MOTEUR ÉLECTRIQUE DE L'AÉROSTAT DIRIGEABLE DES FRÈRES TISSANDIER
AVEC LES PILES ACCUMULATRICES
Nous représentons ici la pile au bichromate de potasse qui produisait le courant électrique. La machine dynamo-électrique actionnée par cette pile était du type Siemens, c'est-à-dire composée d'une bobine très longue et de 4 électro-aimants. Elle pesait 56 kilogrammes.
La nacelle a la forme d'une cage. Elle est construite avec des bambous assemblés, consolidés par des cordes et des fils de cuivre, recouverts de gutta-percha. Sa partie |
inférieure est formée de vannerie d'osier. Les cordes de suspension l'enveloppent entièrement.
Elles sont tressées dans la vannerie inférieure et ont été préalablement entourées d'une gaine de caoutchouc, qui, en cas d'accident, les préserverait du contact du liquide acide qui est contenu dans la nacelle et sert à alimenter les
piles.
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L'AÉROSTAT ÉLECTRIQUE DIRIGEABLE DE MM. GASTON ET ALBERT TISSANDIER
Après la belle tentative de Dupuy de Lôme pour la construction d'un aérostat stable et dirigeable, qui n'avait d'autre défaut que le genre de moteur adopté, est venue l'entreprise très originale, due à MM, Gaston et Albert Tissandier, d'appliquer le moteur électrique à la propulsion des ballons.
C'est à l'Exposition d'électricité de Paris, en 1881, que l'on vit pour la première fois, le modèle (en réduction) de l'aérostat dirigeable des frères Tissandier, mû par la force électrique.
L'aérostat dirigeable des frères Tissandier avait la forme d'un ellipsoïde comme ceux de Giffard et de Dupuy de Lôme. 28 mètres de longueur ; 2m,20 de diamètre au milieu ; volume 1,060 mètres cubes. Tissu : percaline rendue imperméable par un excellent vernis. Nacelle forme cage, construite en bambous consolidés par des cordes et des fils de cuivre recouverts de gutta-percha.
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La découverte de l'accumulateur électrique par M.G. Planté et les applications qu'avait déjà reçues la pile secondaire, donnèrent l'idée aux frères Tissandier d'appliquer à la marche des aérostats les accumulateurs qui, sous un poids relativement faible, emmagasinent une grande somme d'énergie.
Une pile accumulatrice actionnant une petite machine dynamo-électrique, attelée à l'hélice propulsive d'un aérostat, offre certains avantages.
Le moteur électrique fonctionnant sans aucun foyer supprime le danger du voisinage du feu sous une masse d'hydrogène, si l'on emploie une machine à vapeur.
Son poids est constant ; car il n'abandonne pas à l'air, comme la chaudière à vapeur, des produits de combustion qui délestent sans cesse l'aérostat et tendent à le faire s'élever de plus en plus dans l'atmosphère.
Enfin, il se met en marche ou s'arrête avec une incomparable facilité par un simple commutateur. |
DESCENTE DU « ZÉNITH » AVEC LES CORPS DE CROCÉ-SPINELLI ET SIVEL
Dans la notice précédente (dédiée à Crocé-Spinelli), nous avons dit que l'ascension du Zénith avait été décidée dans l'intérêt de la Science.
L'issue fatale de cette ascension qui coûta la vie à Sivel et Crocé-Spinelli est certainement due à la trop grande rapidité avec laquelle ils s'élevèrent. Les trois aéronautes furent, pour ainsi dire, sidérés par l'atmosphère raréfiée dans laquelle ils se trouvèrent trop rapidement transportés. De là résulta un anéantissement des facultés, qui détermina, comme il arrive dans ces sortes de cas. des actes involontaires, inconscients, qui causèrent leur mort. C'est, en effet, parce qu'ils perdirent subitement la possession de leur intelligence, que l'un des aéronaute
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coupa les sacs de sable, pour s'élever plus haut, alors qu'i aurait dû, au contraire, ouvrir la soupape, pour redescendre. C'est pour cela que l'autre jeta pardessus bord, les couvertures, et jusqu'aux appareils que l'Académie avait mis en ses mains pour faire des expériences.
A la hauteur de six cents mètres M. G. Tissandier avait perdu connaissance. A 8000 mètres l'aérostat flottait dans des espaces vides d'air. Ses compagnons avaient cessé de vivre. Leur visage était noir, ils avaient les yeux à demi fermés, la bouche entr'ouverte, ensanglantée et froide. La descente eut lieu, à quatre heures, à deux cent cinquante kilomètres de Paris, après un séjour de quatre heures vingt-cinq minutes dans les airs..
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PREMIÈRE ASCENSION DU BALLON ÉLECTRIQUE DIRIGEABLE
DES CAPITAINES RENARD ET KREBS, LE 9 AOUT 1884.
Notre gravure représente une très intéressante expérience sur les ballons électriques dirigeables.
MM. Renard et Krebs ont certainement dirigé un aérostat dans des conditions atmosphériques favorables. Ils ont prouvé expérimentalement, qu'on peut se diriger en ballon, et ils ont réuni un ensemble de conditions qui leur ont fait atteindre le but désiré. Qu'ils aient profité des travaux antérieurs aux leurs, particulièrement de l'expérience de H. Giffard de 1852, sur la forme du ballon, et des dispositions du ballon de Dupuy de Lôme, construit après le siège de Paris, et qui résumait toutes les modifications apportées jusque-là à l'aéronautique, qu'ils se soient fortement inspirés du ballon dirigeable mû par l'électricité de MM. Tissandier frères, rien n'est plus vrai ; mais c'est là l'histoire de toutes les inventions. Aucune découverte ne se fait tout
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d'un coup ; c'est par des progrès successifs qu'on arrive enfin au but longtemps poursuivi sans succès par bien d'autres, et souvent avec des idées toutes semblables.
Le 9 août 1884, l'aérostat de l'École de Meudon s'élevait dans les airs, poussé par un moteur électrique. Il monta, par un temps calme, à une hauteur de 300 mètres environ. L'hélice fut alors mise en mouvement, et l'aérostat se dirigea vers un point assigné d'avance. Sa marche, lente d'abord, s'accéléra graduellement, et l'aérostat s'engagea au-dessus de la forêt de Meudon. La brise soufflait de l'est, avec une vitesse de 5 mètres par seconde : la marche du ballon s'effectuait contre le vent. Arrivé près de la pelouse, où le départ eut lieu, le ballon s'abaissa graduellement, obliqua, fit machine en arrière, machine en avant, et finalement atterrit à l'endroit voulu.
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APPAREIL DE LACHAMBRE, POUR LA PRÉPARATION, EN GRAND DU GAZ HYDROGÈNE.
Les dispositions particulières de l'appareil fixe ou mobile employé par les capitaines Renard et Krebs, au parc aérostatique de Meudon pour la production du gaz hydrogène, n'ont pas été décrites par ces officiers pour des raisons aisées à comprendre et sur lesquelles nous ne pouvons insister. C'est aussi pour le même motif que nous ne nous appesantirons pas sur ces dispositions. Mais l'industrie privée fabrique aujourd'hui, à Paris, pour les armées étrangères, des appareils mobiles, destinés à la production en grand de l'hydrogène. Un savant constructeur aéronaute, M. Lachambre, a livré au gouvernement portugais un appareil à hydrogène porté sur un chariot, que nous décrirons sommairement, grâce au dessin que M. Lachambre en a donné et que nous reproduisons ci-dessus. L'appareil est mobile ; il est porté sur un chabot. Il se compose de quatre générateurs A, B, C, D, qui peuvent fonctionner ensemble ou séparément. Ils sont reliés entre eux par un cylindre en fonte émaillée que l'on appelle boîte à siphons, b, laquelle a pour objet de replier sous un espace très restreint, la colonne de liquide sur elle-même,
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de façon à former un bouchon hydraulique de 0m,30 de hauteur, faisant obstacle à la sortie du gaz. Le gaz se dégage par un tuyau commun E, placé au sommet de l'appareil et se rend au laveur L.
Le même ouvrier, en manœuvrant la pompe P, aspire l'acide sulfurique par le tuyau TT, dans l'intérieur de la bonbonne et l'eau par un tuyau, U, U', qui aboutit à un réservoir voisin, etc.
Le débit de l'appareil de M. Lachambre est de 120 à 150 mètres cubes de gaz par heure. Son originalité consiste : 1° dans l'application plus rationnelle du principe de la circulation, par ce fait que la tournure de fer peut être mieux attaquée par le liquide acide dans toute sa masse immergée, à cause de la division de celle-ci en quatre colonnes (l'on sait que le gaz hydrogène s'obtient par le procédé qui consiste à faire réagir de l'acide sulfurique sur de la tournure de fer) ; 2° dans l'emmagasinement, grâce à la hauteur des récipients, d'une provision de tournure de fer suffisante pour une opération entière de gonflement.
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UNE ASCENSION NOCTURNE PENDANT LE SIÈGE DE PARIS
Deux aérostats, porteurs de dépêches ayant atterri en Allemagne, et les aérostatiers ayant été faits prisonniers, l'Administration des postes crut pouvoir, afin d'éviter de semblables désastres, faire partir de nuit, les ballons.
Triste expédient, hâtons-nous de le dire, car se confiner dans les ténèbres, pour faire partir un ballon, c'est exposer les aéronautes à toutes sortes de dangers. Pour se rendre compte de sa position au milieu des ténèbres, il fallait emporter un fanal assez puissant.
Les voyageurs étaient munis d'une lampe à réflecteur.
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La lampe et le réflecteur étaient renfermés dans une boîte et le faisceau lumineux s'élançait par une ouverture pratiquée à la paroi de la boîte.
Pour se rendre compte de la direction des vents, ils laissaient s'envoler de petits morceaux de papier blanc.
Une flèche en papier suspendue au bras horizontal d'une tige de bois verticale leur servait également à se renseigner sur la direction du vent.
Mais tous ces moyens étaient bien précaires, et un départ effectué la nuit exposait à de grands dangers.
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