in La Normandie illustrée, publiée par Charpentier père en 1852
.../... Le bonnet Normand (texte d'Amélie Bosquet)
Le bonnet de Granville semble, au premier aspect, une exception parmi les bonnets normands ; cependant on y retrouve les mêmes éléments constitutifs. Toute son originalité consiste dans l’arrangement des barbes : il faut d’abord se représenter ce bonnet collant à la tête ; on couche les deux barbes l’une sur l’autre au lieu de les entrecroiser, puis on les ramène du côté opposé où elles restent flottantes. Les plis qu’elles forment des deux côtés découvrent les oreilles ; mais cette coiffure ne demeure point aplatie sur le front, comme elle est posée d’abord ; on y chiffonne, au milieu, avec les doigts, deux espèces de petites cornes si provocantes, qu’il semble que tout l'art et la séduction de Satan s’y soient nichés.
Ce bonnet n’est pas toute la beauté des Granvillaises, comme voudraient le persuader quelques jalouses des autres localités ; mais il est vrai qu’il ajoute à cette beauté une grâce coquette, une agaçante originalité qui distinguent, entre toutes, la femme qui le porte ; au reste, il semble avoir été combiné pour se placer sous le capot, vêtement qui est encore un des avantages de ces femmes privilégiées. Le capot est une espèce de manteau de drap noir doublé de flanelle ou de satin blanc et surmonté autour du cou d’un collet ; en développant ce large collet, dont on rapproche les extrémités sous le menton, on en forme une sorte de capuchon, maintenu autour de la tête par la raideur de la doublure. Le capot a pour objet de suppléer au parapluie, dont on ne peut faire usage dans une ville en partie assise sur un promontoire de rochers, exposé à tous les vents de l’Océan. L’usage du capot, a donné aux femmes de Granville l’habitude de se draper avec art ; aussi, lorsqu’elles portent le châle, elles en font un vêtement nouveau, tantôt le serrant autour du corps, tantôt le laissant flotter sur les épaules ou le ramenant sur les bras avec toutes sortes de grâces négligées ou majestueuses que les Parisiennes elles-mêmes auraient avantage à étudier.
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Belle bourgeoise de Granville cheminant sans un regard pour le
'va nu-pied' quémandant une aumône.
Le texte ci-dessus d'Amélie Bosquet décrit largement l'accoutrement de cette dame de Granville. Ce qu'il ne dit pas est la pauvreté qui devait régné à cette époque, le jeune garçon marchant pied-nu alors que la femme est couverte de son grand manteau contre le froid et la pluie..
Comme souvent de nos jours, c'est un chapeau qui sert à mendier. Mais c'est un chapeau traditionnel d'homme normand avec son ruban.