Friser une étoffe. Terme de Manufacture de lainage. C’est former avec le poil de l’étoffe plusieurs petits boutons très durs, en sorte qu’à peine on en aperçoive le fond ; ce qui s’appelle aussi Peupler une étoffe en boutons.
Quelques étoffes ne se frisent que par l’envers, comme les draps noirs ; et quelques autres par l’endroit, comme certains draps de couleur, les ratines, les frises, les revêches, etc.
On peut donner cette façon aux étoffes de deux manières ; l’une en les frisant à bras, c'est-à-dire, par le moyen de deux Ouvriers qui conduisent une espèce de planche qui sert d'instrument à friser ; et l’autre à l’aide d’un moulin qu’on appelle Machine à friser, et qui a son mouvement ou de l’eau, ou du cheval, ou même quelquefois de plusieurs hommes qui la tournent avec une manivelle.
On estime la manière de friser à la machine, la meilleure ; parce que le mouvement en étant uniforme et réglé, les boutons de la frisure se font plus également.
Voici une description de cette industrieuse machine, ou au moins de ses parties les plus essentielles ; étant peu important de parler des arbres et des roues qui la font agir, dont on peut aisément se former l’idée.
Les trois principales pièces de la machine à friser les étoffes, sont le Frisoir, la Table à friser, et le Tiroir, qu’on nomme autrement l’Ensouple.
Le frisoir et la table à friser sont deux planches d’une égale longueur et largeur, c'est-à-dire, d’environ dix pieds de long sur quinze à seize pouces de large ; avec cette différence que la table à friser est garnie d’une espèce d’étoffe ou tripe de laine, dont le poil est très rude et très-ras, et que le frisoir est incrusté d’un mastic composé de colle-forte, de gomme arabique et de sable jaune, avec un peu d’eau-de-vie ou d’urine.
Le tiroir, ainsi nommé, parce qu’il tire l’étoffe d’entre le frisoir et la table à friser, est une ensouple, autrement un rouleau de bois garni, et tout couvert de petites pointes de fil de fer très fines et très courtes, semblables à celles des cardes à carder de la laine.
Voici présentement la disposition et l’usage de ces trois pièces.
La table à friser est immobile, et c’est elle qui soutient l’étoffe qu’on veut friser, dont on tourne vers le haut, l’envers ou l’endroit de l’étoffe, selon que la frisure doit se faire à l’endroit ou à l’envers. Le frisoir est élevé et soutenu au-dessus de la table à friser à autant de distance l’une de l’autre, qu’il en faut pour que le drap ou autre sorte d’étoffe passe entre deux ; de manière que le frisoir qui a un mouvement à demi-circulaire et très lent, rencontrant les longs poils de l’étoffe, les tord et roule en boutons, tandis qu’en même temps le tiroir qui tourne sans cesse tire l'étoffe qui passe par-dessus, et qui s’arrête aux petites pointes dont il est tout couvert.
Tout le soin que l’Ouvrier doit avoir pendant que la machine fait sans celle agir et tourner le frisoir et le tiroir, c’est d’étendre l’étoffe sur la table à friser à mesure que le tiroir la tire, et de la venir de temps en temps déprendre ou détacher des pointes du tiroir, la faisant tomber proprement dans une espèce de grande manne que l’on nomme Faudet, qui est au-dessous pour la recevoir.
On a dif d’abord que la table à friser est garnie d’une étoffe à poil très ras et très rude ; ce qui est fait à dessein d’arrêter l'étoffe entre cette table et le frisoir autant de temps qu’il en faut pour la friser, et la tenir toujours bien tendue, en sorte que le tiroir ne la tire point trop promptement ; ce qui arriverait, n’étant pas d’ailleurs retenue de l’autre côté, et pendant négligemment dans la manne ou faudet qui traverse toute la table à friser par-dessus.
Il est assez inutile de décrire présentement comment les étoffes se frisent à la main, puisqu'on s’imagine aisément que les Ouvriers imitent autant qu’ils peuvent avec leur frisoir le mouvement lent, égal et circulaire de la machine. Il faut seulement remarquer que leur frisoir n’a qu’environ deux pieds de long sur un de large ; et que pour former plus aisément les boutons de la frisure, ils mouillent légèrement la superficie de l’étoffe avec de l’eau mêlée de blancs d'œufs ou de miel.
(Dic. Universel du Commerce, Savary, 1748)
Terme décrivant les machines et outils relatif aux habillements et équipements.
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Le terme ci-dessus est l'un de ceux utilisé pour décrire, le cas échéant, le costume du personnage en illustration, provenant de l'ouvrage :
'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1855.
