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Laque

Terme du Petit dictionnaire de l'habillement

 



Laque : ce terme est utilisé dans cet ouvrage de 1855 sur les costumes en France, pour dire Couleur - cela vient sans doute du fait que les teinturier utilisaient des laques, pour teinter les tissus.
Il est utilisé donc sous forme de laque-amarante, laque-garance, laque-foncé, laque jaune, etc., pour couleur rouge-amarante, couleur rouge-garance, couleur foncé, couleur jaune...

 


Ci-dessous la définition qu'en donne le Dictionnaire Universel du Commerce, Savary, 1748.

LAQUE : que l’on écrit aussi LACQUE. Ce nom est commun a plusieurs-drogues qui servent ou à la teinture, ou à la médecine, ou à la peinture ; ou enfin à composer cette cire avec laquelle on cachète les lettres, et qu’on nomme vulgairement Cire d’Espagne.

La Laque des Peintres est de trois sortes ; la Laque fine où de Venise, la Laque plate ou colombine, et la Laque liquide.

La Laque fine a conservé son nom de Laque de Venise, d’où d’abord elle croit apportée en France ; mais depuis qu’on en a fait à Paris d’aussi belle, nos Peintres n’ont plus guère recours à la Laque étrangère et il n’en vient que très peu de Venise.

Cette Laque est composée d’os de seiche pulvérisés, que l’on colore avec une teinture de cochenille mestèque, de brésil et de Fernambourg bouillis dans une lessive d’alun d’Angleterre calciné d’arsenic de natrum ou soude blanche, ou de soude d’Alicante, que l'on réduit ensuite en pâte dont on forme des trochisques. Si l’on veut que cette Laque soit fort rouge, on y met du jus de citron : si on souhaite qu’elle soit plus brune, on y ajoute de l’huile de tartre. Pour être bonne il faut qu’elle soit tendre et friable, et en petits trochisques,

La Laque plate ou colombine est faite de tentures d’écarlate bouillies dans la même lessive dont on se sert pour la Laque de Venise, et que l’on jette (après l’avoir passée) sur de la craie blanche et de l’alun d’Angleterre en poudre pour en former ensuite des tablettes quarrées de l’épaisseur du doigt. La Laque colombine de Venise vaut mieux que celle de Paris et de Hollande, à cause que le blanc donc les Vénitiens se servent est plus propre à recevoir et à conserver la vivacité de la couleur.

La Laque liquide n’est autre chose qu’une teinture de bois de Fernambourg qu’on tire par le moyen des acides.

L’on appelle aussi Laque, mais assez improprement, certaines substances colorées dont se servent les Enlumineurs et que l’on tire des fleurs par le moyen de l’eau-de-vie, ou d’une lessive d’alun et de soude, comme le rouge du pavot, le jaune de la fleur de genêt, le bleu de l’iris, ou de la violette, etc.

La Laque qui sert aux Teinturiers, et dont on fait aussi la cire d’Espagne, est une espèce de gomme ou de cire rougeâtre, dure, claire et transparente qu’on apporte des Indes, surtout des Royaumes de Pegu (Birmanie) et de Bengale. Elle est attachée à de petits bâtons ou roseaux de la grosseur du doigt, d’où on l’appelle Laque en bâtons.

Cette gomme ou cire est proprement une rosée que des mouches ou fourmis ailées ramassent sur les arbres, et dont elles se déchargent â peu près comme font nos abeilles du miel et de la cire quelles ont recueilli sur les fleurs.

Les Indiens qui savent le prix de cette drogue, et combien les Européens l’estiment, sont attentifs â préparer sur quoi la recevoir. Pour cet effet ils enfoncent en terre dans les lieux où il se trouve de ces insectes, quantité de petites branches d’arbres ou de roseaux de la manière qu’on rame en France les pois. Lorsque les mouches les ont couvertes de Laque, ils font passer de l’eau par-dessus et la laissent ainsi exposée quelque temps au soleil où elle vient dure et sèche comme on la voit chez les Marchands Épiciers-Droguistes.

Cette gomme bouillie dans l’eau avec quelques acides, fait une teinture d’un très beau rouge ; les Indiens en teignent ces toiles qui ne perdent point leur couleur à l’eau ; les Levantins en rougissent leurs maroquins et les Anglais et Hollandais en font une sorte d’écarlate.

La meilleure Laque est celle qui est claire, transparente bien fondante sans mélange de gomme noire et d’ordures, et qui étant mâchée teint la salive en rouge.

Cette gomme a divers noms suivant les différentes formes que les Étrangers et surtout les Anglais et les Hollandais lui donnent.

On appelle Laque en bâtons celle qui est telle qu’elle vient des Indes ; Laque en graine celle que l’on a fait passer légèrement entre deux meules pour en exprimer la substance la plus précieuse ; Laque plate celle qu’on a fondue et aplatie sur un marbre ; et Laque en oreilles, certaine laque très fine et très belle faite en manière d’oreilles que les Anglois apportèrent il y a quelques années en France, et dont on ne voit presque plus aujourd’hui.

Tavernier préfère la Laque du Royaume de Bengale â celle du Royaume de Pegu, et cette différence semble ne venir que du peu de soin que les Péguais ont de préparer des bâtons pour recevoir le riche ouvrage de leurs mouches ou de leurs fourmis, ce qui oblige ces insectes de se décharger à terre de la Laque qu’ils ont recueillie  dont il se trouve quelquefois des masses de la grosseur d’un tonneau, mais qui étant plus brune et mêlée de quantité d’ordures, est beaucoup moins estimée que celle de Bengale qui ne vient qu’en bâtons.

M. de Flacourt dans son Histoire de Madagascar parle aussi d’une espèce de Laque qui se recueille dans cette île et qui approche assez de celle du Bengale hors que la couleur tire plus sur le jaune, et qu’elle a tout-à-fait l’odeur de notre cire commune. Il ne parait pas qu’on en fasse de commerce ni quelle puisse servir aux mêmes usages que celles des Indes, â moins que ce ne fût à la fabrique de la cire d’Espagne.

Un savant Académicien de l’Académie des Sciences, qui a fait l’analyse de la Laque Indienne soutient par des raisons et des expériences assez convaincantes, qu’elle est composée â la manière des ruches de nos mouches à miel, et qu’on y découvre aisément les alvéoles où ces insectes volants à qui on doit la Laque, renferment leur essaim et qu’ainsi elle ne peut être mise au nombre des gommes, mais que c’est seulement une espèce de cire.

Laque à cacheter. C’est ce qu’on nomme communément Cire d’Espagne quoique ce nom ne lui convienne point du tout, les Espagnols ne faisant pas de cette cire, et ne s’en servant même point.

La cire ou Laque â cacheter se fait ordinairement en France avec la laque en graine, colorée de vermillon. On en fait aussi quelquefois avec de simple résine mêlée d’un peu de poudre de laque et du blanc de sève pour lui donner corps, que l’on met en couleur avec du vermillon et que l’on passe ensuite dans de la Laque en bâtons fondue et bien colorée, afin de la faire paraître belle au dehors ; mais cette cire sophistiquée est d’un très mauvais usage, et  jette une fumée et une odeur désagréable.

Pour la faire bonne et telle qu’il en vient des Indes il faut n’y employer que de la Laque en bâtons et du vermillon pour lui donner couleur.

Outre la cire rouge â cacheter, il s’en fait encore de jaune par le moyen de l’orpin broyé, de noire en y mettant du noir de fumée, et ainsi des autres couleurs.

Enfin la Laque qui est en usage en Médecine est le vrai Cancamum que l’on confond mal à propos les uns avec la Laque en bâtons dont on vient de parler, les autres avec la myrte, et d’autres avec le Benjoin ou le Terramerita.

Le Cancamum est une gomme que produit un arbre de moyenne hauteur, dont les feuilles font assez semblables â celle du myrte et qui croît en quantité en quelques lieux d’Afrique, au Brésil et dans l’île S. Christophe. Cette gomme a cela de singulier qu’il semble que dans chaque morceau il y ait quatre espèces de gommes comme liées ensemble et parfaitement distinctes. La première est pareille â l’ambre, celle qui suit est comme l’arcançon  une autre est de couleur de corne, et une quatrième sèche et blanche ; c’est cette dernière qu’on nomme Gomme animée  et qui est celle qu’on voit plus communément à Paris  les autres y étant assez rares chez les Marchands Épiciers-Droguistes.

Le Cancamum fondu avec l’huile est bon pour les plaies, pour apaiser la douleur des dents où Pondit aussi qu’il est propre ; il faut l’appliquer tel qu’il vient de l’arbre.

La Laque de Venise propre à la teinture paye en France les droits d'entrée à raison de 30 livres le cent pesant, et pour ceux de sortie 23 livres.

Les droits de la Douane de Lyon sont de 7 livres 2 sols 6 deniers le quintal d'ancienne taxation ; 2 livres 10 sols 6 deniers de nouvelle réappréciation ; 10 livres pour les anciens quatre pour cent, et quatre liv, pour leur réappréciation,

La Laque en bâton plate, en oreille, et de toute sorte paye les droits d’entrée sur le pied de 5 livres le cent pesant, conformément au Tarif de 1664 ; et suivant celui de la Douane de Lyon, 8 livres 2 sols 6 deniers tant d'ancienne taxation que d'anciens quatre pour cent du quintal,

La Laque plate de Provence ne paye par ce dernier Tarif que 3 livres 2 sols 6 deniers.


 

 

Terme décrivant les tissus utilisés pour les habillements et équipements.

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Le terme ci-dessus est l'un de ceux utilisé pour décrire, le cas échéant, le costume du personnage en illustration, provenant de l'ouvrage :
'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1855.


 

 

 

 

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