Écuyer et ses multiples fonctions

Gravure (de Léopold Massard) et texte extrait de l'ouvrage 'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1835

Écuyer : On appelait autrefois écuyer les jeunes seigneurs qui n’étaient pas encore faits chevaliers. Dans l’histoire de France, il n’est point question du grand-écuyer avant Charles VII. L’ordonnance de Blois, de 1597, est la première qui ait fait mention de la qualité d'écuyer comme titre de noblesse. Cependant Pasquier prétend que le titre écuyer est très ancien, et que, dès la décadence de l’empire romain, il y eut deux sortes de gens de guerre, dont les uns furent appelés gentils et les autres écuyers.
A. Marcellin en parle comme de gens que l'on craignait, et que l’on regardait comme invincibles ; et Julien l'apostat faisait grand cas de ces troupes pendant qu’il fut dans les Gaules. Dans la suite, les Gaulois, ou peut-être seulement les Francs, ayant vu que les plus braves des troupes romaines s’appelaient gentils et écuyers, gentiles et scutarii, donnèrent aussi ces noms aux plus braves de leurs armées. Il paraîtrait, comme dans cette gravure, qu’il y avait de ces Écuyers ou Gentils qui étaient particulièrement attachés à la personne du roi ; que, dans les combats, ils se tenaient auprès du monarque, et que, n’étant armés que de boucliers, ils l’en couvraient suivant l’occasion. Sans décider du degré de croyance qu’il faut ajoutera cette conjecture, nous laissons chacun libre de se former une opinion.

(in Dic. Furetière, 1690)

ÉCUYER, substantif masculin. Titre qui marque la qualité de Gentilhomme, et qui est au-dessus du Chevalier.
- Fut présent Antoine le Gros écuyer, Seigneur d’un tel lieu.
- On a fait la recherche des Nobles, on a fait des taxes sur ceux qui avaient usurpé la qualité d'écuyer
On appelait aussi autrefois écuyers, les jeunes Seigneurs qui n’étaient pas encore faits Chevaliers. Ce mot vient du Latin scutum ou scutarius ou scutiger, à cause que les écuyers portaient l’écu des Chevaliers dans les behourds (originellement un combat à la lance, puis au sens général, un tournoi) et tournois. Quelques-uns disent que ce nom a été donné aux Gentilshommes à l’imitation de quelques braves Compagnies de soldats romains qu’on nommait Gentiles et scutarii sur le déclin de l'Empire.

Écuyer, est aussi le Gentilhomme servant d’un Chevalier, qui l’accompagne à l’armée et en toutes ses entreprises. Tous les Héros de Roman étaient toujours suivis de leur écuyer. Dom Quichotte même avait Sancho Pansa pour son écuyer. Ce mot ne vient pas d’escu, scutum, comme ont crû quelques-uns, mais de equus et ceux-ci s’appelaient autrefois Equyers, et avoient soin des écuries seulement.

Écuyer, se dit aussi de celui qui tient une Académie, qui fait fort bien le manège, qui enseigne aux jeunes Gentilshommes l’art de bien manier les chevaux, et de les dresser. On a mis ce jeune Seigneur chez un fort bon écuyer.
On dit aussi d’un homme qui le tient bien à cheval et de bonne grâce, qui se connait bien en chevaux, que c’est un bon écuyer. On dit aussi d’une femme qui monte hardiment à cheval, que c’est une bonne écuyère.

Écuyer, se dit aussi de ceux qui ont le soin, le gouvernement des chevaux du Roy, d’un Prince. Chez le Roy le Grand écuyer, qu'on nomme absolument Monsieur le Grand, possède une des premières Charges de la Couronne. Il commande à la grande Écurie, et aux Pages du Roy qui y apprennent leurs exercices. Cette charge est un démembrement de celle de Connétable : ce qui paraît, en ce qu’il porte comme lui deux espèces à côté de l’Ecu de ses Armes, avec cette différence, que celles du Connétable sont nues, et celles du Grand écuyer dans un fourreau de velours semé de fleurs de lis avec la ceinture autour.
Le premier écuyer, qu’on appelle absolument Monsieur le Premier, est celui qui commande à la petite Écurie et aux Pages du Roy qui y sont. Il y a sous eux des écuyers de quartier, qui aident au Roy à monta à cheval et à en descendre, et qui le suivent à cheval. Chez les Princes et Grands Seigneurs il y a des écuyers qui disposent de toute l’écurie, et commandent à la livrée.

Écuyer Cavalcadour, chez le Roy et les Princes, est celui qui-commande l’écurie des chevaux servants à leur personne.

Écuyer de main, est celui qui chez les Princesses et grandes Dames non seulement commande leur écurie, mais encore celui qui leur donne la main pour leur aider à marcher. L’écuyer de la Reine, de Madame, etc. et on les appelle écuyers ou Chevaliers d'honneur. Ce mot s’est étendu à tous ceux qui donnent la main aux Dames, (bien qu’ils soient leurs domestiques, soit qu’ils soient leurs galants, soit qu’ils le fassent par pure civilité ou rencontre. Cette partie était bien assortie, chaque Dame avait un écuyer.

Écuyer, se dit aussi de quelques Officiers particuliers. Un écuyer tranchant est celui qui est occupé chez les Princes à dépecer, à servir les viandes. Cette charge n’est plus guère en usage ; mais on appelle encore écuyer tranchant, celui d’une compagnie qui dépèce adroitement les viandes qu’il sert.
Les Allemands se piquent fort d’être bons écuyers tranchants, ils ont des Maître exprès qui leur apprennent cet art. Ce mot se dit aussi par corruption d’écuyers, qu’on appelait en Latin sectores escarii, ou mensarii : ce qui vient de esca, c’est à dire, viande: la ressemblance des mots les a fait confondre.

Écuyer de cuisine, est celui qui commande à la cuisine du Roy, qui sait faire la délivrance des viandes qu’on sert chez le Roy. Ce nom s’est étendu à presque tous les autres Cuisiniers des Grands Seigneurs.

Écuyer, en termes de Vènerie, signifie un jeune cerf accompagnant et suivant un vieux cerf.

Écuyer, chez les Vignerons, signifie un faux bourgeon qui croît au pied d’un sep de vigne.