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Les faits mémorables des années 1561, 1562 et 1563
Mémoires pour servir à l'Histoire de France
depuis 1515

Mémoires pour servir l'Histoire de france © reproduction Norbert Pousseur

1561


En 1561 Henry de Bourbon Marquis de Beaupreau Prince de grande espérance fut dans Orléans tué d’un cheval dans un tournoi.

Cur donant quae mox repetant, lugendaque terris
Ostentant raptim gaudia falsa Dii ?
An quia vel vidisse fat est, mediocribus uti
Nos finit, atque sibi maxima numen habet.
Luxisti toties, jam perfice Gallia, talem
Materiam lachrymis non dabit ulla dies.

Cur donnant ... : ces vers sont d'Etienne de la Boétie Conseiller au Parlement de Bordeaux et rapportés différemment dans l’histoire de la maison de France par Ste Marthe.

1562


Le Roy de Navarre excusant le fait de Vassy à Théodore de Bèze qui lui en faisait des plaintes et remontrances de la part de ses Églises, et le Roy de Navarre soutenant encore que ce que le Duc de Guise avait fait, il l’avait pu justement faire, et que s’ils avaient été maltraités, leur insolence en avait été cause, lui déclarant au surplus que qui toucherait au bout du doigt au Duc de Guise qu’il appelait son frère, le toucherait au corps, ledit de Bèze lui dit fort hardiment :

Sire c'est à la vérité à l'Église de Dieu au nom de laquelle je parle d'endurer les coups et non pas d'en donner, mais aussi vous plaira-t-il vous souvenir que c'est une enclume qui a déjà usé beaucoup de marteaux.

La Reine-mère étant avertie de la fin proche de ce pauvre Prince, le vint voir et lui dit ces mots :

Mon frère à quoi passez-vous le temps vous devriez vous faire lire,
Madame lui repartit-il, la plupart de ceux qui sont alentour de moi sont Huguenots,
ils n’en sont pas moins dit-elle vos serviteurs,

et de fait, s’en étant allée, il se fit mettre dans un petit lit bas près la cheminée, et commandant à un nommé Bézières prendre la Bible se fit lire l’histoire de Job qu’il ouï fort patiemment ayant toujours les mains jointes, et les yeux au ciel, puis dit à ceux qui lui assistaient,

je sais bien que vous direz par tout le Roy de Navarre s’est reconnu et est mort Huguenot : ne vous souciez pas qui je suis, mais contentez-vous que je veux mourir en la confession d’Ausbourg, et que si je puis réchapper je ferai encore prêcher l'Évangile en France.

Quand il fut près de mourir, il fit venir Raphaël son médecin et lui fit faire la prière à laquelle la plupart de ceux qui étaient dans le Bateau, même le Prince de la Roche-Guyon se mirent à genoux, ses derniers propos furent en prenant un sien valet de chambre italien par la barbe,

servez bien mon fils, et qu'il serve bien le Roi

et ainsi rendit l’esprit le 17  Novembre 1562 sur Seine vis à vis le grand Andely. Peu auparavant sa mort on avait écrit sur le mur de sa garde-robe.

Ha ha ha pauvre caillette
Tu  sauras bien, mésovan
Que valent prunes de Rouen
Pour avoir tourné ta jaquette.

Et après sa mort furent faits et publiés plusieurs écrits par les Huguenots contre ce bon Prince, entr’autres ceux-ci qui sont aussi contre Henry II & François II.

Par l'œil, par l'épaule, et l'oreille
Dieu a fait en France merveille
Par l’oreille, l'épaule et l'œil
Dieu a mis trois Roys au cercueil
Par l'œil, l'oreille et l'épaule
Dieu a tué trois Roys en Gaule
Antoine François et Henry,
Qui de lui n'ont pas eut souci.

Jacques Dalbon Maréchal de St. André en la Bataille de Dreux le 19  Décembre 1562 fut pris et lâchement tué * il était plus vaillant que pieux, et fut déchiré par les vers des Huguenots.

 

Gabriel de Montmorency Seigneur de Montbron fils du Connétable âgé d’environ 20  ans d’une valeur héroïque et rare fut tué en cette sanglante bataille, en laquelle périt un grand nombre de Noblesse Française et n’en échappa, quasi de signaler  qu’ils ne fussent tués ou pris, que le Duc de Guise auquel le champ de bataille demeura après avoir rallié ses gens et usé de stratagème de grand Capitaine, tel qu'il était.

M. de Nevers y fut tué par un Gentilhomme nommé des Bordes son grand mignon et confident, auquel le pistolet, sans y penser, se débanda et en  blessa ce pauvre Seigneur, lequel à la sollicitation de ce des Bordes avait abjuré la Religion et retourné à la messe. Comme l’on portait à Dreux ce Seigneur mortellement blessé M. Dandelot passant avec ses troupes demanda qui c’était et ayant entendu que c’était M. de Nevers ne voulut l'arrêter ni le faire arrêter ainsi lui manda seulement par un des siens qu’il pensât à ses fautes et qu’il était temps.

La légende du Cardinal de Loraine et de ses frères imprimée à Reims hoc est à Paris, porte que ledit Cardinal ayant reçu nouvelles de la journée de Dreux dit au porteur ces mots,

Tout va bien puisque mon frère est sauvé : parle-t-on plus à Paris de nous faire rendre compte ? puis se tournant vers un de ses familiers,  à ce que je vois dit-il, Monsieur mon frère et moi aurons nos comptes tous seuls, M. le Connétable est prisonnier d’un coté, et M. le Prince de l’autre, voilà où je les demandais.

 Le Chancelier de l'Hôpital, qui avait fleur de Lys dans le cœur, eut des sentiments bien contraires. Il déplora le malheur de la France et n'y  pouvant donner ordre déchargea sa douleur en faisant les vers suivants pour servir de tombeau à la France.

Pro patria pugnent, pugnae quibus utilis aetas
Hanc fero nutanti quam queo gratus opem,
Sin furiis accensa suis minus illa docentem
Audiat, et praeceps in sua fata ruat
Et sim, quod nollem, patriae, sociisque superstes,
Inscribam stratis sanguine corporibus
Hic jacet, a nullis potuit quae Francia vinci,
Ipsa sui victrix, ipsa sui tumulus.

 

Charles de Bourbon Prince de la Roche-sur-Yon mort le 6  Octobre 1565. Il était frère de Louis II du nom Duc de Montpensier. François de Clèves II du nom Duc de Nevers et de Rethélois.

1563

François de Guise au mois de Février 1563 fut tué devant Orléans par Jean Poltrot De Meré, ce Poltrot était un Gentilhomme Huguenot petit et pauvre, mais d’un esprit vif et accort, lequel dès son jeune âge ayant été en Espagne en avait tellement appris le langage, qu’avec la taille et la couleur dont il était, on l'eût pris pour un Espagnol naturel dont il acquit le nom d’Espagnolet. Les Huguenots dont ce Prince avait été le fléau aiguisaient leurs plumes contre sa mémoire et voulurent faire peur aux autres Princes Lorrains.

Autant que sont de Guisards demeurés
Autant a-t-il en France De Merés
.

Les Catholiques de leur côté firent des vers à sa louange.

Dum res mole sua nostras, Francisce ruentes
Sistis et oppositis humeris prohibere ruinam
Tanti conaris regni, egregia en tibi merces
Mors infanda, Deus cœlo at tibit cernitur ultor.

                                          Jani Pauli Selvæ.

Si l’on en croît ses ennemis quand on lui remontrait la difficulté de prendre la ville d'Orléans, il demandait en jurant si le soleil n'y entrait pas, et que puisqu’il y entrait il s’assurait d’y entrer lui-même.

 

Années : 1557, 1559, 1560 Présentation Années : 1564, 1566, 1567

 

 

Ces textes, du domaine public, ont été transcrits en français moderne par mes soins,
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Ils peuvent cependant être utulisés librement dans un cadre pédagogique.

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