Gravure (de Léopold Massard ) et texte extrait de l'ouvrage 'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1835
Les templiers, appelés aussi les Chevaliers du Temple, furent institués au commencement du XIIe siècle par des croisés français, dans le but de protéger les pèlerins et de leur rendre facile l’accès des saints lieux. Les premiers membres de cette association religieuse et militaire, au nombre de neuf, se lièrent par un vœu solennel, qu’ils prononcèrent en présence du patriarche de Jérusalem ; et Baudoin II leur donna pour résidence dans cette ville une maison située près du temple : c’est de là que les nouveaux religieux prirent le nom sous lequel ils ne tardèrent pas à se rendre fameux par leurs exploits.
Accru promptement par la ferveur des fidèles, l’ordre des Templiers, qui ne se soutenaient d’abord qu’à l’aide d’aumônes, finit par acquérir d’immenses richesses, et il est naturel de penser qu’en perdant leur pauvreté, ils se dépouillèrent aussi des vertus chrétiennes qui réprouvent le luxe et la mollesse. Cependant la reconnaissance des papes, des rois et des peuples s’était complue à accroître le lustre qu’avait acquis l’ordre des Templiers, notamment par sa défense héroïque dans Ptolémaïs, lors du siège de cette ville par les Sarrasins. Mais son importance souleva parmi d’autres ordres militaires et religieux une rivalité qui se changea bientôt en une haine implacable. Déjà sa destruction était résolue, lorsqu’en 1307, deux d’entre les chevaliers qui avaient suivi en France le grand-maître de l’ordre, Jacques de Molai, furent condamnés par celui-ci comme accusés d’hérésie et convaincus de plusieurs forfaits, à finir leurs jours dans les cachots. Ces deux hommes dégradés, poussés par le désir de la vengeance et aussi dans l’espoir de recouvrer leur liberté, firent informer le surintendant des finances, Enguerrand de Marigny, qu’ils avaient à lui faire des révélations dont le roi pourrait tirer plus d’utilité que de la conquête d’un royaume. Dans l’état de délabrement où se trouvaient les finances de l’état, on n’attendait qu’un prétexte spécieux pour dépouiller les chevaliers du Temple de leurs richesses, devenues scandaleuses, vu la détresse où la France se trouvait alors réduite.
Le ministre de Philippe-Auguste saisit l’occasion qui lui était offerte. On entendit les dépositions des deux misérables chevaliers, qui firent un détail affreux des infamies commises, suivant eux, dans leur ordre et dont ils confessaient avoir été les témoins ou les complices. C’est sur un pareil témoignage que, le 13 octobre de la même année, on fit arrêter à la fois tous les Templiers qui se trouvaient en France. Guillaume de Nogaret et le dominicain Imbert, confesseur du roi et revêtu par le pape du titre d’inquisiteur, furent chargés de la poursuite de cette misérable affaire, et ne mirent que trop de zèle à seconder les vues du monarque et du pontife d’Avignon (Clément V). Tout fut mis en œuvre pour obtenir contre eux des témoignages accusateurs, tortures, promesses de grâces et de récompenses à ceux des prévenus qui s’avoueraient coupables, violences atroces envers ceux que ne pouvaient ébranler l'appât de l’or ni les horreurs d’un bûcher. C’est ainsi qu’on arracha au plus grand nombre l’aveu de quelques crimes honteux dont ils étaient accusés, et qui offensaient à la fois la nature, la religion et les mœurs.
Trente-six de ces malheureux périrent dans les tortures. Le 12 mai au matin, cinquante-quatre chevaliers furent livrés aux flammes. Les historiens ont attesté unanimement l’intrépidité de ces nobles victimes jusqu’à la mort. D’autres exécutions eurent lieu en France.
Dans les pays étrangers, les Templiers, malgré les poursuites du pape et de Philippe-le-Bel, résistèrent avec succès, parce qu’on n’employa pas contre eux les terribles moyens dont on avait fait usage en France. Le 13 octobre 1311, le pape publia le décret d’abolition de l’ordre du Temple par voie de provision.
Cependant Jacques de Molai était encore en prison à Paris. Il avait toujours réclamé son jugement que le pape s’était réservé en personne. Trois commissaires furent nommés par ce dernier pour juger le grand-maître, ainsi que trois autres chefs de l’ordre. Après une longue procédure les accusés, placés sur un échafaud dressé dans le parvis de l’église Notre-Dame, venaient d’entendre la lecture d’une sentence qui les condamnait à une réclusion perpétuelle, lorsque Molai, rendant hommage à l’innocence de l’ordre, déclara qu’il aimait mieux renoncer à la vie que de faire des aveux mensongers qui terniraient la gloire de cette institution respectable. L’un des trois chevaliers parla dans le même sens. Le conseil du roi assemblé à l’instant condamna Molai et son compagnon à mort, sans réformer la sentence des commissaires du pape et sans faire prononcer aucun tribunal ecclésiastique. Le bûcher fut dressé à l’endroit même où est aujourd’hui la statue d’Henri IV, et les deux victimes y furent brûlées à petit feu le 18 mars 1314. Jusqu'au dernier soupir, ils protestèrent de leur innocence et de celle de l’ordre. Quelques historiens ont rapporté que le grand-maître, avant de mourir, avait cité le pape Clément V et le roi au tribunal de Dieu : « Si ces sortes de traditions, a dit un écrivain, ne sont pas toujours véritables, elles permettent du moins de croire que l’opinion publique qui les accueillit, jugeait que les condamnés étaient innocents. »
Les Templiers portaient un habit et un manteau blanc, selon tous les historiens que nous avons consultés ; ils le portèrent d’abord sans croix (ci-dessus), puis ils y ajoutèrent une croix rouge (planche du haut). Les statuts de cet ordre nous apprennent qu’il n’y avait que les chevaliers qui portassent le manteau blanc, qui était la marque qui les distinguait des autres membres de cette nombreuse société. En temps de guerre, ils étaient cuirassés et portaient par-dessus une robe blanche avec un manteau (ci-dessous). Leur coiffure était une espèce de petite capuce (ci-dessus). Les écuyers, frères servants ou domestiques (clientes) ne portaient que des manteaux noirs ; et « s’ils n’en trouvent point de noirs, disent les mêmes statuts, ils les doivent porter de l’étoffe qui se trouvera dans le pays où ils sont, mais de couleur commune. »
Quelques auteurs croient que le pape Eugène III, en 1146, leur ordonna de porter une croix rouge sur leurs manteaux, d’autres disent sur leur poitrine, mais aucun ne désigne la forme positive de cette croix.
Le guerrier (ci-dessous) porte un casque garni d’un gorgerin de mailles, et de plus, il y a au menton un morceau de cuir garni d’acier qui se relevait sur le front, s’y accrochait, et servait à garantir le nez. Cette partie du casque se nommait Nasale. On trouve de fréquentes répétitions de ce casque dans les monuments de sculpture et de peinture des XIIIe et XIVe siècles. Ce militaire diffère de ceux que nous avons déjà donnés, en ce qu’il porte un manteau.
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