Gravures (de Léopold Massard et aussi sans doute celles non signées) et textes extraits de l'ouvrage 'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours',
publié par A. Mifliez en 1835.
Cette figure de bourgeois de Nantes est copiée d'une miniature d’un des plus anciens manuscrits de Froissart, conservé à la Bibliothèque du Roi et qui représente la réception de Jean de Montfort et de la comtesse sa femme par les bourgeois de Nantes, en 1340.
Son costume : Sa longue robe grise, garnie de fourrure, n’offre rien de bien remarquable, et nous rappellerons seulement à cet égard qu’une ordonnance de Philippe-le-Bel de 1294 réservait les fourrures de vair et d’hermine pour les nobles, et n’accordait aux bourgeois que des fourrures de peau de chat.
Note du transcripteur : en fait, au 21ème siècle, nous pouvons trouver remarquable le dispositif des manches, qui pour permettre une plus grande liberté de mouvements, offrent cette ouverture un peu au-dessus du coude. Sans doute était-ce dû au fait que l'épaisseur de la fourrure était telle qu'elle gênait les bras.
Bourgeois : On entend ordinairement par bourgeois une personne qui fait sa résidence habituelle dans une ville quelconque ; mais, comme l’observe un savant publiciste, cette dénomination, parfaitement synonyme du latin municeps, ne convient qu’aux habitants des villes qui jouissent du droit de commune, c’est-à-dire qui participent aux avantages dont jouissent les citoyens d’une ville. On devenait bourgeois d’une ville dès qu’on y recevait le jour de père et de mère qui y étaient domiciliés. La ville de Lille était peut-être la seule où il ne suffisait pas d’être né de parents qui y avaient leur domicile pour être bourgeois. Dans plusieurs villes, à Paris surtout, on acquérait le droit de bourgeoisie par une résidence d’un an et un jour : cependant il y avait des villes où cette résidence, et même celle d’un plus long terme, ne rendait pas bourgeois ; il fallait en outre obtenir des lettres de bourgeoisie.
Dans certaines villes du Hainaut, on ne pouvait devenir bourgeois que par l’adoption des officiers municipaux ; et dans la Flandre flamande, on le devenait par mariage. Enfin il y avait des lieux où la bourgeoisie ne s’acquérait que par réception ; et il était au pouvoir, soit du seigneur, soit des officiers des communes, à qui il appartenait de recevoir les bourgeois, de refuser ceux qui se présentaient pour le devenir.
Tous les bourgeois jouissaient de grands avantages et d’exemptions locales ; un des principaux privilèges des bourgeois de Paris (i) était qu’en matière civile et en défendant ils ne pouvaient être contraints de plaider ailleurs qu’à Paris. Il n’y a plus aujourd’hui de bourgeois ; tous les Français sont citoyens, et par conséquent égaux devant la loi.
Dans presque tous les temps de la monarchie, les bourgeeois ont joui de plusieurs privilèges. Au XIVe siècle, on voit les bourgeois de Paris décorés de tous les privilèges des nobles, du droit de Garde-Noble, de la faculté d’acquérir des fiefs, d’user des freins dorés et des autres ornements militaires, de pouvoir être admis, ainsi que les nobles d’extraction, à l’ordre de chevalerie.
Charles V, en 1577, avait accordé la noblesse à tous les bourgeois de Paris sans exemption. Cette noblesse, qui n’était qu’un vain titre, fut confirmée par Charles VI,
Louis XI, François Ier et Henri II ; mais Henri III, en 1577, restreignit ce privilège au Prévôt des marchands et aux Échevins de cette ville. Cependant ce prince, pour marquer son affection particulière en faveur des bourgeois de Paris, rendit une ordonnance qui « les maintient dans le privilège de posséder fiefs, alleux et arrière-fiefs en toutes les provinces du royaume, sans être tenus de payer aucune taxe pour raison de la possession desdits fiefs, et dans le droit d’avoir la garde de leurs enfants et parents, de se servir des ornements appartenant à l’ordre de chevalerie, et de porter les armes timbrées, ainsi que les nobles d'extraction, par possession immémoriale. »
Henri III ne se borna pas à ces lettres-patentes.
Sur ce que plusieurs bourgeois étaient troublés dans la possession de leurs privilèges, il fit rendre un arrêt du conseil, qui porte expressément que : « Sa Majesté veut qu'ils jouissent pleinement et paisiblement de tous les privilèges, droits, immunités, honneurs et prérogatives, accordés par elle et les rois ses prédécesseurs, dans lesquels elle les maintient et confirme, de quelque nature qu’ils soient et puissent être, sans aucune restriction et réserve. »
La révolution ayant anéanti tous les privilèges, même ceux des Dames de la Halle, les bourgeois de Paris se trouvent aujourd’hui dans la même catégorie que les autres habitants de la France.
Philippe II, roi d’Espagne, écrivant à Henri IV, se donnait des litres sans fin. La réponse du roi de France fut signée, Henri, bourgeois de Paris.
Ordonnance contre le luxe : (Lois somptuaires - 1294 - Philippe Le Bel). Premièrement. Nulle bourgeoise n’aura de char. Item. Nul bourgeois ni bourgeoise, ne portera vair, ni gris, ni hermines, et se délivreront de ceux qu'ils ont, de Pâques prochaines en un an. Ils ne porteront, ni pourront porter or, ni pierres précieuses, ni couronnes d’or, ni d’argent.
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Le bourgeois de gauche a une longue et ample casaque rouge-Vandick-clair, doublée de damas gris-tanné, et ayant un collet rabattu également gris-tanné. Cette casaque a des manches extraordinairement larges, mais serrées vers le poignet et laissant passer le vêtement de dessous qui est écarlate. Le bonnet et les chausses sont bleu-céleste, les babouches noires.
Le manteau gris perle du bourgeois, à droite sur cette figure, est à ouvertures longitudinales ornées d'or, et, en outre, est doublé d'écarlate. Le vêtement de dessous qui recouvre la poitrine, et dont une partie passe par l'ouverture du manteau, est vermillon. Un troisième vêtement, dont on ne voit que la partie qui est revêtue par les avant-bras, est jaune. Les chausses sont vermillon, les babouches noires ainsi que la partie inférieure du bonnet; la partie supérieure est gris-perle avec des dessins vermillon. |