Transcription du texte de la page du titre de l'ouvrage
TABLEAUX
Historiques
où sont gravez
LES ILLUSTRES FRANÇOIS et Estrangers
De l'un et de l'autre sexe
REMARQUABLES
Par leur naissance et leur fortune, Doctrine, Piété, Charges et emplois.
AVEC
Les Eloges sommaires contenans leurs noms et leurs qualitez, leurs Pères et leurs mères, leurs aages, leurs mariages, les plus belles actions de leur vie et leurs Armes Blasonnées.
Recherchez dans leurs Cabinets et dans leur plus véritables mémoires
PAR
Pierre Daret Graveur ordinaire du Roy et Louis Boissevin
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Ce vendent à Paris chez Louis Boissevin rue St Jacques proche St Sevrin à l'image Ste Geneviève. Tous les Curieux qui souhaiteront faire graver des Portraits de quelques Illustres tant anciens que modernes s'adresseront ou envoiront les Portraits et mémoires chez ledict Boissevin.
Les commentaires liés à chaque personnage ont été retranscris au mieux, en conservant en partie l'orthographe de l'époque. Pour une meilleure compréhension, la plupart des accents, très peu présents, ont été rajoutés. Par contre la ponctuation d'origine est très difficile à interpréter, et a été ajustée en essayant de suivre la logique des portions de phrases...
Voir plus bas des explications complémentaires sur les retranscriptions.
Pierre Daret travaillait à partir de portrait/dessin ou peinture fait par un tiers, qu'on lui confiait (lire plus bas ses propres commentaires).
A partir de l'exemple ci-dessous, on peut s'apercevoir que par moment il reprenait une gravure existante en la modifiant légèrement (ou alors ces 2 dames se ressemblaient réellement, avec le même genre d'habit, de coiffure et de collier...). Pour une meilleure comparaison la gravure d'Elizabeth de Vendôme a été retournée en miroir...
Elizabeth de Vendôme |
Anne Geneviève de Bourbon |
|
Elizabeth de Vendôme
(retournée) |
Ci-dessous un exemple de copie ou concurrence entre graveurs et ou peintres. La reproduction de la gravure publiée sur Wikipedia est signée "Beaubrun peintre". Après recherche, à partir de la 2ème page de cette adresse ( culture-gouv...) on tombe sur la même reproduction issue de la BNF mais qui est signalée à la fois comme portrait de Geneviève de Bourbon et comme celui d'Anne Marie Martizzoni...
Quoiqu'il en soit on peut penser que Pierre Daret s'est inspiré d'un portrait du peintre Beaubrun qui aurait lui-même par ailleurs fait effectuer une gravure de sa peinture, ou... ou... ???
Anne Marie Martizzoni
par Daret |
La même, retournée,
sur Wikipedia |
|
l'original de Wikipedia,
Beaubrun Peintre... |
Brèves biographies de Pierre Daret:
Peintre et graveur de talent du dix-septième siècle, Pierre Daret a d'abord étudié à Paris puis a complété sa formation à Rome. Il a commencé et terminé sa carrière comme peintre de portraits. La majeure partie de sa vie, cependant, a été consacrée à la gravure. Son œuvre dans cette matière se compose de plus de quatre cents plaques, principalement des portraits. Son succès dans ce domaine a été considérable: il a été chargé notamment de graver les portraits du roi d'Angleterre, de la famille royale de la Pologne, du Pape...
Pendant les années 1660, Pierre Daret a vécu et travaillé en Italie à plusieurs reprises.
Pierre
Daret a été reçu à l'Académie royale française comme un membre à part entière en 1663.
Ce qu'en dit François-Xavier de Ferrer (biographie universelle 1860)
Daret (Pierre),
graveur au burin, né à Pontoise en 1610, séjourna longtemps à Rome, et grava, à son retour, avec Boissevin, un nombre fort considérable de portraits des personnages illustres du 16e siècle et du commencement du 17e, qu'il publia sous le titre de : Tableaux historiques, in-4, 1652-1656. Il grava aussi une suite d'estampes pour l'ouvrage intitulé : La doctrine des mœurs, et écrivit une Vie de Raphaël, traduite de l'italien, où l'on traite de l'origine de la gravure en taille-douce, Paris, 1651, in-12, réimprimée à Lyon en 1707, avec des augmentations, sous ce titre: Recherches curieuses sur les dessins de Raphaël, où il est parlé de plusieurs peintres italiens. Daret est mort à Dax en 1675.
A lire aussi l'article très documenté sur Pierre Daret (en milieu de page) édité par Canalblog
A noter que les diverses sources font référence à une édition des "Tableaux Historiques" contenant une centaine de portraits gravées entre 1652 et 1656. Cependant, l'ouvrage ici présenté (même titre et aussi en in-4), sans date d'édition, contient plus de 155 gravures exécutées entre 1651 et 1659 (mais nombre d'entre elles ne sont pas datées). Il semblerait donc qu'il s'agisse d'une seconde édition plus complète... (L'ouvrage contient aussi une dizaine de personnages historiques grecs ou romains qui n'ont pas été repris ici).
Chaque fois que possible je renvoie le lecteur à l'article correspondant de Wikipedia. Cependant certains des personnages présentés sont quelquefois inconnus de l'encyclopédie libre, et même (rarement) n'existe pratiquement sous aucun article web, ou encore dans les dictionnaires ou encyclopédies, générales, biographiques ou historiques, de 1700 à nos jours que je possède (soit une dizaine... ).
Les autres pages de présentation de l'ouvrage
METANT Au jour les Tableaux Historiques avec leurs Armes et Blasons j'ay pensé qu'il estoit nécessaire de descouvrir ce dernier à ceux qui l'ignorent par ces différents Écussons figurez sur ce Bouclier, ou les Métaux et les Couleurs sont représentées avec leur hacheures, des points et le blanc du papier. Il faut icy remarquer que l'on n'applique point métal sur métal sans fausseté au Blason, ny couleur sur couleur, il faut mettre couleur sur métal, ou métal sur couleur, comme serait or sur azur, ou gueules sur argent, et des autres métaux et couleurs de mesme à l'exeption des Armes de Hiérusalem, qui portent métal sur métal sans fausseté. Je scay bien que plusieurs vouldront scavoir pourquoy j'ay obmis les colliers des Ordres aux armes de ceux qui sont Chevaliers, c'est à cause de leur petitesse, qu'ils y sont qualifiez et que je mareste plus aux Armes des familles qu'à leurs ornements extérieurs : conservant mon espace pour estendre les Eloges dans leur racourcy.
A Paris chez Daret avec privilège du Roy 1652
Couronne de Pape, d'Empereur, d'Electeur
Couronne de Cardinal, Evesque, Doge de Venise
Couronne de Prince, Roy, Duc
Couronne de Marquis, Baron, Conte
1ère page de l'envoi à Madame la Duchesse de Chevreuse
AU LECTEUR
Il y a environ dix ans que je commencay les tableaux historiques en plus grand volume que ceux que je vous offre aujourd'huy, et que la jalousie de quelques envieux m'ont fait discontinuer par la distribution qu'ils ont faicte au public d'une confusion de portraits si extraordinaire qu'elle n'est pas tollérable ; y admettans toutes sortes de personnes indiféremment, copiant tout ce qu'ils trouvent gravé, et mesme des miens que j'ay recherchez dans les cabinets des curieux. Cependant la perte notable qu'ils m'ont causée, en me rendans 20 planches inutiles ma fait résoudre à les recommencer de nouveau estimant que le public agréra mes soins par la curieuse recherche que j'en faits, n'ayant pas moins de peine à recouvrer les portraits bien ressemblans que leur véritables mémoires ; bien que ce soit à la gloire de ceux qu'ils représentent : et ceux qui les ont en garde, rendant une grande injustice à leur vertu en les privant de cette gratitude. Aussi est ce le subjet qui m'a empesché de suivre l'ordre que j'en avois conceu, de commencer par les anciens pour achever par les modernes. L'on peut dire en cet endroit que l'histoire emporte l'advantage par dessus la Graveure, qu'elle se produit aysément, et qu'avec un simple mémoire elle peut montrer tout ce que la grandeur d'ame de ses Héros peut renfermer, ou celle cy ne sauroit buriner les traits d'un beau visage, qu'elle n'ayt pour objet la présence de l'original mesme ou du moins une exacte copie. Cependant, les censeurs ignorants cette vérité, tranchent le mot, voila (disent ils) qui ne vaut rien, ce portrait ne ressemble pas, il n'a pas la barbe à la mode, celle là n'est pas si belle, enfin ils n'en exempte pas un de quelque coup de dent. Ils passent plus doucement par dessus les mémoires parce qu'ils ne jugent pas combien ils sont plus aisez à produire que les portraits. Je les prie néantmoints de remarquer en passant l'impossibilité qu'il y a de les pouvoirs tous graver dans leur dernier aage, parce qu'ils n'y ont pas tous esté peints. C'est assez ce me semble de les avoir comme ils ont esté pour juger de leur Phisionomie, qui est l'une des causes principales qui les font désirer ; aussi les grands hommes ne devroient pas se laisser peindre que par les sçavants Peintres, qui seuls sçavent observer tout ce que la nature a de plus caché dans leur visages, affin d'en donner la cognoissance entière à l'estude des Phisionomistes. Quelques uns des plus sévères me diront qu'ils sont contents d'avoir produit leurs belles actions, sans les faire publier par la bouche de la Renommée ; mais il me permetttront de répondre à leur modestie qu'il est nécessaire qu'elles le soient pour l'exemple et pour l'imitation. C'est pourquoy je prie ceux qui en auront des lumières de m'en faire part pour l'augmentaon de leur gloire, et l'interest du public ; je recevray volontiers ce secours de leur courtoisie pour la perfection de mon entreprise, le soin de la graveure me fournissant assez d'occupation. Advertissant que si l'on me fournit de meilleurs originaux que ceux qui m'ont esté donnez pour ces premiers, j'offre de les regraver, laissant au jugement de la ressemblance, des hommes que je n'ay pas vûs, à ceux qui les ont bien cognus. Mais ne condempnez pas si absolument leurs défauts, que vous n'ayez considéré par la despence de la quantité que je m'engage de faire ; que je me suis hasté de les mettre au jour, que pour vous inviter à m'en préparer d'autres, toutefois, si je n'entretiens assez vostre curiosité agréez le désir que j'en ay.
Commentaire du transcripteur-rédacteur : il faut prendre en compte que dans les années 1650 les procédés de reproduction par la photographie n'existaient pas et que les seuls représentations du réel passaient par la peinture ou le dessin, en pièces uniques et conservées dans les châteaux et autres demeures de puissants. Toute diffusion en nombre passait par le biais de l'imprimerie et donc, pour tout ce qui n'était pas l'écrit, par la gravure. Il faut donc avoir en tête cette spécificité de l'époque pour comprendre les remarques de Pierre Daret à propos des peintres. Ses seules sources étaient donc soit des peintures, soit des dessins, mais jamais semble-t-il à partir des modèles eux-mêmes.
En ce qui concerne les transcriptions, j'ai respecté autant que possible l'orthographe de l'époque (exemple : enfans pour enfants). J'ai cependant ajouté tous les accents pour "à", "où", inexistants, et la plupart des "é" ou "è" tout en conservant certaines des particularités telles : "degrez". Une autre exception concerne les "ç", que j'ai rajouté, souvent inconnus alors, bien qu'il faille supposer que les "francois" se prononçaient "fransois".
J'ai conservé aussi (à tort ou à raison...) l'orthographe d'origine des noms propres (exemple : Hierusalem pour Jérusalem).
A noter que de temps en temps les lieux et dates de naissance sont restés en blanc. Je les ai laissé tel que afin de ne pas dénaturer le texte d'origine (avec éventuellement la précision entre parenthèse). Par ailleurs, par manque de place dans les textes d'origines, de nombreux termes sont abrégés, avec de temps en temps de la difficulté pour les interpréter (Gnaûx pour Généraux...).
... Les très nombreuse majuscules sont celles des manuscrits.
... L'autre difficulté a été de deviner où placer les ponctuations, bien souvent manquantes, ce qui rend les textes originaux souvent difficilement compréhensibles.
Tous les commentaires sont sous forme de panégyriques. Il ne faut donc pas penser trouver dans ces textes des vues d'historien. Cependant ils ont ceci d'intéressant qu'il donne bien un regard de contemporain. Ainsi tout ce qui tient de la royauté, des seigneurs et de l'Eglise, de la guerre... ne peut être remis en cause ; seul le Cardinal de Richelieu est régulièrement légèrement critiqué pour ces actions contre les seigneurs...
Toutes les gravures des personnages présentés sur cette page sont extraites d'un même ouvrage de Pierre Daret, exemplaire m'appartenant, et publié sans doute vers 1660.