Texte extrait de l'ouvrage
Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours, publié par A. Mifliez en 1835, collection personnelle.
Il s'agit d'une 'note' à propos du décès d'Henri II, du fait d'une blessure suite à un tournoi
Les gravures en couleur proviennent de la BNF et celles en n&b, sont de mon fonds.
Ce texte, provient donc de l'ouvrage cité ci-dessus. Il est la transcription du manuscrit original d'où proviennent aussi les gravures couleur légendées de René d'Anjou. Il n'a pas été re-re-transcris ici en français moderne, car seul un spécialiste du français ancien saurait le faire sans en dénatuer le sens (ce qui d'ailleurs a déjà peut-être été réalisé).
On trouve parmi les manuscrits de la Bibliothèque royale un Traité de la forme et de la manière du tournoi à plaisance, selon ce qui se pratiquoit autrefois en France, en Allemagne, en Flandre et ailleurs, dressé par René d'Anjou, roi de Jérusalem, et entièrement écrit de la main de ce prince. Ce traité, l’un des plus complets sur les tournois, et fait par un roi qui lui-même prenait beaucoup de plaisir à ces sortes d’exercices, qui étaient fort en usage de son temps, donne l'explication précise des coutumes qui précédaient les tournois. La naïveté du style ajoute encore, s’il est possible, un intérêt sensible à ces détails. En le rapportant dans cet ouvrage, auquel il se lie naturellement, nous avons pensé qu’il ne pouvait que plaire au lecteur, puisqu'il nous fait connaître les mœurs et usages des anciens Français.
L'annonce du tournoi en musique
gravure faisant partie de l'Album de tournois de Nüremberg (anonyme).
Original conservé et numérisé par gallica.bnf.fr / BnF et retravallé par mes soins
Comme lors de nos compétitions modernes, la musique ouvrait le tournoi.
« A très-haut et puissant Prince, mon très-cher Amé, mon seul frère germain, Charles d’Anjou, Comte du Maine, de Montargis et de Guise, etc., Je, René d’Anjou, votre frère, vous faict savoir que, pour le plaisir que je connois des pièces que prenés à voir histoire nouvelle et dittiés nouveaux, me suis avisé de vous faire un petit traité le plus au long étendu que j’ai sçu de la forme et devis comme il sembleroit qu’un tournoi seroit à entreprendre à la cour ou ailleurs, en quelque Marche de France, quand anciens Princes le voudroient faire faire ; laquelle forme j’ai pris au plus près et jouxte de celle qu’on garde en Allemagne et sur le Rhin quand on faict les tournois, et aussi selon la manière qu’ils tiennent en Flandre et en Brabant, et mêmement sur les anciennes façons qu’ils les souloient faire en France : comme j’ai trouvé par écritures desquelles trois façons en ai pris, ce qui m’a semblé bon, et en ai fait une quatrième façon de faire, ainsi que pourrés voir par ce que cy-après s’ensuit.
» Ici après s’ensuit la forme et manière comment un tournoi doit estre entrepris, et pour le bien et honorablement, et à son droit être faict et accompli y fait garder l’ordre cy-après déclaré.
» 1° Qui veut faire un tournoi faut que ce soit quelque Prince, ou du moins Haut Baron, ou Baneret, lequel doit faire ainsi que cy-après sera divisé.
C’est à savoir que ledit Prince doit premièrement envoyer secrètement devant le Prince à qui il veut faire présenter l’espée pour savoir si c’est son intention de l'accepter ou non, pour faire peus après les cérémonies qui appartiennent, comme cy-après s'ensuit, au cas qu’il la voudra accepter. C’est à savoir que ledit Prince voyant toute sa Baronnie, ou du moins grande quantité de Chevaliers et Escuyers, doit appeler le Roi d’armes (héraut) de la contrée, car à lui appartient devant tous autres Rois d’armes ; et n’y est, en son absence quelque Héraut notable, et en lui baillant une espée rabattue (sans tranchant), de quoy on tournoye, lui doit dire les paroles qui s’ensuivent ; mais pour mieux en faire entendre la façon, sera ici pris par similitude le Duc de Bretagne pour appelant de l’un des costés, et le Duc de Bourgogne pour défendant de l’autre ; et pour tous blazons nécessaires pour ce présent tournoi, ne m aiderai que de blazons à plaisance. Ainsi donc s’ensuivent les paroles que dira ledit Seigneur, Duc de Bretagne, appellant audit Roi d’armes en lui baidant une espée de tournoi :
« Roi d’armes, tenés cette espée, et allés devers mon cousin le duc de Bourbon, lui dire de par moi, que pour sa vaillance, prudhomie et grande chevalerie qui est en sa personne, je lui envoyé cette espée en signifiance que je querelle et demande à frapper un tournoi et behourdis d’armes (tournoi à la lance) contre lui, en la présence de Dames et Damoiselles et de tous autres, un jour nommé et en un lieu à ce faire idoine et convenable, duquel tournoi lui offre pour Juges-Diseurs, de huit Chevaliers et Escuyers, les quatre, c’est à savoir, tels pour Chevaliers et tels pour Escuyers, lesquels Juges-Diseurs assigneront le temps et le lieu, et se feront faire et ordonner la place. »
» Et faut noter que ledit Seigneur appellant doit toujours eslire des Juges la moitié, c’est à savoir deux du pays du Seigneur défendant, et les deux autres de son pays ou d’ailleurs à son plaisir, et faict-on volontiers les Juges des plus notables, honorables et anciens Barons, Chevaliers et Escuyers, qui ont plus vu et voyagé, et qui sont réputés les plus sages et mieux connaissants en fait d’armes que d’autres.
» Lors ledit Roi d’armes s’en ira devant le Duc de Bourbon défendant, et en la plus grande compagnie et la plus honorable place, hors lieu saint, où il le pourra trouver, lui présentera l’espée, laquelle il tiendra par la pointe, lui disant ainsi :
« Très-haut et très-puissant Prince et très doué Seigneur, très-haut et très-puissant Prince, et mon très-redouté Seigneur le Duc de Bretagne, vostre Cousin, m’envoye par devers vous pour la très-grande chevalerie et los de prouesse qu’il sait être en vostre très-noble personne, lequel en tout amour et bien volence, et non pas par nul mal talent, vous requiert, et querelle de frapper un tournoi et behours d’armes devant Dames et Damoiselles, laquelle chose et en signifiance de ce, il vous envoye cette espée propre à ce faire. »
» Et lors le Roi d’armes présentera audit Duc de Bourgogne ladite espée, et s’il étoit survenu telle affaire ou nécessité qu’il ne pût accomplir ledit tournoi ne y entendre, pour lors il pourra répondre en soi, excusant en la manière qui s’ensuit :
« Je remercie mon Cousin de l’offre qu’il me faict, et quant aux grands biens qu’il cuide estre en moi, je voudrois bien qu’il plût à Dieu qu’ils fussent tels, mais moult il s’en faut dont il me poingt. D’autre part, il y a en ce royaume tant d’autres Seigneurs qui ont mieux mérité cet honneur que moi, et bien le sauront faire, pourquoi je vous prie que m’en veuillez excuser envers mondit Cousin, car j’ai des affaires à mener afin qu’ils touchent fort mon honneur, lesquelles nécessairement, devant toute autre besogne, il me faut accomplir. Si lui plaise en ce avoir mon excuse pour agréable, en lui offrant, entre autres choses, tous les plaisirs que je lui pourrois faire. »
Item, S’il accepte le tournoi, il prend l’espée de la main du Roi d’armes :
« Je ne l’accepte pas pour nul mal talent, mais pour aidier à mondit Cousin faire plaisir, et aux Dames esbatement. »
Et après qu’il aura prinse l’espée, le Roi d’armes lui dira ces paroles :
« Très-haut et très-puissant Prince et très-redouté Seigneur, très-haut et très-puissant Prince et mon très-redouté Seigneur le Duc de Bretagne, votre Cousin, vous envoye ici les blazons de huit Chevaliers et Escuyers en un rôle de parchemin, à celle fin que de huit en eslisiez quatre de ceux qui mieux vous seront agréables pour Juges-Diseurs. »
Cela dit au Duc par le Roi d’armes, il lui montrera ledit rôle de parchemin, lequel il prendra et regardera les blazons à son plaisir, puis répondra audit Roi d’armes :
« Quant aux Juges-Diseurs dont vous me montrés ici les blazons, les Seigneurs de tel lieu et de tel me plaisent très-bien pour Chevaliers, s’il leur plaît ; et les Seigneurs de tel lieu et de tel aussi pour Escuyers, et pour ce vous leur porterés lettres de créance de ma part, et aussi prierés à mon Cousin le Duc de Bretagne qu’il leur veuille écrire de la sienne part, qu’ils soient contents de ce accepter, et que, le plus tôt qu’il leur sera possible, me fassent savoir le jour dudit tournoi et le lieu aussi.
Nota. Que incontinent que ledit Duc de Bretagne aura eslu les quatre Juges-Diseurs que le Roi d’armes doit envoyer à toute diligence deux poursuivants, l’un devers le Seigneur appellant pour avoir les lettres aux Seigneurs-Diseurs, s’ils pensent qu’ils doivent estre loin l’un de l’autre, en leur suppliant par ces lettres qu’ils se veuillent tirer ensemble en aucune bonne ville qu’ils aviseront, afin que, honorablement, il leur présente les lettres desdits Seigneurs appellant et défendant.
» Cela faict, fera bailler le Duc de Bourbon, au Roi d’armes, deux aulnes de drap d’or, ou de velours velouté, ou satin figuré, cramoisi du moins, sur lequel il fera mettre les deux Seigneurs chefs des tournois, faits en peinture sur une grande peau de parchemin, à cheval, ainsi comme ils seront audit tournoi armoiés et timbrés, et attachera ledit parchemin, sur ladite pièce de drap d’or, velours ou satin, et en tel état la prendra : le Roi d’armes la mettant en guise d un manteau noué sur la dextre épaule, et, avec le bon ongié du Duc, s’en ira devers les Juges-Diseurs ; et quand il sera devers eux, ayant lettres des deux Ducs appellant ou défendant avec ladite pièce de drap sur les épaules, ainsi que dit est, et dessus icelui parchemin, où seront peints les Seigneurs à cheval armoiés et timbrés, ainsi que ci-devant est dit ; leur présentera les lettres, c’est à savoir une de par l’appellant, et l'autre de par le défendant ; lesquelles sont narratives des susdites, et aussi contiendront créance ; c’est à savoir qu’ils veulent être Juges-Diseurs dudit tournoi par eux emprins, puis leur dira les paroles que cy après suivent !
Proclamation de début du tournoi
gravure faisant partie de l'Album de tournois de Nüremberg (anonyme).
Original conservé et numérisé par gallica.bnf.fr / BnF et retravallé par mes soins
« Nobles et douptés Chevaliers, honnourés et gentils Escuyers, très-hauts et très-puissants Princes, les Ducs de Bretagne et de Bourbon, mes très-redoutés Seigneurs, vous saluent, et m’ont chargé de bailler ces lettres de par eux, qui, en partie, sont de créance, laquelle vous saurez, puis après que vous aurez lu les-dites lettres, et à telle heure qu’il vous plaira. » Après qu’ils auront lu, ou fait lire leurs lettres, et lorsqu’ils demanderont et requerront d’oïr la créance, ledit Roi d’armes la leur dira tel qu’il s’ensuit :
« Nobles et douptés (redoutés) Chevaliers, honnourés et gentils Escuyers, je viens vers vous, pour vous aviser, requérir et notifier de par très-hauts et très-puissants Princes, et mes très-redoutés Seigneurs les Ducs de Bretagne et de Bourbon,que sur le plaisir que leur désirés faire, vous veuillés prendre la charge de ordonner et estre Juges-Diseurs d’un très-noble tournoi et behourdis d’armes qui, nouvellement en ce royaume par eux, a été emprins, lesquels Seigneurs d’un commun assentiment sur tous austres, vous ont sur ce choisis et eslus par la grande fame de prudhomie, renommée de sens et los de vertu qui, de longtemps, continuent en vos nobles personnes, si ne veuillés de ce estre refusants, car moult bien pourra en suir.
Et tout premièrement, en pourra-t-on mieux connoître lesquels sont d’ancienne noblesse venus, et extraits, par le porteurs armes ou eslevement de timbres.
2° Ceux qui auront contre honneur failli, seront châtiés tellement qu’une autre fois se garderont de faire chose mal séante à l’honneur.
3° Chacun y apprendra de l’espée à frapper en soi habilitant à l’exercice d’armes.
4° Par adventure, pourra-t-il arriver que tel jeune Chevalier ou Escuyer par bien y faire, y enquerre merci grâce, ou augmentation d'amour, de sa très-gente Dame et Maîtresse ? Si vous requiers encore de rechef de par mesdits très-redoutés Seigneurs, mes nobles et doubtés Chevaliers, honnourés et gentils Escuyers que de tant de tels,et si hauts biens, vous veillés estre principale occasion, en telle manière que, par vos sens, ordre et conduite, la chose sorte en effet et par façon que renommée et bruit par tout puisse aller de maintenir noblesse et accroître honneur, afin qu’au plaisir de Dieu chacun Gentilhomme dorénavant puisse estre désireux de continuer plus souvent l’exercice d'armes.
Lors lesdits Juges-Diseurs, s’ils veulent accepter l’offre, pourront répondre en la forme et manière qui s’ensuit.
« Nous remercions très-humblement nos très-redoutés Seigneurs de l’honneur qu’ils nous font, de l’amour qu’ils nous portent, de la fiance qu’ils ont en nous, et combien qu’il y ait en ce royaume assez d’austres Chevaliers et Escuyers, qui, trop mieux que nous, sauroient deviser et mettre en ordre un si noble faict, comme celui d’un tournoi, néanmoins pour obéir à nosdîts très-redoutés Seigneurs, nous offrons de bon cœur à les obéir et servir, en acceptant la charge que ci-devant nous avez déclaré, pour y faire à nos loyaux pouvoirs, tout le bien que possible, nous sera d’y faire en ce monde, en employant tout nostre entendement et la peine de nos corps si loyaument que ce par cas d’adventure de nostre costé, il y avoit erreur, dont Dieu nous gard, ce sera plus par simplesse que par vice, nous soumettant toujours à la correction, bon plaisir, et voulente de nostre très-redouté Seigneur. »
Lors le Roi d’armes doit remercier lesdits Juges-Diseurs et les requérir que, comme Juges, il leur plaise ordonner le lieu et le jour du tournoi, afin qu’il puisse crier, ainsi qu’il appartient.
» 1° A la cour du Seigneur appelant, 2° à celle du Seigneur défendant, 3° et à la cour du Roi et ailleurs, où il sera advisé par lesdits Juges-Diseurs, et si ledit Roi d’armes ne pouvoit ou ne vouloit y aller en personne, il pourra y envoyer un poursuivant, mais à la cour des deux Seigneurs chefs du tournoi et à celle du Roi, il faut qu’il y aille en personne : s’ensuit la forme dans laquelle on doit crier le tournoi, d’abord le roi d'armes doit estre accompagné de trois ou quatre Hérauts et Poursuivants.
Aussitôt que les Juges-Diseurs ont accepté la charge, le Roi d’armes fera pendre les quatre écus des quatre Juges-Diseurs aux, quatre cornières dudit parchemin, ceux des Chevaliers en haut et les autres en bas.
Les préliminaires du tournoi : Héraut à cheval
gravure faisant partie de l'Album de tournois de Nüremberg (anonyme).
Original conservé et numérisé par gallica.bnf.fr / BnF et retravallé par mes soins
Ensuite l’un des Poursuivants qui aura la plus haute voix criera par trois fois : Oyez ! oyez ! oyez !
On fait savoir à tous Princes, Seigneurs, Barons de Champagne, de la Marche de Flandres, et de la Marche de Ponthieu, Chefs des Poyers de la Marche de Vermandois et d’Artois, de la Marche de Normandie, de la Marche d’Aquitaine et d’Anjou, de la Marche de Bretagne et aussi de Corbie, et à tous austres de quelconque Marche qu’ils soyent de ce royaume et de tous austres royaumes elpetiens, s’ils ne sont bannis ou ennemis du Roi nostre Sire, à qui Dieu doint bonne vie, que tel de ce mois, et en tel lieu de telle place, sera un grandesime pardon d’armes, et très-noble tournoi, frappé de masses de mesure, et espées rabattues, en harnois propre pour ce faire, en timbres (casque), cottes-d’armes, et houssures de chevaux armoiés des armes des nobles tournoyeurs, ainsi que de toute ancienneté et de coutume. Du-quel tournoi sont chefs très-hauts et très-puissants Princes et mes très-redoutés Seigneurs le Duc de Bretagne pour appellant, et le Duc de Bourbon pour défendant. Et pour ce faict ou de rechef savoir à tous Princes, Seigneurs, Barons, Chevaliers et Escuyers, des Marches ci-dessus, et austres de quelque nation qu’ils soyent non bannis ou ennemis du Roi nostre Seigneur, qui auront vouloir ou désir de tournoyer pour acquérir honneur, qu’ils portent de petits écussons que cy-présentement donneroit, afin qu’on connaisse qu’ils sont des tournoyeurs, et pour ce en demande qui en voudra avoir, lesquels écussons sont écartelés des armes desdits quatre Chevaliers et Escuyers Juges-Diseurs dudit tournoi ; et audit tournoi, il y aura de nobles et riches prix donnés par les Dames et Damoiselles d’honneur.
Chevaliers allemands aux heaumes richement ornés
gravure faisant partie de l'Album de tournois de Nüremberg (anonyme).
Original conservé et numérisé par gallica.bnf.fr / BnF et retravallé par mes soins
En outre, j’annonce, entre vous tous, Princes, Seigneurs, Barons, Chevaliers, et Escuyers qui avès intention de tournoyer, que vous estes tenus de vous rendre ès-héberge, le quatrième jour devant le jour dudit tournoi, pour faire blazons fenestres, sur peine de non estre reçus audit tournoi, et ceci, vous fais-je à savoir de par Messeigneurs les Juges-Diseurs, et me pardonniés, s'il vous plaut, les armes desquelles on sera armé seront celles-ci :
» D’abord le timbre (dessus du casque) doit estre sur une pièce de cuir bouilli, la-quelle doit estre bien faultrée d'un doigt d’espée, ou plus par le dedans, et doit contenir tout le sommet du heaulme (casque), et sera couverte d’un lambequin (ornement qui pend du casque) armoié des armes de celui qui le portera, et sur ledit lambequin, au plus haut du sommet, sera assis ledit timbre, et autour d’icelui y aura un tortile des couleurs que voudra ledit tournoyeur, du gros du bras, ou plus ou moins à son plaisir,
Item. Le heaulme est en façon d’un baschinet ou d’une capeline, excepté que la visière est austrement.
» Item, Le harnois du corps est comme une cuirasse, ou comme un harnois à pied, qu’on appelle tonnelet, et aussi peut-on, si l’on veut, tournoyer en brigandine, mais en quelque façon de harnois large et si ample, qu’on puisse dessous un pourpoint ou corselet, et faut que le pourpoint soit faultré de trois doigts d’espée, sur les espaules et au long des bras, jusqu’au col et sur le dos, pour que les coups de masse et des espées descendent plus volontiers, ès endroits susdits qu’en autres lieux.
De la mesure et façon des espées et masses, il n’y a pas trop à dire, fors de la largeur et longueur de la jumelle, car elle doit estre large de quatre doigts, afin qu’elle ne puisse passer par la vue du heaulme, et doit avoir les deux tranchants larges d’un doigt d'espée, et afin qu’elle ne soit pas trop pesante, elle doit estre fort voidée par le milieu, et morse par devant, et tout d’une venue se bien pou, non depuis la croisie si jusqu’au bout, et doit estre la croisie si courte, qu’elle puisse seulement garantir un coup qui, par cas d’adventure, descendroit ou viendroit glissant le long de l’espée, jusque sur les doigts, et toute doit estre aussi longue que le bras, avec la main de celui qui la porte ; et la masse par semblable, et doit avoir ladite masse une petite rondelle bien élouée devant la main pour icelle garantir, et peut qui veut attacher son épée ou sa masse à une déliée chaîne, tresse ou cordon autour du bras, ou à la ceinture, afin que si elles échappaient de la main, on les put recouvrer sans cheoir à pied.
Tournoi au 15ème siècle - affrontement à l'épée
gravure extraite de 'L'Univers - France - M. Lemaitre - 1845 - collection personnelle
Cettre gravure
de Vernier, est une reprise de l'original en couleur de René d'Anjou (haut de page).
L'artiste est resté globalment fidèle au modèle, mais a rendu, par exemple, plus vivantes les têtes des chevaux.
(voir détails par zoom, en fin de page)
Au regard de la façon des pommeaux des espées,cela est à plaisir, et la grosseur des masses et la pesanteur des espées doivent estre revisées par les Juges la veille du jour du tournoi, lesquelles doivent être signées d’un fer chaud par lesdits Juges, afin qu’elles ne soyent point d’outrageuse pesanteur ni longueur.
Les harnois des jambes sont comme on les porte à la guerre, fors que les plus petites gardes sont les meilleures, et les sorlers y sont très-bons contre la pointe des esperons.
Les plus courts espérons sont plus convenables que les longs afin qu’on ne les puisse arracher ni détordre hors des pieds dans la presse.
La cotte d’armes doit estre faicte comme celle d’un Hérault, à la réserve qu’elle doit estre sans plis par corps, afin qu’on connoisse mieux de quoi sont les armes. »
« En Brabant, Flandres et Hainault, et en ce pays là vers les Allemagnes, ont accoutumé deulx armes de la personne autrement au tournoi, car ils prennent un demi-pourpoint de deulx toiles au défaut du corps en bas, et l’autre sur le ventre, et sur cela mettent une brasse grosse de quatre doigts d’espée et remplie, de sur quoi ils arment les avant-bras, et les bras de cuir bouilli. Il y a des menus bâtons, cinq ou six, de la grosseur d’un doigt, et collés dessus, qui vont tout au long du bras jusqu’au poing ; et quand pour l’espaule et pour le coude sont faicts les garde-bras et avant-bras de cuir bouilli, et sont dedans bien feutrés, et de l’un en l’autre est une toile double cousue qui les tient ensemble comme manches de mailles, puis ont une bien légère brigandine dont la poitrine est perteusée ; quant à leurs armures de teste, ont un grand baschinet à camail dessus la brigandine, tout autour à la poitrine, et sur les épaules à fortes aiguillettes, et par-dessus mettent un grand heaulme fait d’une venue, lequel heaulme est volontiers de cuir bouilli et pertuisé dessus à la largeur d’un tranchoir de bois, et la vue en est barrée de fer de trois doigts, lequel est seulement attaché devant à une chaîne qui tient à la poitrine de la brigandine, en façon qu’on la peut jetter sur l’arçon de la selle pour se rafraîchir et le reprendre quand on veut, et pendant qu'on a ledit heaulme hors la teste, nul n’ose frapper jusqu’à ce qu’on l’ait remis en teste ; sur lequel heaulme on met le lambequin des armes du tournoyeur, attaché à l’aiguillette, et sur la brigandine mettent la cotte d’armes. Au regard de leur selle, elles sont de la hauteur dont on les portoit à la joute anciennement en France, et les pissières (housse arrière du cherval) et le chanfrain de cuir (casque de cheval) ; au regard de leurs masses, espées et harnois de jambes, elles sont semblables à celles ci-dessus.
Outre, plus y est nécessaire une façon de hourt (partie centrale de la housse du cheval) qu’on attache devant, à l’arçon de la selle, tant haut que bas en plusieurs lieux, et descend le long des aulnes de la selle devant, en embrassant la poitrine du cheval ; lequel hourt est bon pour garantir le cheval ou destrier d’espauler contre le hourt quand on vient de choc, et préserve aussi la jambe du tournoyeur de toute entorse.
Ce hourt est faict de paille longue, entre toiles, fort pourpointées de cordes de fouet, et dedans y a un sac plein paille en façon de croissant, attaché audit hourt, afin qu’il ne heurte pas contre les jambes du cheval, et en outre ledit pourpointement y a qui veut bâton cousu dedans, qui se tiennent roide sans gainchir.
Item. On couvre ledit hourt d’une couverture armoiée des armes du Seigneur qui le portent faicte de broderie.
Tournoi au 15ème siècle - Serment des trounoyeurs
Original conservé et numérisé par gallica.bnf.fr / BnF et retravallée par mes soins (le pli cental a été pesque effacé)
gravure extraite du 'Traité de la forme et devis comme on peut faire les tournois.' - René d'Anjou - 1401
Les lices (palissades) doivent estre un quart plus longues que larges, et de la hauteur d'un homme ou d’une brasse et demie de fort merrain (bois de chêne) et pal carré a deux travers, l’un et l’autre bas jusqu’au genou, et doivent estre doubles. Une autre lice par dehors à quatre pas près des autres premières lices, pour rafraischir les serviteurs à pied et les sauver hors la presse, et là dedans doivent se tenir gens armés, commis par les Juges, pour garder les tournoyeurs de la foule du peuple ; et quant à la grandeur de la place des lices, il les faut faire grandes ou petites, selon la quantité des tournoyeurs et par l’avis des Juges.
Voici commet tournoyeurs doivent entrer en la ville où se doit faire le tournoi. D’abord les Princes, Seigneurs ou Barons qui voudront déployer leurs bannières au tournoi, doivent estre accompagnés pour leur entrée, de la plus grande quantité de Chevaliers et Escuyers qu’ils pourront fixer.
Le destrier du Prince, Seigneur ou Baron, chef des autres Chevaliers ou Escuyers qui l’accompagnent, doit estre le premier en entrant dans la ville en couverte de la devise du Seigneur, et quatre escussons de ses armes aux quatre membres du cheval : la teste emplumée de plumes d’autruche, et au col le collier de clochettes : un bien petit page tout à dos ou selle, et après ledit destrier doivent entrer ceux des autres Chevaliers et Escuyers tournoyeurs de sa compagnie, deus à deus, ou chacun par soi à leur plaisir, ayant toutes voyes, leurs armes ez quatre membres de leurs chevaux, et après lesdits destriers doivent aller les trompettes et menestriers cornants et sonnants, ou autres instruments qu’il leur plaira, et puis après leurs Héraults ou Poursuivants, ayant leur cotte d’armes vêtu, et après eux lesdits Chevaliers et Escuyers tournoyeurs avec leur suite de tous autres gens.
Dès qu’un Seigneur ou Baron est arrivé au hébergement, il doit faire de son blazon fenestre, et pour ce faire mettre par les Hérauts et Poursuivants, devant son logis, une longue planche attachée contre le mur, sur laquelle sont peints les blasons, et à la fenestre haut de son logis fera mettre sa bannière déployée pendant sur la rue, et pour ce faire lesdits Poursuivants doivent avoir quatre sols parisis pour chaque blazon et bannière, et sont tenus de fournir clous et cordes, et les chefs du tournoi en font autant que les Seigneurs ou Barons, fors qu’aux fenestres de leurs hôtels ils mettent leurs pennons déployés avec lesdites bannières, et les Barons et les Seigneurs qui feront de leurs bannières fenestres seront tenus de faire clouer cinq blazons au moins avec leur bannière pour raccompagner.
Les armes du tournoi à Nuremberg
gravure faisant partie de l'Album de tournois de Nüremberg (anonyme).
Original conservé et numérisé par gallica.bnf.fr / BnF et retravallé par mes soins
On voit bien ici que les lances utilisées dans les tournois sont mouchetées
Les Juges-Diseurs doivent faire leur entrée ainsi qu’il suit : d’abord ils doivent avoir devant eux quatre trompettes sonnantes portant chacun ia. bannière de l’un des Juges-Diseurs ; après les quatre trompettes, quatre Poursuivants portant chacun une cotte d’armes des Juges, armoiée comme les trompettes ; ensuite doit aller seul le Roi d’armes, ayant sur sa cotte d'armes la pièce de drap d’or, velours ou satin cramoisi, et dessus icelle le parchemin des blazons.
Et après ledit Roi d’armes doivent aller pair à pair les deux Chevaliers Juges-Diseurs, sur beaux palefrois couverts chacun de ses armes jusqu’en terre, et doivent estre vestus de longues robes, les plus riches possibles, et les Escuyers après eux ; pareillement doit avoir chacun des Juges un homme à pied ayant la main à la bride du destrier, et doit avoir chacun une verge blanche à la main, de la longueur d’eulz, qu’ils porteront droite amont, laquelle verge ils doivent porter à pied et à cheval durant toute la feste. Est à noter que le Seigneur appellant et le Seigneur défendant sont tenus d’envoyer devant lesdits Juges-Diseurs, dès qu’ils seront arrivés, chacun l’un de ses maistres d’hôtel avec de leurs gens de finance, lesquels auront soin de faire faire et payer tout ce qui sera avisé nécessaire par lesdits Juges.
Tournoi au 15ème siècle - Rassemblement des tournoyeurs
Original conservé et numérisé par gallica.bnf.fr / BnF et retravallée par mes soins (le pli cental n'a pas été effacé)
gravure extraite du 'Traité de la forme et devis comme on peut faire les tournois.' - René d'Anjou - 1401
Lesdits Juges doivent tenir leur état ensemble pendant la feste, et s’il leur est possible en lieu de religion et où il y ait cloître, comme étant le lieu le plus convenable pour asseoir de rang les timbres (casques) des tournoyeurs, pour que le lendemain du jour que les tournoyeurs et eux seront arrivés aux héberges, chacun des tournoyeurs y fasse apporter son timbre et les bannières pour estre revisées et montrées aux Dames, et départies par les Juges, lesquels doivent devant leur héberge faire mettre une toile à la hauteur de trois brasses et de deus de large, où soyent pourtraites les bannières des quatre Juges que le Roi d’armes qui aura crié la feste embrasse ; et dessus au chef de ladite toile seront mis en écrit les deus noms des chefs du tournoi, et au bas desdites bannières seront escrits les noms, surnoms, seigneuries, titres et offices des quatre Juges-Diseurs. Au soir de la venue des tournoyeurs et Juges-Diseurs, toutes les Dames et Damoiselles se rassembleront après souper dans une grande salle, où viendront les Juges-Diseurs avec leurs verges blanches et leurs trompettes sonnantes, et les Poursuivants devant eus, ainsi le Roi d'armes ; dans le même ordre comme ils seront entrés dans la ville, en laquelle salle ils trouveront leur lieu paré ; et là se rendront aussi tous austres Chevaliers et Escuyers, et lors par l’ordonnance des Juges se commenceront les danses, et après qu’on aura dansé quelque demi-heure, les Juges-Diseurs feront monter leurs Poursuivants et Rois d’armes sur l’échafaud, où lès ménestrels cornent, pour crier : Or oyez ! or, oyez ! or oyez ! et après ledict Roi d’armes dira :
« Très-hauts et puissants Princes, Ducs, Comtes, Barons, Seigneurs, Chevaliers et Escuyers aux armes appartenants, je vous notifie de par mes Seigneurs les Juges-Diseurs, que chascun de vous doive demain à l’heure de midi faire apporter son heaulme tymbre avec lequel il doit tournoyer, ainsi que ses bannières à l’hôtel de mes Seigneurs les Juges, afin qu’à une heure après midi ils puissent commencer à les despartir, après quoi les Dames les viendront voir et visiter, pour en dire leur bon plaisir aux Juges. Et pour le jour de demain, austre chose ne se fera, sinon les danses après souper comme aujourd’huy. »
Après ledict cri commenceront les danses, et dureront tant qu'il plaira aux Juges ; puis feront apporter vin et épices, et se terminera la feste pour le premier jour.
Valets de tournoi avec leurs bâtons-massues
gravure faisant partie de l'Album de tournois de Nüremberg (anonyme).
Original conservé et numérisé par gallica.bnf.fr / BnF et retravallé par mes soins
Le lendemain à l’heure dicte se porteront les bannières, pennons et tymbres du tournoi audict cloître pour les présenter aux Juges, et de même toutes les austres bannières et heaulmes tymbres, dans l'ordre qui suit :
D’abord les bannières de tous Princes se doivent apporter par leurs premiers valets ou escuyers-tranchants, et celles des austres Bannerets par leurs gentilshommes, ainsi qu’il leur plaira ; les heaulmes des Princes se doivent apporter par leurs Escuyers, et ceux des austres Bannerets par leurs gentilshommes ou honnestes valets ; quand tous les heaulmes seront ainsi mis et ordonnés pour les despartir, viendront toutes Dames et Damoiselles et tous Seigneurs, Chevaliers et Escuyers, les visitant d’un bout à l’austre en présence des Juges, et y aura un Hérault ou Poursuivant qui dira aux Dames les noms de ceus à qui sont les tymbres, afin que s’il y en a nul qui ait Dames médit, elle touche son tymbre, et qu'il soit le lendemain pour recommandé ; toutefois nul ne doit estre battu audict tournoi sans l’ordonnance des Juges, et si le cas bien desbattu il y a esté jugé qu’il méritoit punition,alors doit estre si bien battu le médisant, que ses épaules s’en sentent, et qu’il ne soit pas tenté de médire une autrefois.
Outre la recommandation des Dames, il y a certains cas plus griefs que de médire d'elles, et pour lesquels la punition est due à ceux qui les ont commis.
Le premier et le plus grave est quand un gentilhomme est trouvé faux et menteur de promesse, spécialement en cas d’honneur ; le second, quand il est usurier public, et preste à interest manifestement ; le troisième, lorsqu’il épouse une femme roturière et non noble, desquels cas les deus premiers ne sont pas remissibles. S’il vient auscun au tournoi qui ne soit pas gentilhomme ou noble de toutes ses lignes, et que de sa personne il soit vertueux, il ne sera pas battu pour la première fois, si ce n’est des Princes et grands Seigneurs qui sans lui faire mal se joueront à lui de leurs épées et masses, comme s’ils le voulaient frapper ; ce sera pour lui un grand honneur, et ce sera signe que par sa grande bonté et vertu, il mérite à l’avenir d’estre admis au tournoi sans qu’on lui puisse rien dire. La punition pour les deus principaux griefs ci-dessus est celle qui suit : Tous les autres Seigneurs, Chevaliers ou Escuyers du tournoi qui le tiennent en tournoyant, se doivent arrester sur lui, et tant le battre qu’ils lui fassent dire quil donne cheval (qui veut dire je me rends). Lorsqu’il aura donné son cheval, les austres tournoyeurs doivent faire couper les sangles de sa selle par leurs gens tant à pied qu’à cheval, et faire porter le malfaiteur à toute sa selle et le mettre à cheval sur les barres des lices, et là le faire garder tellement qu’il ne puisse descendre en couler en bas jusqu'à la fin du tournoi, et son cheval doit estre donné aux trompettes et ménestrels. La punition du troisième cas est que ceux qui en sont convaincus doivent estre battus tellement qu’ils doivent donner leurs chevaux ; mais on ne doit pas leur couper les sangles ni les mettre à cheval sur les barres de la lice, mais on leur doit ôter les resnes de la bride de leurs chevaux hors les mains et hors du col du cheval, et jetter leurs masses et espées à terre, puis doivent être baillés pat la bride à un Héraut ou Poursuivant, pour les mener à un des corniers des lices, et les garder comme prisonniers jusqu’à la fin du tournoi ; s’ils vouloient fuir ou s’échapper, on les doit battre derechef et leur couper les Sangles, les mettant à cheval sur la lice.
La punition de celui qui a médit des Dames, en chargeant leur honneur sans cause ni raison, est d’estre battu par les autres Chevaliers et Escuyers, tant si longuement qu’il crie merci aux Dames, à haute voix, promettant que jamais il ne lui arrivera d’en médire.
Chevaliers allemands harnachés pour un tournoi
gravure faisant partie de l'Album de tournois de Nüremberg (anonyme).
Original conservé et numérisé par gallica.bnf.fr / BnF et retravallé par mes soins
Quand la despartition des heaulmes et bannières sera faicte par les Juges-Diseurs, chascun des serviteurs qui aura porté lesdits heaulmes et bannières audit hôtel les rapportera chez son maistre dans le même ordre qu’il les aura apportés, et pour ce jour ne sera faict autre chose, sinon qu’après le souper les danses comme la veille, et après la première ou seconde danse, les Poursuivants ou Rois d’armes feront le cri suivant :
« Hauts et puissants Princes, Barons,Chevaliers et Escuyers qui avés aujourd’hui envoyé présenter à messires les Juges-Diseurs et aux Dames vos tymbres et bannières, qui ont esté resparties par esgale portion sous les bannières et pennons de très-haut et très-puissant Prince, et mon très-redouté Seigneur, le Duc de Bretagne appellant, et mon très-redouté Seigneur le Duc de Bourbon défendant, mes Seigneurs les Juges-Diseurs font à savoir que demain, à une heure après midi, le Seigneur appellant avec son pennon seulement, vient faire sa montre sur les rangs, accompagné de tous les austres Chevaliers et Escuyers qui lui ont esté despartis, ez couvertes et armoiés de leurs armes et leurs corps sans armure, habillés le plus joliment qu’ils pourront, afin que mesdits Seigneurs les Juges prennent la foy desdits tournoyeurs ; après quoi ledit Seigneur appellant, ayant sa montre et estant retourné sur les rangs à deus heures, le Seigneur défendant viendra faire la sienne, qu’il n’y ait faute. »
A l’heure qu’il y devra venir, après dîner, les Héraults et Poursuivants vestus de leurs cottes-d’armes, iront criant dans la ville, devant les hesberges des tournoyeurs : Aux honneurs, seigneurs Chevaliers et Escuyers ! aux honneurs, aux honneurs ! et lors, chaque tournoyeur monte sur son cheval, armé de ses armes et gentiment habillé, sans harnois, un tronçon de lance ou baston à la main, ayant le Banneret avec lui. Celui qui portera la bannière, la portera sans estre desployée ; les valets à pied et à cheval, aussi sans armes, raccompagneront jusqu’à l’hôtel de leurs chefs, où il viendra accompagner son pennon sur les rangs et sur les lices ; le défendant en fera autant après la retraite de l’appellant.
Suit la façon dont les Juges-Diseurs doivent faire la promesse aux Princes, Seigneurs, Barons, Chevaliers tournoyeurs. Le Hérault des Juges dira aux tournoyants : « Hauts et puissants Princes, Seigneurs, Barons, Chevaliers et Escuyers, s’il vous plaict vous tous et chascun de vous, leverés la main destre vers les saints et jurerés par la foi et serment de vos corps et sur vostre honneur, que nul d’entre vous ne frappera audit tournoi d’estoc, ni aussi depuis la ceinture en aval, de quelque façon que ce soit, ni aussi ne boutera ni ne tirera nul, s’il n’est recommandé ; et d’austre part, si par adventure, le heaulme chéoit de la tête à quelqu’un, austre ne lui touchera jusqu’à ce qu’il ait esté remis et lacé ; en vous soumettant, si austrement le faictes à votre escient, de perdre armure et destrier, et estre criés bannis du tournoi pour une austre fois ; de tenir aussi ledit et ordonnance en tout et par tout, tel comme mes Seigneurs tes Juges-Diseurs ordonneront la punition des deslinquants, et ainsi vous le jurés et promettés par la foi et serment de vos corps et sur vostre honneur. »
A quoi ils répondront : « Oui, oui. »
Cela faict, le défendant entrera dans les lices pour aire sa montre. Après le souper, les danses comme à l’ordinaire, et après quelques danses le Roi d’armes montera sur l’échafaud des ménestrels et fera crier par les Poursuivants : Or oyez, or oyez, or oyez, puis dira :
« Hauts et puissants Princes, Comtés, Seigneurs, Barons, Chevaliers et Escuyers qui estes au tournoi parties, je vous fais à savoir de par mes Seigneurs les Juges-Diseurs, que chacune partie de vous soit demain dans les rangs, à l’heure de midi en armes, et prest pour tournoyer, car à une heure après midi feront les Juges couper les cordes pour commencer le tournoi, auquel il y aura de riches et nobles dons distribués par les Dames. En outre je vous avisé que nul d’entre vous ne doit mener dans les rangs varlets à cheval pour vous servir, outre la quantité, c’est-à-dire quatre varlets pour Prince, trois pour Comte, deus pour Chevalier, et un pour Escuyer ; et de varlets à pied, chascun à son plaisir, car ainsi l’ont ordonné les Juges. »
Cela faict, les Juges viendront devers les Dames, en esliront deus des plus belles et des plus grandes maisons, et les mèneront avec torches, Héraults et Poursuivants, derrière lesquels Jugea obtiendra un long couvre-chef de plaisance, brodé, garni et papilloté d’or, et ainsi feront faire aux Dames le tour de la salle, les tenant par dessous les bras, tant et si longuement, qu’elles trouveront un Chevalier ou Escuyer desdits tournoyeurs, que les Juges auront avisé auparavant pour lui faire tous austres honneurs, devers lèquel les Dames et Juges s’arrésteront ensemble, et lors ledit Roi d’armes dira au Chevalier ou Escuyer :
« Très-noble et doubté Chevalier ou Escüyer, comme ainsi soit que Dames et Damoiselles ont toujours coutumé devoir le coeur piteux, celles qui sont en cette assemblée pour voir le noble tournoi qui demain se doit frapper, doustant qu’en châtiant auscun gentilhomme qui par cas de simplesse pourroit avoirt mespris la rigueur de la justice, ne lui dut estre trop griève et insupportable, et ne voudroient nullement devant leurs yeux voir battre trop rigoureusement qui que ce soit, sans qu’elles ne le pussent nullement aider, ont très-instamment prié et requis à mes Seigneurs les Juges-Diseurs que l’un des plus notables sages, et en tout bien renommé Chevalier et Escuyer, et auquel sur tous austres de cette assemblée mieux honneur seroit du demain de par elles audit tournoi dut porter au bout d’une lance ce présent couvre-chef, afin que quand il y aura auscun trop grièvement battu, et qu’il abaisseroit le couvre-chef sur le tymbre de celui qui combattrait, tous ceus qui le battraient le dussent laisser sans plus oser le toucher de cette heure en avant, pour ce que ce jour-là les Dames le prennent en leur protection et sauve-garde. Si vous ont sur tous austres lesdites Dames choisi pour estre leur Chevalier ou Escuyer d’honneur en prenant cette charge, de laquelle elles vous prient et requièrent que vous veuilles faire, et semblablement font mes Seigneurs les Juges ici présents. »
Puis lui bailleront les Dames le couvre-chef, qu’il baisera, et répondra :
Je remercie humblement Mesdames et Damoiselles de l’honneur qu’elles veulent bien me faire ; et combien qu’elles eussent bien trouvé austres qui mieux l’eussent sçu faire, et qui méritent cet honneur mieux que moi, néansmoins, pour obéir aux Dames, très-volontiers en ferai mon loyal devoir, en les suppliant qu’elles me veuillent toujours pardonner mon ignorance. »
Lors les Héraults et Poursuivants lieront le couvre-chef à une lance qu’ils dresseront amont, et après un Poursuivant la tiendra droite devant le Chevalier ou Escuyer d’honneur, droit ou assis devant la plus grande Dame qui soit à la feste. Alors le Roi d’armes fera faire par un Poursuivant les trois cris : Or oyez, or oyez, or oyez ! puis il dira : « On faict sçavoir à tous Princes,Barons, chevaliers et Escuyers, que le plaisir des Dames a esté d’éslire pour Chevalier ou Escuyer d’honneur, tel, pour les grands biens, honneur, vaillance et gentillesses qui sont en sa personne, cy vous faict commandement de par mes Seigneurs les Juges-Diseurs, et les Dames aussi, que demain où vous verres ledict Chevalier ou Escuyer abaisser ledit couvre-chef de plaisance sur auscun d'entre vous qu’on battroit pour ses desmérites, nul ne soit plus si osé de le frapper ou toucher, car doresnavant les Dames le prennent en leur défense et merci, et s’appelle le couvre-chef merci des Dames."
Puis les danses recommenceront comme les jours précédents. Après que les Dames sont montées en leur échafaud, le Chevalier ou Escuyer d'honneur doit venir sur les rangs avec les Juges, armé de toutes pièces, le heaulme en tête et son cheval en couverte de ses armes, prest pour tournoyer ; la masse et l’espée pendues en la selle, portant la lance où est attaché le couvre-chef, et viendra entre le Roi d’armes et les Juges, ou entre les deux premiers Juges, lesquels doivent entrer dans les lices pour voir si les cordes sont bien et pour ordonner ceus qui les couperont, et ils laisseront entre les deux cordes ledit Chevalier ou Escuyer d'honneur, accompagné de quatre ou six varlets à cheval et autant à pied, ou ainsi qu’il voudra, et doivent les quatre Juges lever le heaulme hors de la tête, et le bailler au Roi d’armes qui le portera devant eus jusqu’à l’échafaud des Dames, auxquelles lesdits Juges le bailleront, puis le Roi d’armes dira : « Mes très-redoutées et honnorables Dames et Damoiselles, voilà vostre humble serviteur Chevalier ou Escuyer d’honneur qui s’est rendu sur les rangs prest pour faire ce que vous lui avés commandé, duquel voici le tymbre que vous ferés, s’il vous plaist, garder en vostre échafaud. »
Lors un gentilhomme ou honeste varlel à ce député audict échafaud des Dames, prendra ledict tymbre et le mettra sur un tronçon de lance de la hauteur d’un homme, de manière que chascun puisse le voir.
Ensuite les Juges s’en iront en leur échafaud, et le Chevalier ou Escuyer d honneur se tiendra entre les cordes et se promènera jusqu’à l’arrivée des tournoyeurs. Une heure avant que le Seigneur appelant doive entrer en lice, il doit envoyer des trompettes à cheval par la ville, pour rassembler tous ceus qui ont été portés de son côté, afin qu’ils puissent tous venir sur les rangs, et le Seigneur défendant en fera autant.
Tournoi au 15ème siècle - chevalier défait à la lance
gravure de Vernier extraite de 'L'Univers - France - M. Lemaitre - 1845 - collection personnelle
Le matin du jour du tournoi chascun des Chevaliers tournoyeurs fera devant l’heure du dîner ce qui lui sera le plus nécessaire, et prendra son repos si bon lui semble, car depuis heures ils n’auront plus le temps de rien faire qu’à se préparer, afin qu’à onze heures ils soient prests et en armes sur les destiers, car à ladicte heure les Héraults et Poursuivants seront tenus d’aller crier devant les logis des tournoyeurs : Lassés, lassés heaulmes, lassés heaulmes, et hors banières pour convoyer la banière du Chef.
Lors chascun des tournoyeurs paroistra en rue, tout prest, et ira à cheval devant le logis du chef ou ailleurs, en quelque place de la rue plus large qui aura été avisée par le Chef, pour convoyer sa banière et faire assembler ses tournoyeurs.
Lorsque tous les tournoyeurs seront arrivés, le Seigneur appellant viendra où ils seront et ils chevaucheront tous ensemble dans l’ordre et de la manière qu’il suit : ils auront avec eus les, Rois d’armes, Héraults ou Poursuivants, grand nombre de trompettes et ménestrels sonnants, et sera le peunon du Seigneur appellant porté devant lui : après le pennon ira le Chef appellant ; à la queue de son destrier sera celui qui portera sa banière, et après lui deus Banerets de front avec deus banières et vingt tournoyeurs. Lorsqu’ils seront devant les rangs, leurs serviteurs jeteront un grand hu ! et après çe, tous les tournoyeurs lèveront jusque sur leurs testes le bras droit, dont ils tiennent leurs espées et masses, par façon de mesnaces de frapper ; cela faict, ils s'en iront à petits pas jusque devant la porte par où ils doivent entrer en lice, et le Hérault du Chef appellant parlera en ces termes aux Juges :
« Mes honorés et doubtés Seigneurs, très haut et très-puissant Prince, et mon tres-redouté Seigneur », le Duc de Bretagne, mon maistre ici présent comme appellant, se vient présenter devant vous avec tout le noble bernaige que vous voyés, lequel avés parti sous sa banière désirant et prest à frapper le tournoi pour vous aujourd'hui à l'encontre de mon très-redouté Seigneur le Duc de Bourbon, et le noble bernaige que vous lui avés pareillement parti ; vous requérant qu’il vous plaise lui deslivrer place à ce faire, afin que les Dames en puissent avoir esbattement."
Deux chevaliers allemands s'affrontant dans un
tournoi avec leur servant muni de gourdin
gravure faisant partie de l'Album de tournois de Nüremberg (anonyme).
Original conservé et numérisé par gallica.bnf.fr / BnF et retravallé par mes soins
Le Hérault qui est en l'échafaud des Juges répondra ainsi :
« Très-haut et très-puissant Prince, et mon très-redouté Seigneur, mes Seigneurs les Juges ici présents ont bien ouï et entendu ce que vostre Hérault leur a dit de par vous ; sur quoi font réponse qu'ils ont vostre présentation pour agréable, et aperçoivent bien le grand désir de valoir qui est en vous, et en la baronie sous vous ici présenta, pour laquelle cause et afin que le tournoi puisse estre joyeusement accompli, ils vous assignent place dedans cette lice, vers la partie droite ; pour ce vous pouvés y entrer de par Dieu quand bon vous semblera. » Cela dict, celui qui porte le pennon du Seigneur appellant, entrera après lui, le Seigneur appellant ; ensuite celui qui portera sa banière ; puis les Banerets avec toutes leurs banières et les tournoyeurs, et s'en iront à petits pas à son de trompe, tandis qu'on ouvrira le passage des lices par lequel ils doivent entrer, lequel ouvert, ils entreront dedans, puis lèveront leurs serviteurs un grand hu ! et les tournoyeurs jetteront leurs bras hauts sur leurs testes, fesant signe de menaces de leurs espées ou masses. Lorsqu'ils seront dans les lices, ils prendront place en leurs quartiers, et là se mettront en bataille dans le meilleur ordre possible, jusque contre la corde qui sera tendue de leur costé. Ceux qui tiendront leurs banières se tiendront à la queue des destriers de leurs maislres, et les autres à cheval qui les serviront seront autour d'eus, et ceus à pied où ils pourront, mais non pas au premier front, où seront leurs maistres.
Tournoi à la lance à Nuremberg
gravure faisant partie de l'Album de tournois de Nüremberg (anonyme).
Original conservé et numérisé par gallica.bnf.fr / BnF et retravallé par mes soins
Le Seigneur défendant observera les mesmes cérémonies que le Seigneur appellant, et quand il sera dans les lices, il se mettra en bataille, fera mettre les banières comme le Seigneur appellant, et les tournoyeurs sous lui jusque contre la corde prochaine d'eus.
Sur les quatre bouts des cordes, y aura quatre hommes qui tiendront chascun une grande hache de charpentier, et le Roi d’armes fera faire une sonnade aux trompettes, laquelle faicte, il criera à haute voix par trois fois : « Soyés prests pour couper cordes, vous qui estes à ce commis, si hurleront à bataille pour faire leur devoir. » Puis se fera un austre cri par le Roi d'armes, lorsque les deus partis seront rangés en bataille et prests pour tournoyer.
« Or oyez, or oyez, or oyez. Mes Seigneurs les Juges prient et requièrent entre vous, mes Seigneurs les tournoyeurs, que nul ne frappe austre d’estoc ni revers, comme vous l’avés promis, ni ne boute ni ne tire, s'il n’est recommandé, et aussi que si d’adventure le heaulme chéoit à auscun de la teste, qu'on ne lui touche jusqu’à ce qu'on le lui ait remis, et que nul d’entre vous ne veuille frapper par haine sur un plus que sur l’autre, si ce n’estoit sur auscun pour ses démérites fut recommandé.
Outre plus, je vous avise que depuis que la trompette aura sonné retraite, et que les barrières seront ouvertes pour plus long-temps demeurer sous les rangs, nul ne gagnera l’emprise après ladicte sonade. »
Les cris ainsi faicts, donneront lesdicts Juges auxdicts tournoyeurs un peu d’espace comme de la longueur de sept palmes ou environ, pour se mettre en ordre ; cela laict, criera ledict Roi d’armes par le commandement des Juges à trois fois : « Coupés cordes et huttés bataille quand vous voudrés. » Lorsque le troisième cri sera faict, on coupera les cordes, et le combat commencera, et durera jusqu’à ce que les trompettes sonnent la retraite.
Pendant le combat, les Héraults et Poursuivants seront entre les deus lices, ainsi que les trompettes, mais qui ne sonneront point, mais crieront les cris des tournoyeurs de ceus qu’ils voudront.
Les deus pennons des deus chefs resteront aux deus bouts des lices. Quand les Juges croiront que le combat a assez duré, ils feront faire une sonnade pour le faire cesser, et feront dire par leur Hérault ou Poursuivant :
« Chevaulchiés banières, despartés-vous des rangs et tournés aux hesberges, et vous, Seigneurs, Barons, Chevaliers et Escuyers tournoyeurs devant les Dames, vous avés tellement faict vos devoirs que désormais vous pouvés en la bonne heure aller et despartir des rangs, car déjà est le prix assigné, lequel sera ce soir baillé par les Dames à celui qui l’a desservi. »
Ledict cry faict, les trompettes de chascune des parties sonneront retraite jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de tournoyeurs dans les rangs, et chascun peut s’en aller en s’entre-battant jusqu’à leurs hesberges, ou sans se battre, comme ils le voudront, et en cet estat finit le tournoi.
Le soir après souper, toutes les Dames et Damoiselles et les tournoyants se rendront dans la salle où se feront les danses comme à l’ordinaire, et lorsqu’il sera tems de donner le prix, les Juges et le Chevalier d’honneur, accompagnés du Roi d’armes, Héraults et Poursuivants, iront choisir une des Dames et deus Damoiselles, et les mèneront hors la salle, en quelque autre lieu, avec foison de torches, et retourneront en la salle avec le prix dans l’ordre qui suit :
Les trompettes des Juges devant et sonnant, les Héraults ou Poursuivants, ensuite le Roi d’armes seul, après lequel ira le Chevalier d’honneur tenant en main un tronçon de lance long de cinq piés ou environ ; après le Chevalier d’honneur marchera la Dame qui tiendra le prix couvert du couvre-chef de plaisance ; à droite et à gauche marcheront les Chevaliers et Escuyers et Juges-Diseurs, qui la tiendront par-dessous le bras ; les deus Damoiselles que deus Escuyers-Juges tiendront par-dessous le bras, soutiendront les deus bouts du couvre-chef. En cet ordre, ils feront trois fois le tour de la salle, et s’arresteront devant celui auquel ils voudront donner le prix. Alors le Roi d’armes s’adressant à celui pour qui est le prix, et lui donnant la qualité qui lui appartient, lui dira :
« Véés cy cette noble Dame, Madame de (et il la nommera), accompagnée du Chevalier ou Escuyer d’honneur, et de mes Seigneurs les Juges-Diseurs, qui vous vient bailler le prix du tournoi, lequel vous est adjugé comme au Chevalier ou Escuyer frappant mieux d’espée et serchant les rangs qui ait esté aujourd’hui en la meslée du tournoi, vous priant, Madame, que le veuillés prendre en gré. »
Lors, la Dame découvre le prix, le lui baille, puis le prend et le baise, ainsi que les deus Damoiselles, si c’est son plaisir, et alors le Roi d’armes, Héraults ou Poursuivants, crieront son cri tout aval la salle.
Cela faict, il prendra ladite Dame et la mènera à la danse, et les Juges, le Chevalier d’honneur, Roi d’armes et Poursuivants, ramèneront les deus Damoiselles à leur place sans plus sonner trompette.
La danse finie, le Roi d’armes ou un Hérault criera les joutes pour le lendemain, èz-quellcs il y aura trois prix :
Doit estre le jour et le lieu assigné par les Juges-Diseurs, et choisi plus particulièrement à la volonté des appellant et défendant, attendu que ce sont eux qui font les frais par égale portion.
Doivent lesdicls Juges se charger de tout ce qui est relatif audict tournoi, et de toutes les dispositions nécessaires, et doivent connaître de toutes questions et desbats qui pourraient survenir à cause dudict tournoi. Ils doivent se charger de défrayer tous Héraults et Poursuivants, et ils seront eus-memes défrayés par les deus Seigneurs chefs. Tous les Chevaliers, Escuyers ou tournoyeurs qui jamais n’auront tournoyé que cette fois là, seront tenus de payer leur heaulme et bien venue en armes, au Roi d’armes, Héraults ou Poursuivants, et néansmoins qu’autrefois ils l’aient payé à la joute, il ne s’ensuit pas qu’ils ne doivent payer une autre fois pour 1’espée, car la lance ne peut affranchir l’espée ; mais qui aurait payé son heaulme à l’espée serait affranchi de la lance.
Les houssures des chevaux armoiés des armes, sont de droit au Roi d'armes, Héraults et Poursuivants ; et les banières et tymbres à l'église du cloître où ils auront porté lesdictes banières et tymbres, ou autres églises que les Juges ordonneront.
Item. Ceux qui ont gagné les prix sont tenus de donner quelque chose aux trompettes et ménestrels, et les deux Princes chefs du tournoi aussi. »
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