Gravure (de Léopold Massard) et texte extrait de l'ouvrage 'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1835
Le bourreau : On rapporte à l’année 1260 ou 1261, sous saint Louis, l’origine du nom de bourreau, que portent les exécuteurs de la haute-justice. Ils le doivent, dit-on, à un clerc nommé Richard Borel, qui possédait le fief de Bellecombre, à la charge de pendre les voleurs du canton.
Sa qualité d’ecclésiastique le dispensait sans doute de les exécuter de sa propre main ; mais il fallait qu’il les fît exécuter par la main d’autrui. Il prétendait que le roi lui devait les vivres tous les jours de l’année en conséquence de cette charge.
L’origine de ce nom, rapportée par Villaret, n’est qu’une conjecture ; et en effet, après saint Louis, c’est-à-dire en 1323, Chorier remarque que dans le jugement de l’empoisonneur du baron de Menillon, les deux exécuteurs sont simplement appelés commissaires et spiculateurs ; ce qui apprend, ajoute Chorier que le mot bourreau n’était pas encore en usage, et que l’exécution des jugements de mort ne notait pas d’infamie : les noms de commissaires et de spiculateurs ne peuvent facilement devenir susceptibles de sens honteux et injurieux.
Chez les Israélites, tout le peuple ou les parents de l’homme tué, ou quelques autres personnages semblables, suivant les différents cas, exécutaient les sentences de mort : on se faisait un honneur de ces exécutions, qui n’avaient alors rien d’infamant. Chez les Romains, les bourreaux étaient à peu près regardés comme ils l’ont été de tous les temps en France : la loi des censeurs les privait de domicile. Chez les Grecs, cet office n’était point méprisé, puisqu'Aristote met le bourreau au nombre des magistrats. Il paraît que du temps des factions des Armagnacs et des Bourguignons, le bourreau jouissait de quelque considération ; car en 1418, lorsque la reine de France, exilée à Tours, se fut rapprochée du duc de Bourgogne et qu’elle revint avec lui à Paris, où son entrée ressembla à un triomphe, ce duc affecta des manières si populaires qu’il souffrit que le bourreau lui donnât une poignée de mains, en qualité de capitaine d’une milice bourgeoise, composée de la plus vile populace et toute dévouée à la faction bourguignonne.
Les uns font dériver le nom de bourreau du mot bourrea, qui signifie un petit fagot de fort menu bois, parce que les verges furent les premiers instruments dont se servirent les bourreaux ; les autres de burrus (roux), parce qu’en plusieurs lieux les bourreaux devaient être habillés de rouge et de jaune. Le costume de la figure ci-dessus, tirée d’un manuscrit de la bibliothèque du roi, est comme nous venons de le dire.
Ailleurs on le fait venir du mot grec Copos (carnassier). Quelques-uns veulent que ce soit un mot celtique ou ancien gaulois ; les bas-bretons se servent de ce mot sans rien y changer. Louet le dérive de bojereau, qui est un diminutif de boye. Autrefois on appelait un bourreau boye ; les Italiens l’appellent encore boya. Enfin Guichard dit que de l’italien birro, qui signifie en latin lictor, on a fait en français bourreau.
Il est parlé dans l’ancienne coutume manuscrite de Normandie, de sergents d’épée, qui étaient chargés des exécutions criminelles et uniquement établis pour justicier les malfaiteurs, les gens diffamés de crimes, avec le glaive de l’épée et autres armes. Ducange, au mot serviens.
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