Basin : Étoffe croisée, qui doit être fabriquée toute de fil de coton, tant en chaîne, qu’en trame.
Il se fait des Basins de différentes qualités et façons : de larges, d’étroits, de fins, de moyens, de gros, d’unis avec du poil d’un côté ; d’autres à petites rayes imperceptibles sans poil ; et d’autres à grandes rayes, ou barrés, aussi sans poil. Il y en a quelques-uns, dans lesquels l’on fait entrer du fil de chanvre, ou de lin, et quelquefois du fil d’étoupe ; mais ces sortes de matières sont défendues par les Règlements, en ce qui concerne la manufacture des Basins.
L’on fabrique beaucoup de Basins en France, particulièrement à Troyes, à Rouen, et à Lyon, où d’abord la fabrique en fut établie vers l'an 1580.
Les Basins de Troyes sont les plus estimés. Il s’en consomme quantité dans le Royaume ; et il s’en fait de grands envois dans les Pays Étrangers.
Cette Manufacture, qui sert de mode à toutes les autres de semblable espèce, a été jugée si considérable, qu’elle a donné lieu au Règlement du mois de Janvier 1701, qui a été fait expressément pour elle.
Il est porté par ce Règlement, que les Basins, ou Bombasins larges, soit unis, soit à petites rayes, ou à grandes rayes, auront demie-aune et un pouce de large en peigne, de sur le métier : Qu’ils seront composés de vingt-quatre portées de quarante fils chacune ; et que la pièce aura vingt- quatre aunes de longueur.
Que ceux à petites rayes auront cent soixante rayes dans l’étendue de leur largeur.
Que les Basins à trente-six barres auront demie-aune moins un pouce de large en peigne, de sur le métier ; et seront composés de vingt-deux portées de quarante fils chacune. Que la pièce contiendra vingt-quatre aunes de long : Qu’ils auront effectivement trente-six barres également compassées dans leur largeur ; et que chaque barre aura trois rayes.
Que les Basins étroits, unis, ou à petites rayes, ou à vingt-cinq barres, seront de demie-aune moins un vingt-quatrième de large en peigne, de sur le métier : Que la pièce contiendra vingt- deux aunes : Et qu’ils seront composés ; savoir, les unis, de vingt portées ; ceux à petites rayes, de cent quarante rayes ; de ceux à vingt-cinq barres, chaque barre de trois rayes.
Que les Basins à la mode, ou de la nouvelle façon, ne se pourront faire que d’une demie- aune un pouce de large, et de vingt-quatre aunes de long, ainsi que les Basins larges ; ou de demie- aune moins un vingt-quatrième de large, et de vingt-deux aunes de long, ainsi que les Basins étroits : Et qu’ils seront composés d’un nombre de portées, ou de rayes convenables à la largeur qui leur sera donnée : Que le nombre des portées de des fils en sera augmenté, à proportion de leur degré de finesse, de de leurs différentes qualités, afin qu’ils puissent se trouver de l’une des largeurs ci-devant marquées.
Que les chaînes des Basins seront montées de fils de coton, filés d’un égal degré de finesse ; de qu’elles seront également serrées, tant du côté des lisières, que dans le milieu, d’un bout de la pièce à l’autre.
Que tous les Basins seront fabriqués de pur coton, sans aucun mélange d’étoupe, ou de fil de chanvre, ou de lin : Que les barres de les rayes seront de fil de coton retors ; de les pièces suffisamment remplies de trame, et frappées sur le métier, afin de soutenir et conserver leur largeur.
Par ce même Règlement il est encore porté, que les lames et rots, dont les Maîtres Tisserands, et leurs Ouvriers, se serviront pour faire les Basins, seront également compensés ; en sorte que les dents des peignes ne soient pas plus larges au milieu qu’aux deux extrémités : Et il est défendu à ces mêmes Tisserands, de vendre, ni livrer aux Marchands, aucunes pièces de Basins, quand même elles auraient été par eux ordonnées, qu’auparavant elles n’aient été vues et visitées dans le Bureau par les Jurés de leur Communauté, et par eux marquées d’un plomb, portant d’un côté, ces mots, Fabrique de Troyes, et de l’autre, les armes de la Ville, au cas quelles soient trouvées de bonne qualité et fabrique ; pour les frais de laquelle marque, il doit être payé huit deniers pour chacune pièce.
Quoique par ce Règlement, les longueurs des pièces de Basin soient fixées à vingt-deux et à vingt-quatre aunes de long, on ne laisse pas néanmoins, pour la facilité du commerce, et suivant un ancien usage, de couper les pièces en deux, après quelles ont été fabriquées ; de manière que l’on les vend ordinairement par demies-pièces d’onze et douze aunes.
Encore qu’il y ait en France de très bonnes Manufactures de Basins, on ne laisse pas cependant d’en tirer des Pays étrangers, particulièrement de Hollande, de Bruges, et des Indes Orientales ; soit parce qu’ils sont, ou d’une plus grande finesse, ou d’une autre qualité et façon que ceux de France ; soit à cause que la Nation Française est naturellement portée à préférer ce qui vient des Pays éloignés, à ce qui se trouve chez elle.
Les Basins que l’on tire de Hollande, sont ordinairement rayés. On en fait beaucoup d’estime, à cause de leur grande finesse et bonté. Leur largeur la plus ordinaire est de cinq huitièmes d’aune ; et leur longueur d’environ douze aunes, mesure de France.
Ceux qui viennent de Bruges, sont appelés Bombasins ; et c’est de là que .les Français ont pris le terme de Bombasins dans leurs Manufactures. Ils sont, ainsi que ceux de France, ou unis, ou à poil, ou rayés à petites rayes imperceptibles, et à grandes rayes, ou barres de trois petites rayes chacune. Les unis, ou à poil, sont ordinairement de cinq douze de large, sur environ douze aunes de long, mesure de Paris : et les rayés, ou barrés, sont de près d’un pouce moins larges, et de deux tiers moins longs que les unis.
Il se fait à Bruges de quatre sortes de Basins unis, qui vont en diminuant de qualité, depuis la première sorte jusqu’à la dernière ; ce qui se connaît à certaines marques, lettres, hoches, ou coupes de ciseaux, qui sont aux chefs des pièces.
La première sorte, qui est la plus estimée, est appelée Basin double Lion, parce que les pièces sont marquées de deux lions rouges.
La deuxième sorte est nommée Basin simple Lion, à cause qu’il n’y a qu’un seul Lion, qui soit marqué en rouge sur la pièce.
La troisième sorte est appelée Basin B. parce que cette lettre se trouve à la tête de la pièce.
Et la quatrième sorte se nomme Basin C, à cause de cette lettre, qui est marquée au premier bout de la pièce.
Il faut remarquer, qu'outre les marques qui sont aux deux, trois et quatrième sortes de Basins, dont il vient d’être parlé, on y trouve encore au chef, des hoches, ou coupes de ciseaux, qui désignent aussi leur qualité. La deuxième sorte a une hoche, la troisième en a deux, et la quatrième en a trois ; en sorte que la première n’en a point du tout.
Les Basins de Bruges rayés sont de deux sortes : la première, qui est la plus estimée, est appelée Basin F. F. double Lion, à cause de ces deux lettres, et de deux lions, qui sont marqués en rouge au chef et premier bout de la pièce. On ne trouve point de hoche à cette première sorte de Basin rayé.
La deuxième est nommée Basin F. simple Lion, a cause qu’il y a cette lettre et un seul lion marqués en rouge au chef de la pièce. Outre ces marques, on y trouve encore une hoche.
Les Basins, qui viennent des Indes Orientales, sont blancs, et sans poil. Il y en a de deux façons ; les uns croisés, ou sergés ; et les autres à carreaux, ou ouvrés. Les meilleurs sont ceux qui se fabriquent à Bengale, à Pondichéry, et à Ballasor. Les derniers sont les plus estimés.
Les longueurs, et les largeurs des Basins des Indes les plus ordinaires, sont de cinq, six, et trois quarts de large, sur sept, neuf et dix aunes de long ; et de trois et cinq quarts, sur sept aunes et demie, et neuf aunes un tiers de long.
Les Basins s'emploient à faire des camisoles, des jupons, des corsets, des courtepointes, et des tours de lits d’été pour la campagne, des rideaux de fenêtres, etc. Ceux des Indes sont les plus propres pour faire des rideaux.
(Dic. Universel du Commerce, Savary, 1748)
Terme décrivant les tissus utilisés pour l'habillement
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Le terme ci-dessus est l'un de ceux utilisé pour décrire, le cas échéant, le costume du personnage en illustration, provenant de l'ouvrage :
'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1855.
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