Cendrillon,
Journal encyclopédique de tous les travaux de femmes - novembre 1851
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Le Talma n’a rien perdu de sa faveur ; mais il se modifie sous les doigts des artistes de goût de mille et mille manières différentes. La maison Delisle en possède un modèle d’une élégance sans égale. Il est en velours, garni par le bas de trois entre-deux posés à trois doigts de distance. Ces entre-deux se composent d’un galon guipure sur transparent violet, rehaussé de chaque côté d’un tout petit volant en dentelle de Chantilly. Le bas est orné d’une dentelle de 25 centimètres ; mais ce qui donne à ce manteau un cachet de distinction exquise, c’est un capuchon-pèlerine en dentelle bordé d’un transparent pareil à ceux du manteau, et qui forme, relevé sur la tête, une coiffure diaphane et vaporeuse du plus délicieux effet.
Les sorties de bal se font en cachemire façon burnous : c’est la seule forme sanctionnée par le bon goût, qui se montre, en ce cas, très sensé, car rien ne saurait mieux réunir la commodité à l’élégance.
Parmi les plus jolis échantillons de la maison Delisle, il faut citer une sortie de bal en cachemire noir, entourée d’un magnifique galon d’or et enrichie de glands algériens ; et puis une autre en cachemire bleu de ciel, brodée de soutache et de velours à dessins palmés.
Il y a des gilets qui commencent à se rapprocher du spencer. Ils sont ajustés par derrière et pourvus de longues manches qui abritent le bras et se transforment en sous-manches lorsque l’on passe un par-dessus.
Jusqu’à nouvel ordre, les robes continuent à se faire montantes et ouvertes sur le devant. Toujours et toujours des volants.
Pour coiffure, rien de joli comme la couronne Pompadour. c’est un délicieux mélange de touffes de ponsilla d’Espagne, de clochettes, de feuilles de passiflore, de petites bruyères sablées de perles, d’où s’échappe de chaque côté une branche traînante tombant jusqu’à la naissance du col.
Une autre coiffure non moins exquise, mais plus sévère, c’est la guirlande Velléda, formée d’une belle fleur naturelle quelque peu parente du chèvrefeuille, et qui accompagne un beau feuillage vert-printemps. Les traînes, au lieu de flotter sur le col, viennent se rattacher par derrière à la chevelure.
N’oublions pas une coiffure d’un éclat réellement magique, la Cérès, composée de feuilles de chêne dorées, accompagnées de leurs glands d’or. Çà et là étincellent des étoiles d’or et de perles, et tout au travers de cet éblouissant diadème courent de légers agréments d’or. C’est une parure californienne.
Voilà pour les coiffures en fleurs. Pour les coiffures en étoffe, consultons madame Plé-Horain, notre oracle.
Une très jolie fantaisie, c’est la Giralda. Figurez-vous un fond chaperon composé de petits velours blancs à jours lamés d’argent, entremêlé de petits velours bleu lumière. D’un côté, des coques de rubans de velours du même bleu, mélangés d’effilés d’argent arrondis en guirlande : de l’autre, une touffe de marguerites et de pavots en plumes bleues à cœur d’argent, parsemée de coques de rubans avec bouts tombants ; par derrière une frange d’effilé d’argent disposée comme le précédent.
La Giralda est la coiffure de la jeunesse. La Corinne est celle de la maturité. Qu’est-ce que la Corinne ? Quelque chose qui n’est ni toquet ni turban, mais qui tient de l’un et de l’autre. C’est un fond drapé en velours ponceau sillonné d’agréments d’or à jour et mouchetés de petites perles. De chaque côté se tortille avec une grâce exquise une plume d’autruche tombante, d’où flottent de grosses perles poires suspendues à des chenilles d’or.
Des coiffures de soirée passons aux chapeaux de ville et de promenade.
Nous trouvons en premier lieu la capote dite Stella, en velours marguerite (couleur qui se rapproche du grenat très clair), à fond mou et arrondi, garni sur les côtés de deux bouillons ovales d’où sort une haute dentelle à coquille recouvrant presque entièrement la passe, qui est coulissée, et se rabattant par derrière sur le bavolet. Le bord est plat, tendu et épais de 2 à 3 centimètres. En dessus, à droite et à gauche, un petit bouquet de plumes tournées en chou ; par dessous deux touffes de roses blanches mêlées de petits velours de nuance assortie au chapeau.
Nous ne citerons pas toutes les merveilles de grâces et de goût qui ont attiré notre attention ; mais nous ne pouvons résister au désir de faire faire connaissance à nos lectrices avec une nouveauté appelée à un succès tout à fait hors ligne. Il s’agit du chapeau Armide. Ce chapeau est en velours pensée, à fond souple et sans calotte. La passe (et c’est là surtout ce qui lui donne un cachet tout particulier), la passe est formée d’un seul gros bouillon qui se renfle à mesure qu’il avance vers le bord, avec cette particularité que les côtés sont plus ballonnés que le dessus. La passe est terminée par un rouleau qui la sépare du bord, lequel est bouillonné lui- même, et présente une assez forte épaisseur. L’intérieur n’a d’autre garniture que deux légères touffes de fleurs en satin escortées de feuillage en velours assorti. Sur les côtés, s’étagent à droite et à gauche deux petites têtes de plumes frisées.
Règle générale, chapeaux et coiffures se portent tellement en arrière, qu’ils ne tiennent pour ainsi dire sur la tête que par artifice. Cette disposition à pour cause les dimensions toujours croissantes des bandeaux qui se prolongent maintenant bien en deçà de l’oreille. Aussi les cheveux longs et épais sont-ils considérés comme un grand luxe, mais qui n’est point à la portée de tout le monde.