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et Gravure et texte extrait de l'ouvrage 'Abrégé de la vie des plus fameux peintres' d'Antoine Joseph Dezallier d'Argenville, édition de 1762, collection personnelle. Note générale : On appelle vigne en Italie, une maison de plaisance aux environs d’une ville, La célébrité dans laquelle ont vécu les grands artistes, leur a fait un renom assez durable pour avoir passé jusqu’à nous. Raphaël et Jules Romain sont de ce nombre. L'élévation de la pensée de ce dernier, le fera toujours regarder pour un aussi bon poète que grand peintre. Son vrai nom était Julio Pipi, et sa naissance est marquée à Rome, en 1492. Aucun Auteur n’a parlé de ses parents, qui, selon toutes les apparences, le mirent dans l’école du grand Raphaël ; il y fit des progrès si étonnants, que son maître lui-même en fut surpris. Devenu dans la suite son meilleur disciple, Raphaël lui confiait, sur ses dessins, l’exécution de ses plus beaux ouvrages. Jules mettait beaucoup plus de feu dans ses tableaux que Raphaël ; il donnait à toutes ses figures une certaine vie et une action qui manquaient souvent aux ouvrages de son maître. Grand dans ses ordonnances, d’un génie très fécond, il rappelait les pensées des anciens poètes ; ses idées étaient nobles, élevées, et il dessinait correctement. Heureux, s’il eût pu se familiariser avec le naturel, et les grâces compagnes fidèles du pinceau de son maître. Son goût au contraire avait quelque chose de féroce, et suivait plus l’antique que la nature ; il en devint dur et sec dans la suite. Jules Romain avait toute l'érudition dont peut être capable un homme de son art. L’histoire, la fable, l'allégorie, l'architecture et la perspective, toujours présentes à sa mémoire, étaient placées judicieusement ; il donnait de l’esprit à ses figures ; son génie second était propre à toutes sortes de sujets bizarres, aux événements terribles, et les figures colossales lui convenaient mieux qu’à tout autre. Ces talents étaient accompagnés d'une connaissance parfaite de l'antique et des médailles. Après la mort de Léon X, voyant que les arts n'étaient plus en crédit sous Adrien VI son successeur, il avait résolu d'abandonner la ville de Rome, de même que tous, les autres élèves de Raphaël ; mais ce Pape vécut peu de temps ; et le Cardinal Jules de Médicis qui lui succéda sous le nom de Clément VII, fit revivre leurs espérances. Jules travailla à l’histoire de Constantin, sur les dessins de son maître : les ajustements et les ornements peints en bronze, au-dessus et au-dessous des grands tableaux, sont encore de lui. Dans le tableau où Constantin donne au Pape la ville de Rome, il se peignit lui-même, ainsi que le Comte Castiglione, le Pontano, et d’autres savants de ses amis. Bellori rapporte dans la description des tableaux du Vatican, page 60, qu’ayant accompagné plusieurs fois le Poussin, pour examiner les peintures du Vatican, et surtout la bataille de Constantin, dont le coloris est trop chargé de noir, et les contours trop marqués, il lui avait entendu dire, esserg'li grata quest' expressa non disconveniente alla fierezza d'un grand combanimento ed all'impeto è furore de' combatenti. Lorsque les ouvrages du Vatican furent achevés, Jules se retira dans une maison qu’il avait fait bâtir ; il peignit des tableaux pour différentes villes, et fut l’architecte de plusieurs palais. Le Comte Castiglione l’invita d'aller à Mantoue. Attiré par les promesses du Duc, il se rendit en cette ville. On le reçut avec distinction, on lui donna un beau logement, une pension, une table pour lui et pour ses domestiques ; le Prince lui envoya même son plus beau cheval, avec lequel il se rendit au Palais Te, qui est aux portes de Mantoue. Les libéralités du Prince augmentèrent beaucoup la fortune de Jules. Il fit bâtir une maison pour sa famille, où il avait formé un cabinet d’antiques et de curiosités. On y voyait le portrait d’Albert-Durer, dont il avait hérité de Raphaël ; avec tous les dessins des bâtiments antiques, et ceux de sa composition. Jules Romain devint un grand architecte. On voit de lui, aux portes de Rome, la Vigne Madame, qu’il a ornée de peintures, ainsi qu’un petit palais sur le mont Janicule. Dans ce temps-là, François I le voulut avoir pour son château de Fontainebleau. Jules qui ne pouvait quitter les ouvrages commencés à Mantoue, fit agréer le Primatice à sa place. Au passage de Charles Quint en cette ville, il fit tous les arcs de triomphe, et d’admirables décorations de théâtre. Après la mort du Duc, Jules voulut quitter Mantoue pour retourner à Rome ; le Cardinal Gonzague, Régent, le retint auprès de lui. Le besoin qu’il en avait pour restaurer la grande église, son esprit agréable et enjoué en furent les principaux motifs. Il lui fit faire les cartons pour la Chapelle du palais, où il a représenté Saint Pierre et Saint André, qui de pêcheurs deviennent Apôtres. Ces morceaux ont été peints par Fermo Guisoni, un de ses élèves. On le manda a Bologne pour la façade de l’église de Sainte Pétrone ; son dessin fut préféré à quantité d’autres et très bien récompensé. Les principaux disciples de Jules Romain ont été Tomaso Parerello de Cortone, Raphaël dal Colle, le Primatice, Benedetto Pagani, Jean da Lione, Jean-Baptiste et Rinaldo de Mantoue, Bartolomeo di Castiglioni, Teodoro Ghisi, Figurino da Faenza et Fermo Guisoni. Les dessins de Jules Romain sont très spirituels et très corrects ; ils sont ordinairement lavés au bistre, quelquefois rehaussés de blanc, le trait très fier et très délié, est toujours à la plume qu’il maniait au mieux ; ses hachures sont de droite à gauche, et croisées irrégulièrement dans les ombres. La fierté de ses têtes, la sécheresse de ses contours, la médiocrité de ses draperies, son peu de grâce, le dénotent suffisamment. Sans parler des ouvrages de Raphaël que Jules a terminés après sa mort, conjointement avec les autres élèves de ce grand maître ; sans décrire de nouveau ces belles peintures du Palais du Te, dont on vient de parler ; il a peint dans les loges de la première cour du Vatican, la création d’Adam et d'Ève ; celle des animaux, Noé qui fait bâtir l'Arche, son sacrifice ; Moïse retiré des eaux ; le jugement de Salomon, et autres morceaux enrichis de beaux fonds de paysage. Il a beaucoup travaillé dans la chambre di Torre Borgia, et l’assemblée des Dieux, dans la loge du petit Farnèse, est entièrement de sa main. On voit de lui, à la Trinité du mont, un Christ ressuscité, qui apparaît à la Madeleine. À Sainte Praxède, un Christ attaché à la colonne. Dans l’église de Saint André della Valle, les épousailles de Sainte Catherine, à la Chapelle de Saint Sébastien. Dans l’église de l'Anima, on voit l’image de la Vierge, Sainte Anne et Saint Joseph, Saint Jacques, Saint Jean à genoux, et Saint Marc avec son lion ailé sous ses pieds. A la Vigne Madame, à Rome, un grand Poliphème, entouré de satyres et d’enfants sautants autour de lui. Sur le mont Janicule, dans le palais Turinni, l’histoire de Numa Pompilius, et dans l'appartement des bains, quelques traits de l’histoire de Vénus, d’Apollon et de l'Amour. L’œuvre de ce maître est d’environ 250 pièces, gravées par Jules Bonasone, Diana Mantuana, Baptiste Franco, Georges Pentz, Georges Mantuan, Beatricius, Jean-Baptiste Mantuan, Pietro Santi, Mlle Stella, Hollar et plusieurs antres. On trouve seize morceaux de Jules Romain dans le recueil de Crozat.
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