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Gravure et texte extrait de l'ouvrage 'Abrégé de la vie des plus fameux peintres' d'Antoine Joseph Dezallier d'Argenville, édition de 1762, collection personnelle.
François Quaini, élève du Metelli, et oncle du célèbre Cignani, travaillait à Ravenne pour le cardinal Capponi, lorsqu'il lui naquit un fils, en 1643, que cette Éminence tint sur les fonts, et nomma Louis. Il apprit de son père, peintre assez médiocre, les éléments de son art. Des génies aussi heureux et aussi adroits que le sien dans l’art d’enrichir la nature, franchisent bientôt les bornes de cette médiocrité de talents. L’exemple de son cousin Cignani, qui marchait à grands pas dans la carrière de la peinture, lui en apprit davantage que les leçons de son père. Enfin, on le plaça chez le Guerchin, que la mort surprit trop promptement pour l'avancement de l’élève. Le Cignani, plus âgé seulement de quinze ans, devint alors son maître, et le mit en état d’acquérir du bien et de la réputation. Sur une proposition que lui fit un négociant de ses amis, de lui faire voir la France et l'Angleterre, il en entreprit le voyage. Rien ne lui parut plus charmant que la Cour de France ; la liberté qui y règne, si opposée aux manières gênantes des Italiens, était fort de son goût. Les savants et les habiles gens de la Capitale méritèrent ses visites, entr’autres, le fameux Charles le Brun, qui goûta fort son caractère et l’intelligence qu’il montrait pour son art. Arrivé à Londres, il y trouva la liberté dégénérée en libertinage, et plus de penchant pour les sciences que pour les arts : en effet, si l'on y voit de bons artistes, ce sont presque tous des étrangers. Enfin, il revint à Bologne rejoindre sa femme et le Cignani. Le Franceschini, qui venait de perdre son maître. Gio Maria Galli Bibiena, arriva aussi dans la même École. Ce fut l’origine d’une amitié très étroite ; l’émulation, mère des beaux ouvrages, se mit aussi de la partie, et leur maître y entrevit l’avancement de son cousin. Cignani mena avec lui Franceschini à Forli pour un ouvrage qu’il avait entrepris ; une autre fois il se servait de Quaini ; ainsi le maître partageait son estime entre ses deux disciples : cette égalité écartait la jalousie, et n’altérait en rien leur amitié, qui se trouva dans la fuite encore plus cimentée par la parenté qui les unit tous trois. Les peintures du dôme de Plaisance, de la grande salle du palais de Modène, de de celle du grand Conseil à Gênes, publient partout l’habileté de leurs pinceaux. C’était toujours le Quaini qui faisait le paysage, l’architecture et les autres ornements, qu'il entendait encore mieux que son cousin. Le Franceschini s’attachait plus à la figure ; et l’on a souvent entendu dire au Cignani, qu’il le préférait pour la fraîcheur des carnations ; mais que pour les airs de tête gracieux, et pour l’ordonnance de certaines parties, il estimait mieux le Quaini. L’esprit vif et pénétrant de notre artiste lui fournissait aisément des pensées pour ses tableaux, et en laissait encore de reste pour la poésie, qui l’occupait de temps en temps. Les gens de Lettres recherchaient son commerce ; ils venaient lui lire, dans son jardin, leurs productions, et se trouvaient fort bien de ses avis. Sa manière de vivre décente, et sa conversation enjouée, lui avaient acquis beaucoup d'amis : quand il s'agissait de faire le marché d’un ouvrage, il y apportait toute la facilité possible ; ses manières nobles prévenaient sur son désintéressement. On l’a accusé d’aimer un peu trop le jeu, quoiqu'il ne s’y livrât qu’avec quelque sorte de ménagement. Enfin, le Quaini fut attaqué de la goutte dans un âge un peu avancé ; n’étant plus en état de seconder son associé dans leurs travaux ordinaires, il s’était borné à peindre de petits tableaux, lorsque la goutte venant à remonter, le suffoqua à Bologne, en 1717, âgé de soixante-quatorze ans. Son corps fut porté dans l’église de l’hôpital saint François, et accompagné de tous les académiciens de Bologne, qui l’avaient reçu parmi eux avec distinction : ils le regrettèrent beaucoup pour les services qu’il leur a rendus, et les bons conseils qu’il était capable de leur donner.
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