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René d'Anjou, par Cordelier Delanoue, publié chez Mame en 1851 |
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Ce nom, que frère Jacques Legrand n'avait
pas osé prononcer,
le peuple le nommait tout haut dans son aversion. A ce nom-là les
imprécations, les malédictions circulaient dans la
foule. On se disait que la reine encourageait par de coupables complaisances
les exactions de ce favori ; on lui imputait les désastres
du royaume, l'augmentation progressive des impôts, les vexations
tyranniques exercées contre les bourgeois et paysans pour
la perception des nouvelles tailles : on lui imputait tout, jusqu'à la
démence, jusqu'à la maladie du roi. Quelques-unes de
ces accusations étaient peut-être exagérées.
Cependant, au dire des personnes les plus graves et les plus dignes
de foi, un vol avait été commis dans la tour du Louvre
: tout l'argent provenant de l'avant-dernière taille avait été dérobé par
le duc d'Orléans, et employé à ses dépenses
particulières. Une nouvelle taille ayant été la
conséquence forcée de ce larcin, elle avait été résolue,
criée et publiée au nom du duc et de la reine, qui
gouvernaient de concert, ou, pour mieux dire, de complicité.
On ajoutait que des charrettes chargées d'argent avaient été arrêtées à Metz
prêtes à franchir la frontière; qu'ainsi
le produit de cette dernière taxe, dérobé comme
l'autre, avait été livré à l'étranger.
Le bruit courait, enfin, qu'un philtre avait été versé dans
la coupe du roi Charles VI par la femme du duc d'Orléans,
et que ce breuvage avait affaibli la volonté du monarque et
détruit sa raison ; toutes ces choses se disaient, se répétaient,
s'accréditaient, et chacune de ces manifestations de la haine
vouée par le peuple au duc d'Orléans, allait réjouir
le cœur du duc de Bourgogne.
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