Gravure (sans doute de Léopold Massard) et texte extrait de l'ouvrage 'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1835
Un Gendarme était autrefois un cavalier armé de toutes pièces, c'est-à-dire, qui avait pour armes défensives le casque, la cuirasse et les autres armures nécessaires pour couvrir toutes les parties du corps,
Le cheval du Gendarme avait la tête et les flancs aussi couverts d'armes défensives. Les cavaliers armés de cette manière furent d’abord appelés Hommes d’Armes, et ensuite Gendarmes. Le poids considérable des armes du Gendarme qui le rendait propre a soutenir un choc et à combattre de pied ferme, ne lui permettait pas de poursuivre l’ennemi lorsqu’il était rompu. Il y avait, pour y suppléer, une autre espèce de cavalerie plus légèrement armée, qu’on appelait pour cette raison cavalerie légère. Quoique cette différente manière d’armer la cavalerie ait été totalement abolie sous le règne de Louis XIV, on conserva néanmoins le nom de Gendarmeries, plusieurs corps qui avaient autrefois l’armure du Gendarme, et l’on appela cavalerie légère tous les autres corps de la cavalerie.
Le corps de la Gendarmerie de France était divisé en troupes particulières, appelées Compagnies. Les compagnies étaient de deux sortes ; les unes étaient destinées à la garde du roi, et elles formaient le corps qu’on appelait la Maison du Roi ; les autres, qui n’avaient pas le même objet, retinrent l’ancien nom de Gendarmerie ou de Compagnies d’Ordonnance.
Les compagnies du corps de la Gendarmerie qui composaient la Maison du Roi, étaient les quatre compagnies des gardes-du-corps, celles des Gendarmes de la Garde et celle des Chevau-Légers.
Actuellement, et depuis 1790, on donne le nom de Gendarmerie à un corps de troupes (connu auparavant sous le nom de maréchaussée), militaire par sa constitution, et destiné à maintenir, dans l’intérieur du royaume, l’ordre, la police et la tranquillité publique.
Sa tenue : Cette figure du Gendarme est extraite d’un manuscrit du XVe siècle, par le P. Daniel. Voici les noms des différentes parties de son armure :
- le casque,
- le hausse-col,
- la cuirasse,
- les épaulières,
- les brassards,
- les gantelets,
- les tassettes,
- les cuissards,
- les grèves
- et les genouillères.
- Le bout du pied droit est armé d’une pointe.
Chaque pièce des anciennes armures des chevaliers avait une signification symbolique ; ainsi, nous lisons :
- L'épée donnée en forme de croix signifiait que Jésus-Christ vainquit le péché et la mort sur l’arbre de la croix ; de même que le chevalier doit surmonter ses ennemis par le moyen de son épée, qui est faite en croix ; l'on donne aussi une épée au chevalier pour maintenir et faire justice, qui est dénotée par l’épée.
- La lance est donnée au chevalier pour symbole de vérité, à cause qu’elle est droite, et le fer de la lance signifie le pouvoir et l’avantage que la vérité a par-dessus le mensonge, et le penon et banderole, qui est au bout, fait voir que la vérité se montre à tout le monde à découvert.
- Le casque est pour dénoter la honte, la pudeur et l’humilité : car, de même que ces trois qualités font baisser les yeux contre la terre à ceux qui les possèdent, ainsi le casque empêche le chevalier de regarder en haut et de devenir trop orgueilleux ; de même que le casque défend le chef qui est le plus haut et le principal de tous les membres de l’homme, ainsi la honte empêche le chevalier de faire de vilaines actions, et la noblesse de son courage ne s’abandonne jamais à méchanceté ni à tromperie.
- Le haubert, ou le corps de la cuirasse, signifie un château ou forteresse qui fait la guerre aux vices et qui leur résiste puissamment : car, ainsi qu’un château ou une forteresse sont enclos de fortes murailles et environnés de bons fossés, afin que l’ennemi n’y puisse entrer, tout de même, le corps de la cuirasse doit être fermé de toute part, afin de donner à entendre au chevalier qu’il doit tenir son cœur si fermé, qu’aucune trahison, orgueil ou déloyauté n’y puisse entrer.
- Les cuissards et les chausses de fer sont donnés, non seulement pour garantir les cuisses et les jambes des coups, mais aussi pour lui faire savoir qu’il doit combattre et exterminer les voleurs et brigands qui sont sur les grands chemins.
- Les éperons lui sont donnés afin qu'il soit diligent en ses entreprises, et poussé par l'aiguillon d'honneur en toutes ses actions.
- La masse d’armes était donnée au chevalier pour signifier la force de courage : car, comme la masse est contre toute sorte d'armes, aussi la force de courage défend le chevalier de tous vices, et augmente la vertu pour les chasser et les vaincre.
- Entre les armes offensives des anciens chevaliers, ils avaient une courte épée ou dague pointue qu’ils nommaient miséricorde, « parce qu'étant venus aux prises ou ayant renversé leurs ennemis, lorsqu'ils ne pouvaient plus s’aider de leurs lances ni de leurs épées à cause de leur longueur, ils avaient recours à celle-ci pour les contraindre à demander miséricorde. » Cette sorte d'arme signifie que le chevalier ne se doit point tant fier à sa force, ni à ses armes, qu'il n'ait premièrement la plus forte espérance en la miséricorde de Dieu.
- L’écu ou le bouclier est donné au chevalier pour dénoter son office : car, comme le chevalier met son écu entre lui et son ennemi, aussi le chevalier est celui qui tient le milieu entre le prince et le peuple ; et comme le coup qui part de la main de l'ennemi tombe plutôt sur l’écu que sur le corps du chevalier, de même il doit présenter sa personne et servir de rempart à celle de son prince.
- Les gantelets signifient que, comme on les lève en haut pour frapper et pour vaincre ses ennemis, aussi faut-il lever la main en haut pour remercier Dieu de la victoire. Les gantelets aussi dénotent, en préservant les mains, le soin que les chevaliers doivent avoir de ne rien toucher avec elles, et les détourner de larcins, de faux serments et de toute autre méchanceté.
- Le cheval est donné au chevalier pour signifier la noblesse, le courage, l'ardeur et la magnanimité desquels il doit être accompagné en toutes ses actions, et pour paraître plus haut que les autres, et que la vertu éclate de plus loin.
- Le frein et la bride sont donnés au cheval et les rênes aux mains du chevalier pour le retenir et le conduire selon son plaisir. Cela signifie que tout noble cœur doit réfréner sa bouche et fuir toute médisance et mensonge ; qu’il doit modérer sa libéralité, pour ne pas devenir malheureux par une trop inconsidérée libéralité ; qu’il doit mettre un frein à toutes ses passions et se laisser conduire par la raison.
- On donnait des armoiries aux chevaliers sur leur écu et sur leur cotte d’armes, afin qu’ils fussent connus dans les batailles et dans les tournois, afin de recevoir l’honneur et le blâme qui leur sont dus, selon qu’ils auraient bien ou mal fait.
Les armes sont les caractères de leur vertu, et la noblesse est la plus grande et la plus glorieuse récompense qui se puisse donner, car on ne peut être reçu sans la posséder.
Gendarme au 16ème siècle
Cette figure représente Gaston de Foix en habit de gendarme. Au bas de sa cuirasse tombent de part et d’autre des appendices de fer qui se terminent en pointe par-dessus le tonnelet de maille. Cette figure, extraite de la galerie des Hommes illustres de Toulouse est remarquable en ce que le tonnelet laisse la cuisse gauche découverte. Est-ce l'armure primitive des gendarmes qui, sous Louis XII consentirent à commander l'infanterie ? C'est ce que nous ne déciderons pas.
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