Charles Quint, roi d'Espagne
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Charles V, par la grâce de Dieu, Empereur des romains, toujours auguste, roi d'Espagne, etc. mort en 1558, à l'âge de 58 ans Ce qu'en dit Wikipedia : Charles de Habsbourg, né le 24 février 1500 à Gand (comté de Flandre) et mort le 21 septembre 1558 au monastère de Yuste (Espagne), élu en 1520 empereur sous le nom de Charles V, couramment en français Charles Quint, fils de Philippe le Beau et de Jeanne la Folle, héritier par son père des possessions de la maison de Habsbourg (royaume de Hongrie, royaume de Bohême, archiduché d'Autriche, etc.) ainsi que des dix-sept provinces des Pays-Bas et de la Franche-Comté, par sa mère des royaumes de Castille et d'Aragon (sous le nom de Charles Ier) et de l'empire colonial espagnol, ainsi que du royaume de Naples (Charles II), est le monarque européen le plus puissant de la première moitié du XVIe siècle. Suite sur Wikipédia Gravure provenant d'un recueil de 88 gravures |
Charles Quint, roi d'Espagneet empereur gravure de Bosselman, extraite de la Biographie universelle de M. Weiss - 1841 (collection personnelle) |
Texte extrait de la Biographie universelle des hommes qui se sont fait un nom de F.X. Feller. - 1860
CHARLES-QUINT, archiduc d’Autriche, fils aîné de Philippe et de Jeanne de Castille, né à Gand le 24 février 1500, roi d’Espagne en 1516, fut élu empereur en 1519. François 1er, roi de France, lui disputa l’empire par ses intrigues et son argent. Charles, dont la jeunesse donnait moins d’ombrage aux électeurs que le caractère inquiet de son rival, l’emporta sur lui. Cette rivalité alluma la guerre entre la France et l’empire en 1521. L’Italie en fut principalement le théâtre. Elle avait commencé en Espagne, elle fut bientôt dans le Milanais. Charles-Quint s’en empara, et en chassa Lautrec. Il ne resta à François Ier que Crémone et Lodi ; et Gênes, qui tenait encore pour les Français, leur fut bientôt enlevé par les impériaux. Charles, ligué avec Henri VIII, roi d’Angleterre, eut l’avantage de s’attacher un général habile, que l’imprudence de François Ier avait trop peu ménagé.
L’indifférence de Charles, ou, si l’on veut, une modération qui peut paraître excessive, le priva des fruits d’une si grande victoire. Au lieu d’attaquer la France immédiatement après la bataille de Pavie, il se contenta de faire signer à François Ier un traité que celui-ci n’eut garde de tenir : il se ligua même contre son vainqueur avec Clément VII, le roi d’Angleterre, les Florentins, les Vénitiens et les Suisses. Bourbon marche contre Rome, et y est tué ; mais le prince d’Orange prend sa place : Rome est pillée et saccagée. Le Pape, réfugié au château Saint-Ange, est fait prisonnier. Charles eut horreur des excès commis dans cette occasion, indiqua des prières publiques et envoya des ordres exprès pour l’élargissement du Pape. Un traité conclu à Cambrai, appelé le Traité des Dames (entre Marguerite de Savoie, tante de Charles-Quint, et Louise de Savoie, mère de François), concilia ces deux monarques. Charles s’accommoda aussi avec les Vénitiens, et donna la paix à Sforce et à ses autres ennemis. Tranquille en Europe en 1535, il passe en Afrique avec une armée de plus de cinquante mille hommes, et commence les opérations par le siège de la Goulette. L’expérience lui ayant appris que les succès suivent la vigilance, il visitait souvent son camp. Comme il pouvait être, à toute heure, dans le cas de donner ou de recevoir bataille, il marchait toujours en avant au milieu des enfants perdus. Le marquis de Guast est obligé de lui dire : « Comme général, je vous ordonne de vous placer au centre de l’armée, et avec les enseignes. » Charles, pour ne pas affaiblir la discipline militaire qu’il avait établie, obéit sans murmurer. La paix de Cambrai, en pacifiant la France et l’Espagne, n’avait pas rapproché le cœur des rois. Charles-Quint entre en Provence avec cinquante mille hommes, s’avance jusqu’à Marseille, met le siège devant Arles, et fait ravager en même temps la Champagne et la Picardie. Contraint de se retirer, après avoir perdu une partie de son armée, il pense à la paix. On conclut une trêve de dix années à Nice en 1538. L’année suivante, Charles demande à François le passage par la France, pour aller punir les Gantois révoltés. Il l’obtient : François va au-devant de lui, et Charles s’arrête à Paris sans rien craindre. Un cavalier espagnol lui ayant dit que, si les Français ne le retenaient prisonnier, ils seraient bien faibles ou bien aveugles : « Ils sont l’un et l’autre, lui répondit l’empereur, et c’est sur cela que je me fie. » La guerre se ralluma en 1542. Henri VIII se joignit à Charles contre la France, qui, malgré la bataille de Cérisoles, se trouva dans le plus grand danger. La paix fut conclue à Crépi en 1545. Quelques années auparavant, Charles avait passé en Afrique pour conquérir Alger, et en était revenu sans gloire. Charles-Quint fut aussi occupé des troubles causés par Luther que de ses guerres contre la France. Il opposa d’abord des édits à la confession d’Augsbourg, et à la ligue offensive et défensive de Smalkalde. Mais ni la victoire signalée qu’il remporta à Mulberg sur l’armée des confédérés en 1547, ni la détention de l’électeur de Saxe et du landgrave de Hesse, ne purent contenir les protestants, toujours soutenus par la France et par les Turcs qui, par de puissantes diversions, obligèrent l’empereur à user d’indulgence. Charles-Quint ne fut pas plus heureux devant Metz, défendu par le duc de Guise. Il fut obligé d’en lever le siège. Des écrivains superficiels et passionnés ont accusé Charles de s’être vengé l’année suivante, du mauvais succès de cette expédition, sur la ville de Térouane qu’il fit démolir, tandis que l’on sait, à n’en pouvoir douter, que cette démolition ne fut accordée qu’aux vives instances des États de Flandre.
La guerre durait toujours sur les frontières de la France et de l’Italie avec des succès balancés. Charles-Quint, vieilli par les maladies et les fatigues, et détrompé des illusions humaines, résolut d’exécuter un projet formé depuis longtemps et mûri dans le calme de la réflexion. Il fait élire roi des Romains son frère Ferdinand, et lui cède l’empire le 7 septembre 1556 (cession qui ne fut reconnue par les princes allemands qu’en 1558), après s’être démis auparavant de la couronne d'Espagne en faveur de Philippe son fils, en présence de Maximilien, roi de Bohême, de la reine son épouse, des reines douairières de France et de Hongrie, du duc de Savoie, du duc de Brunswick, du prince d’Orange, des grands d’Espagne, et de la principale noblesse d’Italie, des Pays- Bas, de l’Allemagne, et des ambassadeurs de toutes les puissances de l’Europe. Ce grand prince rendit compte de ce qu’il avait fait pour mériter sa retraite qu’il regardait comme une récompense de ses travaux : et prenant son fils entre ses bras, il le plaça lui-même sur le trône. Spectacle sublime, intéressant, attendrissant, qui tira des larmes de cette auguste assemblée. Il dit à son fils en le quittant : « Vous ne pouvez me payer de ma tendresse qu’en travaillant au bonheur de vos sujets. Puissiez-vous voir des enfants qui vous engagent à faire un jour pour l’un d'eux, ce que je fais aujourd’hui pour vous ! » Si Charles s’était repenti d’avoir quitté la puissance souveraine, il se serait occupé de tous les événements politiques, il eût entretenu des liaisons avec les courtisans, il eût formé des intrigues pour troubler l’Etat, ou le gouverner encore de sa retraite. « Il partit pour Saint-Just, dit l’abbé Raynal, y vécut obscur et n'en sortit jamais. » Charles-Quint ne voulait être ni loué, ni blâmé. Il appelait ses historiens, Paul Jove et Sleidan, ses menteurs, parce que le premier avait dit trop de bien de lui, et l’autre trop de mal. Ses Instructions à Philippe II ont été traduites en français par Antoine Tessier, La Haye, 1700, in-12. Les rois d’Espagne n’ont porté le titre de Majesté que depuis l’avènement de Charles-Quint à l’empire. Leti a écrit sa Vie en italien, qu’on a traduite en français en 4 vol. in-12 ; mais on préfère l’Histoire du même prince, écrite en anglais par Robertson, et traduite en français par M. Suard, Paris, 1771, 2 volumes in-4, et 6 volumes in-12. Elle est écrite avec autant de vérité qu'on peut en attendre d’un protestant et d’un philosophe du 18ème siècle, qui écrit l'histoire d’un prince catholique et pieux. Pour bien juger du caractère et des actions de Charles-Quint, il ne faut point s’en tenir aux protestants qui le regardent comme leur premier ennemi, ni aux Espagnols qui en ont fait un homme surnaturel, ni aux Français qui, humiliés par les défaites et la prison de François Ier, ont cru devoir rabaisser, autant qu’il leur était possible la gloire de son vainqueur. Les nations neutres, qui dans ce temps n’ont eu aucun démêlé ni aucune alliance avec l’Autriche, nous fournissent des appréciateurs moins suspects.
Parmi les écrivains français, il s'est trouvé des hommes distingués, qui, se mettant au-dessus de la faiblesse des préjugés et des injustices nationales, ont parlé de Charles-Quint comme d’un des plus grands princes et des plus grands hommes dont l'histoire nous ait transmis le souvenir.
Voltaire, après avoir démontré par des faits que Charles n’a jamais eu l’ambition que quelques écrivains lui attribuent, et après avoir fait observer qu’il distribuait des États que rien ne l’empêchait de garder pour lui-même, renverse l’opinion qui attache le repentir à la retraite de ce prince dans le monastère de Saint-Just.
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