Accueil Présentation Contenu Galerie Répertoire Lieux Thèmes

 

Quelques statues d'Angers


René d'Anjou, par Cordelier Delanoue, publié chez Mame en 1851



couverture de l'histoire de René d'Anjou    - scan  Norbert Pousseur     statue de René d'Anjou - © Norbert Pousseur      Page de garde de René D'anjou   - scan  Norbert Pousseur
RENÉ D'ANJOU

CHAPITRE I (suite 1)
LA RUE BARBETTE


Un savant moine augustin, nommé Jacques Legrand, indigné des scandales de ce temps, s'exprimait ainsi en face de la reine Isabeau de Bavière :  
« 0 reine ! je préfère votre salut à la crainte que peut me causer votre colère ! La seule déesse Vénus règne à votre cour ; les bombances et l'ivresse y font de la nuit le jour et épuisent les forces et le courage de bon nombre de gens. Le luxe des habillements  est une véritable fièvre  que vous avez allumée ! » Puis, un jour de Pentecôte, s'adressant au roi lui-même : « Sire, disait encore frère Legrand, si imposant que soit mon auditoire, je lui dois la vérité. Les préceptes divins sont foulés aux pieds, la doctrine évangélique est repoussée, la foi, la charité, les vertus théologales et cardinales sont mises en oubli : ceux-là même qui sont chargés de conduire ce royaume, le conduisent en perdition et en ruine... Hé, sire ! remettez un moment en votre mémoire les glorieux gestes de votre redouté père, Charles cinquième du nom, ce roi si sage! Lui aussi mettait des tailles sur le peuple ; mais avec leur produit il construisait des forteresses pour la défense du royaume ; il repoussa les ennemis, il s'empara de leurs villes, il épargna des trésors qui le rendirent le plus puissant des rois de l'Occident ; et maintenant rien de tout cela ne se fait, bien que le peuple soit grevé de charges plus lourdes ! La solde n'est pas payée aux gens de guerre, et la fortune publique s'en va honteusement sans profit et sans honneur pour la France... A quoi songe la noblesse de ce temps-ci? à fréquenter les maisons de bains, à vivre dans la débauche, à porter de riches habits, à belles franges, bien lacés et à grandes manches. Sire! cela vous regarde aussi, ainsi que monseigneur le duc ; et je vous dirai que c'est tout comme si vous étiez vêtu de la substance, des larmes et des gémissements de ce malheureux peuple, dont les plaintes, nous le disons avec douleur, montent vers le suprême Roi pour accuser tant d'injustice !»  Telles étaient les paroles du moine, et Charles, dans l'un des rares intervalles de repos que lui laissait la maladie, les écoutait avec recueillement, se promettant de réformer tant d'abus et tant de scandales ; mais que pouvait une volonté aussi débile que la sienne ? Au sortir du sermon, ses accès de démence le reprenaient, et le pauvre prince, isolé, oublié dans son propre palais, vaguait de chambre en chambre, d'escaliers en escaliers, allant et revenant, tournant sur lui-même comme une bête fauve, exposé à la risée de ses derniers serviteurs, et se jetant avec gloutonnerie sur les maigres aliments qu'on lui présentait. Le dauphin lui-même, le dauphin manquait de l'argent nécessaire à son entretien journalier. Et cependant que devenaient les deniers royaux ? Ils passaient des caisses de l'État dans les poches de quelques personnages éhontés, peu scrupuleux de fouiller ainsi à l'escarcelle publique. Ils entretenaient le luxe et la débauche des princes et des seigneurs ; et, parmi ces seigneurs et ces princes, celui qui s'attribuait la part la plus large de tant de trésors extorqués à la misère du peuple, c'était le frère du roi, c'était le conseiller intime de la reine, le beau, le jeune, le spirituel duc d'Orléans, Louis d'Orléans; celui que le pieux moine augustin, dans sa ferme remontrance au roi, s'était borné à désigner, on s'en souvient, sous le nom de monseigneur le duc.
                                                          Suite du texte suite

page précédente de l'histoire de René d'Anjou                     page suivante de l'histoire de René d'Anjou

 

 

Haut de page

 

droits déposés
Dépôt de Copyright contre toute utilisation commerciale
des photographies, textes et/ou reproductions publiées sur ce site
Voir explications sur la page "Accueil"

Plan de site Recherches Liens e-mail