Ensuite
venait la salle des banquets qui occupait le premier étage
du pavillon d'angle de la place Lobau et du quai. Cette salle
communiquait avec les salons municipaux; le salon jaune, ainsi
nommé de la couleur de ses tentures, et dans la quelle
se trouvait une superbe pendule de Denière; le plafond était
peint sur stuc par Lachaize ; le salon des arcades, destiné aux
réceptions d'hiver avec trois plafonds peints par Picot,
Schopin et Vauchelet. Ce salon mesurait 23 mètres de
longueur et 13 de largeur, et le salon bleu. Ces salons
de réception étaient reliés à la
salle du Trône par la galerie de marbre décorée
de huit paysages de Hubert Robert et provenant de l'hôtel
Beaumarchais. La salle du Trône occupait tout le premier étage
du bâtiment central de la façade sur la place
de l'hôtel de ville. Cette salle mesurait 28 mètres
60 de longueur, 11 mètres de largeur et 7 mètres
80 de hauteur. On y admirait deux cheminées monumentales
du temps de Henri IV, avec leurs colonnes et leurs statues
de Biard et Bodin. La cheminée du côté nord était
surmontée de la célèbre horloge de Biard
(1608), l'autre, du buste de l'Impératrice Eugénie,
par Crauck; sur les portes, couvertes de bas reliefs, étaient
peintes les armes de la ville. Dans cette salle se trouvaient
avant 1789 un grand nombre de tableaux de maîtres de
l'École française notamment : Les échevins
aux pieds de Louis XIII, et la proclamation de la
majorité de
Louis XIV, tous deux de F. Porbus jeune. Louis XV
reçu à l'hôtel
de ville par Roslin Louis XV recevant les actions
de grâces
des échevins par Carle Vanloo ; des tableaux de
Rigaud, un grand portrait de Louis XIV, etc.; lors de la Révolution,
toutes ces œuvres d'art disparurent; on les remplaça
par quatre grands panneaux de Séchan, retraçant
l'histoire de Paris aux Ve, XIIe, XVIIe et XVIIIe siècles.
Entre la
salle du Trône et l'antichambre des salons
municipaux, étaient placés autrefois les appartements
du roi composés de la salle du zodiaque et d'un grand
salon. Dans la salle du zodiaque, revêtue eu dernier
lieu de panneaux de chêne et tapissée de damas
vert, Léon Cogniet avait peint les quatre saisons. Le
salon qui suivait fut, sous le second empire, appelé salon
du vote, en raison des peintures du plafond où Schopin
avait représenté les villes de France marchant
au scrutin.
Le rez-de-chaussée n'offrait rien de remarquable que
la grande salle Saint-Jean, dont l'entrée était
sur la place Lobau et où se faisaient les tirages
au sort des jeunes gens et ceux des loteries de la ville.
A l'une de ses extrémités était un vestibule
situé sous la salle des cariatides, où se trouvaient
deux escaliers monumentaux, à rampe droite, donnant
accès au premier étage et conduisant aux salles
des prévôts. La frise d'une de ces salles était
ornée des portraits de 56 prévôts
des marchands depuis Jean Morin (1524) jusqu'à Ch. Trudaine
(1716). Le plafond de Riésener, plate adulation, représentant la
ville de Paris ressaisissant au 2 décembre le sceptre
de la civilisation. Le second salon contenait les bustes
des premiers prévôts (de 1263 à 1523). Le
plafond de Ch. Muller représentait l'affranchissement
des communes par Louis le Gros |
Toutes
ces salles décorées avec une grande richesse
formaient un ensemble magnifique ; toutefois, il faut
croire que les services administratifs se trouvaient encore
trop à l'étroit à l'Hôtel de Ville,
puisqu'en face du palais, de l'autre côté de la
place, avenue Victoria, on éleva vers 1859 deux vastes
bâtiments qui, sous le nom d'annexes, renfermaient une
partie des bureaux de la mairie centrale réunie à la
préfecture de la Seine et les archives de l'État
civil de Paris.
En mai
1871 les membres de la commune de Paris, qui s'étaient
installés à l'Hôtel de Ville, le brûlèrent,
et il ne resta du superbe palais municipal que des pans de
murs noircis ; on lira à sa date le récit de
ce triste épisode de nos discordes civiles.
En 1873,
le gouvernement a mis au concours la reconstruction de l'Hôtel de ville. Soixante-six projets furent présentés,
parmi lesquels un jury constitué à cet effet,
a choisi celui de MM. Ballu et Deperthes. Le nouveau palais
s'élèvera sur l'emplacement de l'ancien qu'il
doit reproduire avec quelques modifications. Un plus grand
développement sera donné à la façade
et aux ailes qui auront une autre disposition.
La commission
spéciale des beaux-arts a décidé que
les statues décorant les niches seraient au nombre de
254, et que la décoration compterait, en outre,
141 bas-reliefs.
En principe,
ces statues seront celles de Parisiens ayant des titres absolus à la reconnaissance de leurs
concitoyens ou ayant par leurs travaux et leurs inventions
augmenté la fortune et fait progresser l'industrie de
la ville.
Voici les
personnages célèbres nés à Paris dont
les statues seront placées sur les façades.
L'ordre suivi dans cette énumération va
de gauche à droite et de l'étage supérieur
au rez-de-chaussée :
Façade
principale. — (Pavillon
de gauche.) Richelieu, Lesueur, Sauvai, d'Alembert, P.-L. Courrier,
Fagon, Bailly, Ledru-Rollin, Pigalle.
(Pavillon du centre.) Mansard, de Thou, Pasquier,
Le Nôtre,
Jean Goujon, Jean Brillant, P. de Montreuil, Ch. Dumoulin, Mathieu
Molé, Etienne Boileau, Michel Lallier, Guill. Budé,
P. de Viole, Fr. Miron, Trudaine, de Harlay, H. Estienne, Boccador,
P.Lescot, Germain Pilon.
(Rez-de-chaussée.) Lavoisier, Voltaire, Molière
et Turgot
(Pavillon de droite.) Rollin, Tourville, Cattinat, La Bruyère,
Hérold, David, Fourcroy, Michelet, Pache.
Façade
sur le quai. — (Pavillon de Gauche.) P. Charron,
Boucher, Ch. Lebrun, Béranger, Beaumarchais, M11e Mars,
Mme Roland, Mme de Sévigné, George Sand.
(Pavillon de droite.) Alex. Lenoir, Marivaux, La Rochefoucauld,
Mme Geoffrin, Eug. Delacroix, Alfred de Musset, Mme de Staël,
Mme de Lafayette.
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