Gravure (de Léopold Massard) et texte extrait de l'ouvrage 'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1835
Marguerite de Lorraine, duchesse d’Alençon, fille de Ferri de Lorraine et d’Iolande d’Anjou, duchesse de Lorraine et de Bar, naquit en 1466, et fut élevée à la cour de René, son aïeul maternel, roi de Jérusalem, des Deux-Siciles et d’Aragon, qui lui donna les premières leçons de vertu et de piété.
Ce prince étant mort, elle trouva la même tendresse et la même affection dans René, duc de Lorraine, son frère, qui lui fit épouser, en 1488, René de Valois ou d’Alençon, duc d’Alençon, comte du Perche, dont elle eut un fils et deux filles.
Demeurée veuve à trente ans, elle ne s’occupa que de l’éducation de ses enfants, et sut non-seulement leur conserver les biens dont on voulait lui ôter l’administration, mais elle les fit valoir avec la plus sage économie, et parvint, en peu de temps, à acquitter plus de cent mille écus de dettes, sans diminuer de la magnificence et de l’éclat de sa maison. Aussi prudente qu’économe, elle produisit avantageusement ses enfants : elle maria son fils à la sœur unique du comte d’Angoulême, depuis François 1er ; sa fille au duc de Longueville, puis au duc de Vendôme ; et la seconde à Guillaume Paléologue, marquis de Montferrat, l’un des plus puissants princes d’Italie.
Les dépenses excessives où l’engagèrent ces illustres mariages ne diminuèrent rien des abondantes aumônes qu’elle faisait tous les jours. On la voyait souvent dans les hôpitaux, consoler les malades, servir les uns, panser les autres de ses propres mains, et donner à tous les soins qui leur étaient nécessaires. Ses vassaux et ses autres sujets l’aimaient comme une tendre mère ; elle avait soin de leur donner des juges intègres, des magistrats éclairés, et veillait à leurs intérêts comme aux siens propres. Sa maison était une école de toutes les vertus : les officiers y passaient pour gens d’honneur et de probité ; les domestiques pour sobres et fidèles ; les dames et les demoiselles pour des miroirs de sagesse et de modestie. Après les avoir tous édifiés par ses vertus et comblés de ses bienfaits, elle mourut en odeur de sainteté, dans un âge fort avancé.
Son costume : Son hennin est brun de terre de Sienne naturelle, rehaussé de dessins de même, et enrichi de perles disposées autour d’une pierre précieuse.
Il est posé sur une coiffe tissue d’or, par-dessus laquelle passe un court voile blanc qui tombe par derrière. Sa robe laque foncée, richement brodée en or, est doublée d’hermine, et mise sur une robe rose à manches étroites.
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