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Abailard naquit près de Nantes en 1079, passionné pour l’étude dès son enfance ; poésie, éloquence, langue ancienne, tout était de son ressort : il cultiva particulièrement la philosophie scolastique, science favorite du temps. Il eut bientôt épuisé le savoir de ses maîtres en Bretagne, et en vint chercher d’autres à Paris. D’abord disciple de Champeaux, archidiacre de Notre-Dame, il ouvrit, quelques années après, une école de rhétorique et de théologie, ou se réunissaient plus de trois cent auditeurs de tous les âges, et d’où sortirent plusieurs hommes célèbres. À cette époque, la jeune Héloïse, nièce de Fulbert, chanoine de Paris, se distinguait par son esprit, ses connaissances et sa beauté. Sous prétexte de suivre les études d’Héloïse, Abailard se mit en pension chez Fulbert, et bientôt leur commerce secret ne fut plus un mystère. Le chanoine, instruit par la notoriété publique, sépara les deux amants ; mais il était trop tard. Abailard n’eut rien de plus pressé que d’enlever Héloïse et de la conduire en Bretagne, où elle accoucha d’un fils qui mourut bientôt après. Ayant fait en secret à Fulbert la proposition de l’épouser, celui-ci donna son consentement et ne fit point mystère de cette union ; mais Héloïse, plus sensible à la gloire d’Abailard qu’à son propre honneur, nia ce mariage avec serment. Fulbert, irrité, ne fit plus que maltraiter sa nièce ; et son époux l’ayant mise au monastère d’Argenteuil, Fulbert s’imagina qu’il voulait la faire religieuse, et ne songea plus qu’à se venger. Des brigands qu’il avait apostés entrèrent la nuit dans la chambre d’Abailard, et le mutilèrent. Les tribunaux ecclésiastiques et civils connurent de cet attentat. Fulbert fut dépouillé de ses bénéfices, et deux des coupables subirent la peine de mort. Héloïse prit le voile au couvent d’Argenteuil, et son époux alla se cacher dans l’abbaye de Saint-Denis, où il se fit religieux. Cet homme célèbre mourut en 1142, au prieuré de Saint-Marcel, près de Châlons-sur-Saône. Cette planche offre une copie fidèle d’une figure peinte autrefois sur l’une des vitres de l’église de Notre-Dame de Poissy. Elle ressemble beaucoup, pour le costume, à la statue d’Abailard qui se voit à côté de celle d’Héloïse sur leur tombeau commun, déposé dans le cimetière du Père Lachaise. Le vêtement d’Abailard se compose de deux tuniques, dont la première, celle de dessus, a des manches fort larges, est fendue à peu près au milieu de la cuisse, et tombe devant et derrière jusqu’aux pieds. Cette tunique est d’un violet pâle ; la deuxième tunique est verte. Les manches serrées ne lui appartiennent pas, car elles sont d’un violet foncé : les souliers sont jaunes.
Gravure de Léopold Massard et texte extraits de l'ouvrage |