Accueil | Présentation | Contenu | Galerie | Répertoire | Lieux | Thèmes |
Gravure et texte extrait de l'ouvrage 'Abrégé de la vie des plus fameux peintres' d'Antoine Joseph Dezallier d'Argenville, édition de 1762, collection personnelle.
Le Dominiquin, nommé Zampieri, a été contemporain du Guide : tous deux disciples des Carraches, ils ont exercé leurs pinceaux à l'envi l’un de l'autre. Zampieri naquit à Bologne, en 1581, dans une condition assez basse. Son père qui le destinait à la pratique, ne changea d’idée que par les surprenantes dispositions de son fils pour la peinture. Il le donna à Denis Calvart. Ce peintre, qui le surprit copiant un dessin du Carrache le frappa très rudement. C’en fut assez pour le faire passer de cette école dans celle des Carraches. On appelle Dominique Zampieri Dominichino (Et par abréviation, Menichino - Malvasia, Tom. II. part, 4 page 327), à cause de sa grande jeunesse. Il travaillait toujours écarté des autres élèves, et remportait tous les prix de l’académie. Son application à l’étude continuait même dans le temps que ses camarades se divertissaient ; et Louis Carrache le proposait pour modèle. Personne n’était aussi long à opérer que le Dominiquin ; il méditait longtemps avant que de se mettre à l’ouvrage : il fallait que ce fût un mouvement d’enthousiasme et d’inspiration qui lui fît prendre son pinceau. Il travaillait en effet pesamment ; ce qui le fit nommer, par ses camarades, il bove della pittura ; prétendant que ce qu’il dessinait trop lentement, était lourd et sentait le joug. Sur quoi Annibal disait que ce bœuf labourait un champ très fertile qui nourrirait un jour la peinture, Saint Thomas d’Aquin fut ainsi appelé bœuf par ses camarades, parce qu’il paraissait lourd et stupide dans ses études ; Albert le grand son maître, qui le connaissait mieux que personne, leur répondit : Si Thomas est un bœuf, ce bœuf remplira un jour tout le monde du bruit de son mugissement. L’Amitié étroite qui se lia entre l’Albane et le Dominiquin, excitait leur émulation sans causer entre eux aucune jalousie. Ce dernier alla à Modène, à Regio, à Parme, chercher dans les ouvrages du Corrège et du Parmesan la perfection de son art. Mais l’ennui de ne point voir son
cher Albane, le fit partir six mois après pour Rome, où son ami le reçut dans sa maison, et le défraya de tout pendant deux ans. Ce fut alors que le Cardinal Agucchi qui le protégeait, lui fit faire plusieurs tableaux ; entr'autres, la prison de saint Pierre, et les trois lunettes de saint Grégoire, qui sont sous le portique de saint Onuphre à Rome. La jalousie de ses ennemis s’accrut avec sa renommée. Lanfranc, un des plus animés, fit courir le bruit qu’il avait pris la pennée de son saint Jérôme, de celui qu'Augustin Carrache avait fait à la Chartreuse de Bologne ; et il le fit graver à l’eau forte par Perrier. La calomnie fut découverte ; l’on reconnut la différence des deux tableaux. La chapelle de sainte Cécile, dans l’église nationale de saint Louis des François, par sa Le chagrin qu’il eut de se voir préférer le Guide en plusieurs occasions, ne l’empêchait point de l’aborder le soir à la promenade, et depuis ils se rendirent service mutuellement. Ne pouvant posséder, comme lui, toutes les grandes parties des Carraches, il s’était principalement adonné au beau ton de couleur et à l’expression. Le cardinal Montalte employa le Dominiquin à peindre les quatre angles de saint André de la Valle ; et, sans la mort de ce cardinal, il aurait peint la coupole dont il avait fait trois dessins différents. La brigue du Tiarini, du Gessi, du Colonna et du Sementa, lui enleva ce morceau pour le donner au Lanfranc. Il peignit encore les quatre angles de saint Charles de Cantenari. Après être resté plus d’un an à Rome, occupé à travailler pour le Vice-roi, le cardinal Aldobrandin, et le cardinal Buon Compagni, archevêque de Naples, firent sa paix avec les députés ; on envoya au-devant de lui sa femme et sa fille. Enfin, il revint à Naples reprendre son ouvrage et tous les chagrins qu’il y avait laissés. On corrompit son neveu, ses domestiques, et jusqu’au maçon qui préparait la chaux, qui y mêla de la cendre pour faire tomber l'enduit et l’ouvrage qu'il faisait dessus. La coupole l’occupa pendant trois ans, et il n’en fallait plus qu’un pour la terminer, lorsque le chagrin affaiblit considérablement son esprit. Il ne se fiait plus à personne pas même à sa femme ; dans la crainte que sa nourriture ne fût empoisonnée, il l'apprêtait de sa main, changeant tous les jours de mets : enfin, il mourut, non sans quelques soupçons de poison, en l’année 1641, à l’âge de soixante ans. On le porta à la cathédrale ; et l'académie de saint Luc lui fit faire à Rome un service magnifique avec une oraison funèbre. Ses ennemis firent aussitôt abattre tout son ouvrage de la coupole, que l'on donna au Lanfranc. Il ne resta du Dominiquin que les angles, les lunettes, et les quatre tableaux des chapelles. Zampieri dessinait tout d’après nature ; il travaillait pour la gloire. Ses modèles, ses cartons, ses études lui coûtaient tant d’argent et de temps, qu’il ne lui restait presque rien du prix qu’on lui donnait. Quand il remarquait dans une personne quelque mouvement particulier, il se retirait chez lui pour le dessiner. Les tableaux faits à la hâte n’étaient point de son goût, et personne n’a plus terminé les grands ouvrages. Il savait accorder les mouvements des bras, des jambes, le contour du corps à l’intention et aux sentiments de l'âme, s'attachant à bien rendre une action, et à exprimer les passions ; un peintre, selon lui, devait se représenter fortement l’action qu’il vouait peindre. On l’entendait, lorsqu’il était seul, pleurer, rire selon l’occurrence, et discourir si haut, qu'on l’aurait pris pour un insensé. Le Dominiquin marchait toujours enveloppé d’un manteau comme un philosophe, et aussi pensif ; son esprit était devenu lent, et il était fort long dans ses ouvrages. Les pères de la Valle s’étant aperçus qu’il n’avait point travaillé chez eux pendant l’espace d’un mois, lui en firent des reproches. J'ai, dit-il, toujours, travaillé pour vous, quoique vous ne m'ayez, pas vu, et j'ai plus peint, pendant ce temps-là, avec l’esprit qu'avec mes pinceaux. Il lisait les historiens, et il suivait les conseils du savant prélat Battista Agucchi, qui souvent y répandait trop d’allégorie. En effet, un tableau n’est pas une énigme, et ne doit pas présenter des sujets si difficiles à deviner. S’il était permis de reprocher quelque chose au Dominiquin, ce serait une touche un peu lourde, des draperies mesquines, un pinceau pesant, et un peu de sécheresse dans ses tableaux à l’huile. Ses admirables fresques sont exemptes de ces défauts. Un homme d’esprit a cru rendre justice au mérite du Dominiquin, en disant : On ne connaît que quatre disciples de ce grand peintre, André Camassei, Antonio Barba lunga de Messine, Gio Agnolo Canini, et Francesco Cozza Sicilien. Rome possède quantité d’ouvrages du Dominiquin. On voit, à Saint André de la Valle, dans les angles, les quatre figures colossales des évangélistes, accompagnées de plusieurs anges ; la tribune du chœur est ornée de quatre grands tableaux et de trois petits, où il a représenté saint Pierre et saint André appelés à l'apostolat ; la flagellation de saint André ; le même saint qui adore la croix ; saint Jean qui embrasse deux disciples, et les invite à suivre Jésus-Christ ; l'apothéose de saint André ; la fameuse barque dans une forme allongée ; et les six vertus entre les fenêtres, au-dessus de la corniche ; savoir, la foi, l'espérance, la charité, la force, la religion et la pauvreté, avec des enfants admirables, qui tiennent des festons et des fruits ; les quatre angles peints à fresque, dans l’église de Saint Charles dè Catenari, représentent les vertus morales richement accompagnées ; dans celle de Saint Pierre, le grand tableau de saint Sébastien, peint sur la pierre de Lavagne ; à Saint Grégoire, le fameux tableau de la flagellation de saint André ; à Saint Jérôme de la Carita, le saint qui communie, tableau des plus considérables de Rome ; la chapelle de sainte Cécile, dans l’église de Saint Louis des François, représente la vie de la sainte, en cinq morceaux, deux de chaque côté, et un au plafond ; sainte Cécile donne l’aumône, et méprise les idoles ; Valérien son mari et elle sont à genoux à l'apparition d’un ange, qui leur apporte deux couronnes ; la mort de la sainte, dans la voûte, c’est son apothéose ; trois lunettes à Saint Onuphre, qui représentent le baptême de saint Jérôme ; l'ange qui le flagelle pour s’être trop attaché au beau langage, et la tentation du démon, avec plusieurs femmes nues qui dansent autour du saint ; il y a encore une Vierge à demi corps, au-dessus de la porte de l’église ; à Saint Sylvestre, à Monte Cavallo, dans la chapelle Bandini, quatre ronds dans la voûte, savoir, Esther devant Assuérus, David qui danse devant l’Arche, Judith qui présente au peuple la tête d’Holoferne, et Salomon, assis sur le trône avec sa mère Bethsabée ; aux Capucins, saint François en extase qu’il donna pour s’acquitter d’un vœu fait dans une grande maladie ; dans l’église de Sainte Marie della vittoria, à la chapelle Merenda, la Vierge qui présente son fils à St François ; sur les côtés, les stigmates de ce saint, et son évanouissement au son de la trompette de l’ange ; une Vierge en petit dans la sacristie ; à St Jean des Bolonais, au maître-autel, la Vierge, son fils, St Jean et saint Pétrone, avec une gloire d’anges ; à Sainte Marie in transtevere, une assomption, de forme octangulaire dans le plafond. Ceux qui ont gravé d’après le Dominiquin, sont K. Audran, Etienne Colbenschalg, Pietro del Po, Carie Maratte, Van-Audenaerd, Fr. Chauveau, Wibert, Scalberge, L. Ciamberlannus, Spierre, Gérard Audran, Dominique Barrière, Bénédicte Farjat, Rousselet, Thomassin, Randon, Duflos, J. Mariette, N. Dorigny, Châtillon, Picart le Romain, les frères Poilly, N. Tardieu, Jacques Frey, et autres ; cela peut composer une cinquantaine de morceaux. |
Si vous voulez toute la
liste des noms du site commençant par D
cliquez ici
Et les autres articles de cet ouvrage sur les peintres
Voir aussi la notice de Wikipedia
Les textes ont été transcrits du vieux françois en français courant,
et les gravures ont été corrigées des défauts d'impression et de vieillissement.
Tout le contenu de la page est donc sous Copyright
Dépôt de Copyright contre toute utilisation commerciale
des photographies, textes et/ou reproductions publiées sur ce site
Voir explications sur la page "Accueil"
Plan de site | Recherches | Liens |