani, alors en grande réputation et chef d'une fameuse académie : il y copia les ouvrages d’André del Sarto ; de là, passant à Parme, à Mantoue et à Venise, ceux du Corrège, du Titien, du Parmesan, de Jules Romain, le perfectionnèrent au point qu'à son retour à Bologne, sans avoir été à Rome, il surpassa son maître et tous les peintres du pays. Augustin ne pensait qu’à la littérature ; le dessin et la correction occupaient entièrement Annibal : la finesse des contours, la légèreté, les grâces, surent les compagnes de Louis. Louis entreprit alors de réformer dans la Lombardie, le goût de la peinture. C’était vouloir venger la nature du tort que lui faisait le goût maniéré de l’école de Sabbatini, à Rome, de celle de Passignani, à Florence, des Procaccini, à Milan, du Fontana et du Passerotti, à Bologne. La manière de ces peintres était aussi libre et expéditive qu’elle s’éloignait du vrai. Louis, pour y réussir, n’y fit qu’opposer la vérité de la nature, et les beautés de l'antique. On est redevable à ce grand homme, d’avoir tiré la peinture de cet état de langueur, qui pouvait en faire craindre l’entier anéantissement. On peut dire que Louis lui a rendu son premier lustre. Cette académie devint très fameuse, et elle forma dans la suite de très habiles gens. Son nom vola jusqu'à Rome ; le cardinal Farnèse manda Louis pour peindre la galerie de son palais. Le crédit qu’il s’était acquis à Bologne, sa place de chef d’académie, l’empêcha d’accepter cette proposition ; il envoya à sa place Annibal, qu'il avait séparé, il y avait quelque temps, de son frère Augustin, qui était à Rome. Il était si abondant dans ses pensées, qu’il retournait un sujet de vingt manières différentes ; habile à faire du paysage, plus gracieux qu’Annibal, aussi correct que lui, il a, de toutes les écoles, formé une manière savante et aimable, qui a toujours été suivie par les habiles gens. C’était, selon lui, une preuve du peu de génie des anciens peintres, que de mettre les figures et les portraits des patrons dans les tableaux d’histoire sainte et sur les autels. Il imagina un autre moyen qui était de faire servir les portraits à la tête des saints et des saintes, les appliquant à ce qui pouvait le mieux convenir à chacun : au moins, dans cette dernière manière, la figure avait quelque rapport à l'action principale, et paraissait concourir à la même fin. Ses disciples sont, Annibal Carrache, Francesco Brizio, Lucio Massari, Louis Valesio, Lorenzo Garbieri, et Alessandro Albini. Le Massari et le Garbieri méritent un petit éloge. Lucio Massari de Bologne, né en 1569, après avoir étudié sous le Passerotti, vint se perfectionner sous Louis Carrache ; il fut ensuite à Rome, et de retour de Bologne, il tint école avec son ami l’Albane. Ses ouvrages dans le cloître de saint Michel in Bosco, et en plusieurs Eglises et palais de Bologne, le firent passer pour un habile peintre. Personne n’a mieux copié les ouvrages des Carraches que lui. La passion qu’il avait pour la chasse, arrêta ses progrès, et avança ses jours ; il les termina, en 1633, à l’âge de soixante et quatre ans. Lorenzo Garbieri de Bologne, a toujours cherché à peindre des sujets tristes ; il inspirait jusqu'à l’horreur de la mort : sa manière fière n'était point privée des grâces nécessaires, quand les sujets se demandaient ; ce qu’on remarque dans les tableaux qu’il a peints à saint Michel in Bosco. Il devint aveugle, et mourut, en 1654, âgé de soixante 8 quatorze ans. Alessandro Tiarini, né à Bologne, en 1577, n'est point élève des Carraches ; il avait étudié sous Prospero Fontana, le Cesi et le Passignani. Quoique Louis l’eût refusé pour son élève, il le cultiva à son retour à Bologne, et Louis ne cessait de le louer. On le reconnaît pour un grand peintre dans l’Église et le cloître de saint Michel in Bosco, et dans toutes celles de Lombardie ; il finit ses jours à Bologne, en 1668, à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Les dessins de Louis ont une belle simplicité ; moins de feu, plus de grâce et d’élévation que ceux des autres Carraches. La correction, la touche, l'expression et la spiritualité, tout doit s’y rencontrer. Une plume fine et déliée, soutenue d’un petit lavis, se remarque plus souvent dans ses dessins, que l*usage des différents crayons. Son style approche de celui du Corrège, ses contours coulants, ses airs de têtes gracieux, beaucoup de légèreté, et le sublime de ses compositions le feront toujours reconnaître. Les meilleurs graveurs qui ont imité ses tableaux sont, le Pesarese, de Rubeis, Stefanonius, B. Pascalini, Brixio, Pirau, Nolin, Mitelli, Flaminio Torre, Giovannini, Louis Scaramuccia, Mattioli, Rolli, et autres. On peut compter une cinquantaine de morceaux gravés d’après ce maître. voici, dans le grand nombre d’ouvrages qu’il a faits ; ce qu’il y a le plus à remarquer. Dans le cloître St Michel in Bosco des Olivetans, il a peint sept tableaux ; un prêtre délivré du démon par saint Benoît ; la cuisine préservée du feu ; la folle qui court trouver le saint qui la guérit ; le Totilla à genoux ; saint Benoît rendu immobile sur un rocher, chasse le démon avec un signe de croix ; les femmes qui le veulent tenter dans un jardin ; l’incendie du mont Cassin, où l’on voit des coups de lumière admirables. Dans le même couvent, dans la maison des hôtes, une belle cène, à fresque ; et dans le plafond, saint Pierre qui voit une nappe couverte d’animaux immondes. On voit dans l’Église de saint Dominique, dans la chapelle Lambertini, saint Dominique et saint François, peints à fresque ; une Charité, dans le plafond. Dans la chapelle Turrini, de la même Église, saint Hyacinthe à genoux devant la Vierge, qui tient son fils ; dans celle appelée Solimei, on voit saint Raimond sur les eaux ; et dans la chapelle Guidotti, une visitation et une flagellation ; à la Madona di frà Maggiore, une Vierge, avec saint François et saint Jérôme ; aux Chartreux, un saint Jean-Baptiste qui prêche sur les bords du Jourdain, une flagellation, et un couronnement d’épines ; dans l’Église du collège Montalte, on voit saint Antoine Abbé, qui prêche ; au dôme, une annonciation ; et dans la sacristie, un Saint Pierre à genoux devant la Vierge, pleurant la mort de son fils ; à san-Bartolomeo di porta, un saint Charles à genoux, avec une belle figure d’ange ; à san-Bartolomeo di Reno, l’adoration des Mages, et la circoncision (cette pièce est attribuée, mal à propos, à Annibal dan une estampe qui porte son nom) ; à saint Paul, à la chapelle de la Vierge, la représentation du Paradis ; dans l'Église de saint François la conversion de saint Paul, et un saint Charles ; à saint George, une annonciation, fameux tableau ; à la Madona di Galiera, dans la sacristie, il y a une autre annonciation, en petit, et un saint François avec la Vierge ; à san Jacomo maggiore, un saint Roch ; dans l'Eglise dei mendicanti, un saint Matthieu appelé à l'apostolat ; à san-Martino maggiore des pères Carmes, un St Jérôme ; et dans le chapitre, St Pierre accompagné de St Dominique et de St François ; deux tableaux au Corpus Domini, l’un des Limbes, un des plus beaux de Louis ; l’autre l’assomption de la Vierge ; et saint Jean-Baptiste, la naissance du St au maître, autel ; à saint Léonard, deux tableaux, le martyre de sainte Ursule, et la Vierge dans la gloire, laquelle apparaît à sainte Catherine lors de son martyre ; dans l'Eglise de saint Grégoire, un saint George qui tue le dragon ; dans celle, de saint Pierre martyr, une transfiguration, au grand autel ; une ascension pour le maître-autel des religieuses de sainte Christine ; une assomption pour les chanoines réguliers de saint Sauveur ; à saint Paul, une gloire céleste et dans l'Eglise de sainte Croix, les épousailles de sainte Catherine, en présence de faim Benoît, et autres saints. |
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