PREMIER VOYAGE AÉRIEN DANS UN AÉROSTAT A GAZ HYDROGÈNE,
PAR CHARLES ET ROBERT, LE 1er DÉCEMBRE 1783.
Le ballon à feu ou la montgolfière, comme on l'appelait alors, ne pouvait rendre à la physique et à la météorologie que de médiocres services. En effet, le poids du combustible que l'on devait emporter, joint à la faible différence qui existe entre la densité de l'air échauffé et la densité de l'air ordinaire, ne permettait pas d'atteindre à de grandes hauteurs.
En outre, la nécessité constante d'alimenter le feu absorbait tous les moments des aéronautes et leur ôtait les moyens de se livrer aux expériences et à l'observation des instruments. On comprit que seuls les ballons à gaz hydrogène pourraient offrir la sécurité et la commodité indispensables à l'exécution des voyages aériens.
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Aussi, deux hardis expérimentateurs, Charles et Robert, voulurent-ils en tenter l'essai et, quelque temps après avoir pris cette résolution, accomplirent-ils une expérience préparée avec maturité, calculée avec intelligence.
On peut dire qu'à propos de cette ascension, dans un ballon gonflé de gaz hydrogène, le physicien Charles créa tout d'un coup et tout d'une pièce l'art de l'aérostation.
Cette expérience eut un plein succès. Après un trajet d'environ neuf lieue, les voyageurs descendirent sains et saufs dans la prairie de Nesles.
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MONTGOLFIÈRE LE " FLESSELLES ».
Lyon voulut aussi avoir son expérience aérostatique. Ce fut dans celte ville que s'exécuta le troisième voyage aérien. Les Lyonnais préparèrent une immense machine dont la voûte offrait les dimensions de la coupole du Panthéon de Paris. Il avait la forme d'une sphère terminée à sa partie inférieure par un cône tronqué, autour duquel régnait une large galerie où devaient se tenir les voyageurs. La calotte supérieure était blanche, le reste grisâtre. Aux deux côtés du globe étaient attachés deux médaillons, dont l'un représentait l'Histoire et l'autre la Renommée. Enfin, il portait un pavillon aux armes de l'intendant de province avec ces mots : Flesselles
L'ascension se fit aux Brotteaux, le 5 janvier I784. Six voyageurs montèrent dans la galerie : Joseph Montgolfier, à qui l'on avait décerné le commandement de l'équipage, Pilâtre de Rozier, le prince de Ligne, le comte de Laurencin, le comte de Dampierre et le comte Laporte d'Anglefort.
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Le ballon n'était pas depuis un quart d'heure dans les airs, lorsqu'il se fît dans l'enveloppe une déchirure de 15 mètres de long. Le volume énorme de la machine, le nombre des voyageurs, le poids excessif du lest, le mauvais état des toiles, fatigués par de trop longues manœuvres, avaient rendu cet accident presque inévitable. Il faillit avoir des suites funestes. Parvenu en ce moment à 800 mètres de hauteur, l'aérostat s'abattit avec une rapidité effrayante. L'on vit aussitôt, à en croire les récits de l'époque, soixante mille personnes courir vers l'endroit où la machine allait tomber.
Heureusement, et grâce à l'adresse de Pilâtre de Rozier, cette descente rapide n'entraîna pas des suites graves et les voyageurs en furent quittes pour un choc un peu rude. On aida les aéronautes à se dégager des toiles qui les en-veloppaient. Joseph Montgolfier, en cet accident, avait été le plus maltraité. |
ASCENSION PAITE LE 12 JUIN 1784,
AVEC L'AÉROSTAT DE L'ACADÉMIE DE DIJON PAR GUYTON DE MORVEAU ET DE VIRLY.
Guyton de Morveau avait imaginé un appareil dirigeable qu'il expérimenta publiquement le 12 juin 1784 avec la montgolfière dite : Aérostat de l'Académie de Dijon.
Cet aérostat était de soie recouverte d'un vernis gras et siccatif. Sa partie supérieure était coiffée en partie d'un fort filet de tresse venant s'attacher vers la moitié du globe, à un cercle de bois qui l'entourait comme une ceinture et supportait, au moyen de cordes, la nacelle.
Ce cercle servait en même temps à supporter deux voiles placées aux deux extrémités opposées et qui étaient destinées à fendre l'air dans la direction que l'on voulait suivre.
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En outre, deux rames, placées entre la proue et le gouvernail, devaient battre l'air comme les ailes d'un oiseau. Ces dernières rames présentaient à l'air une surface de vingt-quatre pieds carrés, Les rames, la proue et le gouvernail devaient être manœuvres à l'aide de cordes par les aéronautes placés dans la nacelle à laquelle étaient attachées d'autres rames plus petites.
L'insuccès radical qu'éprouva Guyton de Morveau dans cette expérience, démontra l'impossibilité de se. servir, comme moyen de direction, d'engins aussi faibles et surtout de se contenter comme moteur de la force de l'homme.
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BLANCHARD ET LE DOCTEUR JEFFERIES PARTENT DE LA COTE DE DOUVRES
LE 7 JANVIER 1785 POUR TRAVERSER EN BALLON LE PAS-DE-CALAIS
Blanchard accordait une confiance extrême aux espèces de rames qu'il avait imaginées. Il voulut justifier par un trait éclatant la vérité de ses assertions et annonça qu'au premier vent favorable il traverserait la Manche de Douvres à Calais. C'était pour l'époque une entreprise d'une témérité extraordinaire.
Un docteur, le docteur Jefferies, s'offrit pour accompagner le hardi aéronaute.
Le 7 janvier 1785, le ciel était serein ; le vent, très faible, soufflait du nord-ouest. Blanchard, accompagné du docteur Jefferies, sortit du château de Douvres et se dirigea sur la côte. Le ballon fut rempli de gaz et on le plaça à quelques pieds du bord d'un rocher escarpé, d'où l'on aperçoit le précipice décrit par Shakespeare dans le roi Lear. Le ballon
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s'éleva lentement et s'avança vers la mer poussé par un vent léger.
En route, leur ballon s'étant dégonflé, les aéronautes reconnurent avec effroi qu'ils descendaient avec rapidité. Ils furent pris de terreur, car sous eux s'étendait la mer immense. Ils jetèrent le gouvernail, les rames, jusqu'à leurs habits. Ils allaient couper la nacelle et se suspendre aux cordages, lorsqu'un vent violent s'éleva, Je3 poussant rapidement vers la côte. Enfin, ils vinrent s'abattre dans la forêt de Guines ; le ballon se reposa sur un chêne.
C'est ainsi que les deux aéronautes sortirent sains et saufs de l'entreprise la plus téméraire (à cause des conditions dans lesquelles elle s'opérait) que l'audace de l'homme ait jamais osé tenter. |
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