Ces costumes, inspirés tantôt par le grand siècle de Louis XIV, tantôt par les coquettes figures du règne de Louis XV, font avec le luxe moderne de ravissantes parures. En voici quelques exemples : une jupe de satin blanc relevée de côté par une suite de camées qui se termine à la ceinture, dessous de satin avec un grand volant de dentelle d’Angleterre, corsage drapé, petite manche relevée et attachée aussi par des camées et laissant s’échapper deux rangs de dentelle.
Robe de satin bleu garnie en tablier de trois rangs de franges d’argent posés sur des draperies de satin.
Robe de velours épinglé, ouverte de chaque côté sur du satin blanc avec bouillonnés de tulle retenus par des nœuds de ruban, dans le même genre que la robe bleue dont notre dessin donne le modèle.
Puis encore des robes de velours royal lilas, bleu ou rose, ouvertes devant sur un tablier de satin blanc orné d’un ruban posé en carreaux et venant s’attacher de chaque côté par des nœuds de ruban à la Louis XIV.
Avec toutes ces toilettes un peu sérieuses et telles qu’il les fallait pour une auguste cérémonie, les coiffures étaient de rigueur; aussi Maurice Beauvais, Barenne, Beaudrand, ont-ils créés des merveilles : ici c’était un turban, là un petit bord de velours avec plumes; ailleurs une coiffure de dentelle et de fleurs.
Les sorties de bal et de théâtre sont très variées et très élégantes.
Dans la foule de ces coquets accessoires nous avons remarqué un pardessus en cachemire blanc, avec un large revers de satin rose couvert d’une dentelle guipure garnissant les devants, le tour du capuchon et les manches, qui étaient très-larges du bas; dans l’intérieur de ce capuchon il y avait une dentelle froncée et disposée de manière a encadrer le visage.
Une femme de bon goût doit bien se garder de porter des gants dits quart-longs, garnis de rubans, de blonde ou de glands : ces modes ne sont pas de mise pour la femme élégante; le gant doit être uni, boutonné. Les trois, quatre ou cinq bracelets qu'on met au bras sont le vrai luxe, le seul beau maintenant, en un mot la vraie mode.
Les toilettes de ville ne varieront pas beaucoup, ce sera toujours les robes montantes lacées en passementerie, ou les robes de soie à revers de velours pareils, ou bien encore quelques robes en mérinos ou en drap brodées en soutache ; des chapeaux de velours plein ou épinglé ornés de petits saules ou d’une plume couchée et tournée, des capotes de satin ornées de ruban et de blonde.
Et puis les pardessus ouatés et piqués à grand collet et larges manches, et l’élégant et gracieux kazavecka bordé de fourrure, qui continuera sa brillante carrière de l’hiver avec la faveur et l’assurance audacieuse d’un favori.
Loménie de V.
Extrait des Modes parisienne, du 7 janvier 1844