Gravure (de Léopold Massard ?) et texte extrait de l'ouvrage
Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours, publié par A. Mifliez en 1835
Échevin : On donnait autrefois le titre d'Échevin aux assesseurs et aux conseillers des comtes : à la fin du XVIIIe siècle, un échevin était un officier en titre ou élu par les bourgeois, pour avoir soin de la police et des affaires communes d'une ville pendant un certain temps. Il jouissait aussi, en divers endroits, d'une juridiction et de fonctions plus ou moins étendues, selon ses titres et l'usage des lieux.
Son costume : cette figure est copiée d'une gravure en bois du temps de François Ier. L'échevin qu'elle représente porte une robe mi-partie rouge et mi-partie noire. Il est à remarquer que le rouge appartient à la magistrature et le noir à la ville de Paris. Ainsi sur la partie noire y voit-on les armes de cette ville. Dans les autres villes, le costume de ces officiers municipaux était mi-parti de la couleur qui appartenait à la ville et mi-parti rouge. Les chausses de notre figure sont rouge-brun, le bonnet et les babouches noirs.
Histoire
Loyseau, dans son Traité des offices, compare les échevins aux édiles romains et aux officiers appelés defensores Civitatum : quoique les fonctions de ces officiers eussent quelque rapport avec celles des échevins, ce n'était toutefois pas la même chose ; aussi ce n'est pas des Romains, mais des Francs qui conquirent les Gaules, que nous sont venus le titre et les fonctions des échevins. On les appelait scabini. Marculphe, qui écrivait sous le règne de Clovis II (650), parle des échevins qui assistaient le comte ou son lieutenant pour juger les causes. Rigulphe, comte du palais sous le même prince, avait pour conseillers des gens d'épée qu'on nommait échevins du palais. Il est aussi fait mention de ces échevins du palais, dans une chronique du règne de Louis le Débonnaire, et dans une charte de Charles le Chauve.
Les Capitulaires de Charlemagne et ceux des rois ses successeurs parlent des échevins en général et nous apprennent qu'ils étaient élus par le magistrat même et les principaux citoyens. Ces échevins, lors de leur réception, faisaient serment, entre les mains du magistrat, de ne jamais faire sciemment aucune injustice.
Vers la fin de la seconde dynastie et au commencement de la troisième, les ducs et les comtes, s*étant rendus propriétaires de leurs gouvernements, se déchargèrent du soin de rendre la justice sur des officiers qui furent appelés baillis, vicomtes, prévôts et châtelains.
Dans quelques endroits, les échevins conservèrent leurs fonctions de juge, c'est-à-dire de conseillers du magistrat ; et cette juridiction leur était demeurée avec plus ou moins d'étendue, selon les titres et la possession ou l'usage des lieux ; dans d'autres endroits, au contraire, le bailli prévôt ou autre officier, jugeait seul les causes ordinaires ; et, s'il prenait quelquefois des assesseurs pour l'aider dans ses fonctions, ce n'était qu'une commission passagère. Dans la plupart des endroits où la justice fut ainsi administrée, les échevins demeurèrent réduits à la simple fonction d'officiers municipaux, c'est-à-dire d'administrateur des affaires de la ville ou communauté ; dans d'autres, ils conservèrent quelque portion de la police.
Il paraît que, dans Paris, la juridiction des échevins, qui existaient dès la première et seconde dynastie, continua encore sous la troisième. Ils étaient nommés par le peuple, et présidés par un homme du roi. Ils cessèrent de faire la fonction de juges ordinaires, lorsque Etienne Boileau fut prévôt de Paris, c'est-à-dire en 1251 ; alors ils mirent à leur tête le prévôt des marchands ou de la confrérie des marchands.
Les échevins de Paris étaient au nombre de quatre ; ils étaient élus par scrutin, dans l'assemblée du corps de ville et des notables bourgeois qu'on convoquait à cet effet à l'Hôtel-de-ville, le jour de Saint-Roch. Il y en avait toujours deux qui étaient choisis entre les notables marchands, et les deux autres entre les gradués et les notables bourgeois. Leurs fonctions ne duraient que deux ans. Quelques jours après qu'ils étaient élus le corps de ville les présentait au roi qui confirmait leur élection. Ils étaient les conseillers ordinaires du prévôt des marchands ; ils siégaient avec lui au bureau de l'Hôtel-de-ville, et y rendaient la justice sur les matières de police des ports de la ville, et les affaires du commerce qui avaient rapport à l'approvisionnement de Paris, tant par la Seine, que par les rivières qui y sont affluentes.
A Toulouse, on appelait les échevins Capitouls ; à Bordeaux, Jurats ; et dans la plupart des villes de Guyenne (Nouvelle-Aquitaine et Occitanie), Consuls ; en Picardie, Gouverneurs et dans quelques villes, Pairs, notamment à La Rochelle, quia pari potestate sunt prœditi.
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