Texte et gravure extarite de la 'Galerie historique de la Révolution française'
AUVERGNE (La Tour d’), surnommé le premier grenadier de France, né en 1743 à Carhaix (Bretagne), issu d’un bâtard de l’illustre famille d’Auvergne, refusa toujours les honneurs et les titres.
Il contribua par son énergie à la victoire du siège de Mahon ; pendant le combat il se précipita sous la batterie anglaise pour relever un officier blessé ; il le mit sur ses épaules et le porta dans le camp espagnol ; le roi d’Espagne lui offrit en récompense une pension qu'il refusa.
En 1792. La Tour d’Auvergne, à la tête du régiment d’Angoumois, chassa les Espagnols de la vallée d’Arreau, se rendit maître d’une forteresse importante, ce qui valut à sa colonne le surnom d'infernale.
Au siège de Saint-Sébastien, La Tour d’Auvergne se jeta dans un esquif pour aller au fort situé sur un rocher au milieu de la mer, somma le commandant de le lui livrer s’il ne voulait le voir anéantir ; le commandant intimidé par cette menace énergique, consentit aussitôt à lui remettre les clefs.
Lorsque la Révolution éclata, on voulut destituer La Tour d’Auvergne comme noble ; mais ses grenadiers s’opposèrent à cette injustice et ce brave soldat répondit au délégué d’un représentant : « Dis à ton maître que je ne fais la cour à personne, que je ne connais d’autre devoir que de combattre et de vaincre l’ennemi. »
La Tour d’Auvergne fut souvent préservé des blessures par son chapeau et son manteau qu’il avait l’habitude de porter sous son bras en combattant ; ce qui fit dire à ses soldats : « Notre capitaine a le don de charmer les balles. » Des Anglais voulaient lui faire abandonner sa cocarde, il l’enfonce aussitôt jusqu’à la garde de son épée et s'écrie : « Que celui qui veut la prendre vienne la chercher. » Personne ne releva ce défi.
Pendant la guerre d’Espagne, l’armée française, en proie à la famine, aperçut un jour de l’autre côté d’une rivière des Espagnols en train de faire un bon repas ; La Tour d'Auvergne s’écria : « Qui veut dîner me suive. » Il se jette à la nage avec ses grenadiers, aborde sur l’autre rive met les Espagnols en fuite et partage avec ses soldats les mets et les vins.
La Tour d’Auvergne retiré à Passy s’y livrait à de savantes études lorsqu'il se rendit à l’armée du Rhin pour remplacer le fils d’un de ses amis enlevé par la conscription. C’est lui qui s’écria en recevant des mains du 1er Consul un sabre d’honneur : « Allons, il faudra le montrer de près à l’ennemi. » Son cœur percé d’un coup de lance (1800) fut confié à la garde qu’il avait adoptée. A tous les appels on répondait : Mort au champ d’honneur !
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