Chemise : Les anciens n’ont point usé de chemise. On n’est point d’accord sur le temps où l’on a porté des chemises en France.
Sous Charles VI et Charles VII, l’usage des chemises de toile était peu répandu ; on ne se servait que de chemises de serge. On taxa de luxe extraordinaire la reine Isabeau de Bavière, parce qu’elle avait deux chemises de toile. Anne d’Autriche, mère de Louis XIV, avait la peau si délicate, qu’on ne pouvait trouver de batiste assez fine pour lui faire des chemises. Le cardinal Mazarin avait coutume de lui dire : « Si vous allez en enfer, vous n’aurez pas d’autre supplice que de coucher dans des draps de toile de Hollande ».
Duloir rapporte que le sultan Mourat ayant pris Boydat par une intelligence avec le gouverneur, la femme de celui-ci s’étant empoisonnée pour ne point survivre à cette trahison, le sultan, par rareté, fit apporter à Constantinople, dans son trésor, deux chemises de cette généreuse dame, qu’il choisit parmi le butin, parce qu’elles étaient tellement enrichies de pierreries, qu’on les prisait 50 mille sequins.
Ce fut à la fin du règne de Louis XII, ou au plus tard au commencement de celui de François Ier, que l'on commença à faire paraître les chemises de toile, de lin fin et blanc, qu’on tenait à grand honneur de porter. On les faisait sortir, tant au bout des manches que du côté du cou, de là les jabots et les Manchettes.
De nos jours, nos dames n’ont enrichi le bas de leurs chemises que de mousselines et de dentelles.
Le vieux de la Montagne envoya des ambassadeurs à Saint-Louis lorsqu’il était en Palestine : « Sire, lui dirent-ils, nous sommes venus à vous de part notre sire, et il vous mande que tout ainsi que la chemise est l’abellement le plus près du corps de la personne, ainsi vous envoie-t-il sa chemise que voici, dont il vous fait présent, en signifiance que vous êtes celui roi lequel il aime le plus à voir en union et à entretenir ».
En 1771, Mme la duchesse de Bourbon accoucha du duc d’Enghien, après avoir souffert pendant quarante-quatre heures des douleurs que les femmes seules peuvent apprécier. L’enfant vint au monde tout noir et sans mouvement : 0n l’enveloppa d’une chemise trempée dans l’esprit-de-vin, mais ce remède faillit lui être funeste, car une étincelle ayant volé sur le linge, le feu s’y mit. Cet accident fut arrêté par les soins de l’accoucheur et du médecin. Ce premier événement de la vie du duc présageait sa fin malheureuse.
On appelle chemisette une sorte de camisole ou partie du vêtement qui va jusqu’à la ceinture et qui couvre les bras, le dos et l’estomac. Hommes et femmes portent cet ajustement de dessous.
L'habillement d'une reine et de sa chemise : Mme Campan fournit dans ses Mémoires un article assez plaisant qui trouve ici sa place. « L’habillement de la reine (Marie-Antoinette) était un chef-d’œuvre d’étiquette ; tout y était réglé, la dame d’honneur et la dame d’atours : toutes deux s’y trouvaient ensemble, aidées de la première femme et de deux femmes ordinaires qui faisaient le service principal ; mais il y avait entre elles des distinctions : la dame d’atours passait le jupon, présentait la robe, la dame d’honneur versait l’eau pour laver les mains et passait la chemise. Lorsqu’une princesse royale se trouvait à l’habillement, la dame d’honneur lui cédait cette dernière fonction mais ne la cédait pas directement aux princesses du sang ; dans ce cas, la dame d’honneur remettait la chemise à la première femme, qui la présentait à la princesse du sang. Chacune de ces dames observait scrupuleusement ces usages comme tenant à ses droits. Un jour d’hiver, il arriva que la reine, déjà toute déshabillée, était au moment de passer sa chemise ; on gratte à la porte, on ouvre : c’est la duchesse d’Orléans ; ses gants sont ôtés, elle s’avance pour prendre la chemise, mais la dame d’honneur ne doit pas la lui présenter ; elle me la rend, je la donne à la princesse. On gratte de nouveau : c’est Madame, comtesse de Provence. La duchesse lui présente la chemise. La reine tenait ses bras croisés sur sa poitrine et paraissait avoir froid. Madame voit son attitude pénible, se contente de jeter son mouchoir, garde ses gants, et, en passant la chemise, décoiffe la reine qui se met à rire pour déguiser son impatience, mais après avoir dit deux fois entre ses dents : C’est odieux ! quelle importunité ! »
........................ in (Dic. Furetière, 1690)
CHEMISE, substantif féminin. La première pièce d’un habillement, qu’on met immédiatement sur la peau. Celui qui donne la chemise au Roy est la personne de la plus grande qualité qui se trouve à son lever. On fait des chemises de toile de Hollande, de coton, de chanvre. Être en chemise, ou nu en chemise, c’est N’avoir rien sur soi que sa chemise. On fait faire les amendes honorables aux criminels nus en chemise, pour marque d’une plus grande infamie.
Ce mot vient de camisa, que les Latins ont employé en cette signification, et qui se trouve dans la Loi Salique, qui a été fait de cama mot étranger qui signifie un lit, comme il fait encore en Espagne, parce qu’on se servait des chemises, quand on se mettait au lit. Ménage.
On appelle aussi chemises, les aubes des Ecclésiastiques, dont le premier usage était pour les Lecteurs servant au Chœur. On trouve le mot de camisia dans St. Jérôme dans une Épitre ad Vabiolam.
On appelle aussi une chemise de maille, un corps de chemise fait de plusieurs mailles ou anneaux de fer qu’on met sous le pourpoint comme une arme défensive.
On dit, qu’un homme n’a pas une chemise à mettre à son dos, pour dire, qu’il est bien pauvre. On dit, qu’on l’a mis en chemise, pour dire, qu’on l’a entièrement ruiné.
On dit aussi, qu’on mangera jusqu’à sa chemise à la poursuite d’une affaire, pour dire, qu’on y dépensera jusqu’au dernier sol de son bien.
Chemisette, substantif féminin.. Partie du vêtement qui va jusqu’à la ceinture, et qui couvre les bras, le dos, et l'estomac. Les hommes portent des chemisettes lotis le pourpoint, de futaine, basin, ratine chamois, ouate, etc. Les femmes en portent de serge, ou d'autres étoffes par-dessus leurs corps de cotte.
Vers les officiers d'armes portant une chemise
Vers Marie d'Anjou portant une chemise
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Le terme ci-dessus est l'un de ceux utilisé pour décrire, le cas échéant, le costume du personnage en illustration, provenant de l'ouvrage :
'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1855.
Sans mention particulière, cette définition provient des notes de cet ouvrage. |