Guyton de Morveau, en sa qualité de représentant du peuple, faisait partie, avec Monge, Berthollet, Carnot et Fourcroy d'une commission que le Comité de Salut public avait instituée pour appliquer aux intérêts de l'État les découvertes récentes de la science.
Il proposa à cette commission d'employer les aérostats captifs comme moyen d'observation dans les armées.
Pour cela G. de Morveau s'adressa à un de ses amis, Coutelle, connu des savants comme physicien très exercé.
Coutelle fut agréé par le Comité de Salut public; il fut chargé des premiers essais à faire pour la production de l'hydrogène en grand, au moyen de la décomposition de l'eau.
Coutelle fut installé aux Tuileries, dans la salle des Maréchaux. On lui donna un aérostat de neuf mètres de diamètre et l'on mit à sa disposition tous les produits et tous les matériaux nécesaires.
Quand tout fut prêt, Coutelle reçut l'ordre de partir pour la Belgique et d'aller soumettre au général Jourdan la proposition d'appliquer les aérostats aux opérations de son armée.
Le général accueillit avec empressement l'idée de faire servir les aérostats aux reconnaissances extérieures.
La République avait donc fondé l'institution, toute nouvelle, des aérostats militaires. Coutelle nommé directeur des expériences aérostatiques, fut établi dans le jardin du petit château de Meudon.
Le décret de la formation des aèrostatiers militaires composait cette compagnie de vingt hommes seulement. Elle fut pourtant portée à trente, à savoir: un capitaine, un lieutenant, un sous-lieutenant, un sergent-major, quatre sous-officiers et vingt-six soldats, porteurs du matériel.
Tous les hommes de cette compagnie, la première de ce genre, qui eut été encore organisée, étaient des ouvriers d'élite appartenant aux diverses professions: charpentiers, maçons, mécaniciens, etc. Ils étaient assimilés, pour la solde, aux artilleurs dont ils portaient l'uniforme.
Un mois après le décret de formation de la compagnie d'aérostatiers, le Comité de Salut public donnait l'ordre de la mettre en mouvement et de la diriger sur Maubeuge, que l'armée française venait de reprendre et où elle était sur le point de subir un nouveau siège.