Gravures (de Léopold Massard) et texte extrait de l'ouvrage 'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1835
L'archer représenté sur cette planche porte une salade, ou chapeau de fer. Il est vêtu d’un jaque, recouvert d’une brigandine ou corselet de fer, et a des gantelets. Cette figure, extraite des manuscrits de la Bibliothèque royale, nous montre que l’usage du carquois n’était point général, et qu’on portait aussi les flèches suspendues à la ceinture par une courroie.
Les soldats armés d’un arc ont existé chez presque toutes les nations belliqueuses. La plupart des peuples orientaux en ont fait leur arme principale. Les Grecs et les Romains les ont employés comme troupe légère. Ils formaient la moitié des compagnies instituées par Charles VII ; Henri III, par son ordonnance de 1575, prescrivit que tout archer des compagnies et des routes serait de noble race. C’était la coutume, dit de la Noue, de mettre les jeunes gentilshommes parmi les archers des compagnies.
On y fit dans la suite divers changements. La grande ordonnance de Louis XI retrancha un des trois archers attachés à chaque lancier, et Henri II (1549) confirma cette disposition. Mais, outre les archers ordinaires des compagnies, il y avait des archers sujets à la volonté. Il en est fait mention dans l’ordonnance de Louis XII de 1489.
Le P. Daniel croit que c’étaient des gens dont les capitaines pouvaient se servir comme il le jugeait à propos, et à des fonctions auxquelles les archers ordinaires n’étaient point assujettis.
Les archers portaient la devise et la livrée de leur capitaine, ainsi que tout le reste de la compagnie. François Ier, par son ordonnance de 1533, ne leur prescrit de porter qu’une manche de la livrée. Ceux dont nous venons de parler étaient à cheval. Charles VII en institua qui servaient à pied. Cette milice ne subsista que jusqu’à la fin du règne de Louis XI. P. de Commines et O. de la Marche en font encore mention en 1479, qui était la dix-huitième du règne de ce prince ; et P. de Beaucaire, évêque de Metz, assure qu’il ne les abolit qu’en 1480.
Dans la suite, et lorsqu’ils cessèrent de faire partie des troupes françaises, on appela archers ceux qui accompagnaient les prévôts pour les captures, ou pour exécuter quelque ordre. Ils ne portaient que des hallebardes et des carabines. On donnait aussi le nom d’archers des pauvres à une espèce de soldats à pied, qui étaient chargés d’arrêter les fainéants qui mendiaient, et de les conduire à l’Hôtel-Dieu. Dans quelques provinces ils étaient nommés chasse-coquins, parce qu’ils avaient principalement ordre de chasser hors des villes les vagabonds et les mendiants, en leur donnant, toutefois un pain pour passer outre. Par décret du 6 août 1790, ils ont été remplacés par les gendarmes.
Archer du 14ème siècle
Une ordonnance de Jean V, duc de Bourgogne, donne la description des armes offensives et défensives des fantassins à la fin du XIVe siècle : « Jean, par la grâce de Dieu... voulons et ordonnons que les gens de commun de nostre pays et duché, en outre les nobles, se mettent en appareil promptement et sans délay, sçavoir est : de chaque paroisse, trois ou quatre, cinq ou six au plus, selon le grand et qualité de la paroisse, lesquels, ainsi choisis et eslus, soient garnis d’armes et habillemens qui ensuivent sçavoir est : ceux qui sauront tirer de l’arc, qu’ils ayent arc, trousse, capelline, coustel, hache ou maille de pion, et soient armez de forts jaques garnies de laisches, chaisnes ou mailles pour couvrir leurs bras, etc.... »
Les armes défensives qu’on donne ici aux archers sont donc la capeline, et la jacque.
Guillaume Lemay, capitaine des archers de Louis XI au 15ème siècle
Cette planche donne l’image de Guillaume Lemay, capitaine des vingt-six archers du roi.
Il était ainsi représenté sur sa tombe, dans l’église de Saint-Pierre-des-Arcis, à Paris, en son costume, qui était celui des officiers des francs-archers, que Louis XI remplaça par les Suisses en 1481.
Nous pensons que la croix blanche que cet officier porte sur la poitrine était la marque distinctive des corps formant la maison militaire du roi, car cette croix blanche se reproduisait sur l’étendard royal.
Le costume militaire: Il ne se fit encore sous ce règne que peu de changements dans le costume militaire. Celui de Guillaume Lemay vient à l’appui de notre assertion ; il est armé de toutes pièces, portant l’arc, le carquois plein de flèches, l’épée et le poignard. L’arbalète des francs-archers avait de 3 pieds 1/2 à 4 pieds de longueur. Celui qui, en 1472, tua le comte d’Armagnac, n’avait pour armure qu’une brigandine et un morion de peau de taisson (de balireau): le comte était dans sa chambre assis sur un banc à côté de son épouse, et ses filles debout auprès d'elles. L’usage de la hallebarde et de la pertuisane et même de la pique, suivant certains historiens, ne commença que vers l’an 1475 ; la pique ne différait de la sarisse macédoine que par un peu plus de longueur, et l’on s’en servit encore dans les armées françaises longtemps après l’introduction des armes à feu.
L'étendard royal : Il y a eu de tout temps un étendard royal dans les armées de France. Les histoires des règnes de Charles VI et de Charles VII parlent, en divers endroits, de l’enseigne royale, de l’étendard royal. Sous les règnes de Henri III et de Henri IV, il est plusieurs fois fait mention de la cornette blanche comme étendard royal, ou du moins comme le premier étendard de l’armée.
L’étendard royal ne fut pas toujours de même couleur ; celui de Philippe-Auguste, que Galon de Montigny porta à la bataille de Bouvines, était de couleur blanche, parsemé de fleurs de lis d’or.
Dès le temps de Charles VI, et longtemps auparavant, l’étendard royal avait la croix blanche, mais on ne marque point quelle était la couleur du fond: « Est à avertir, dit Juvénal des Ursins dans l’histoire de ce prince, que toutes choses se faisaient au nom du roi, mais ils laissèrent » la croix blanche, qui est la vraie enseigne du roi, et prirent la croix de Saint-André et la devise du duc de Bourgogne. »
La croix blanche était non-seulement l’enseigne de Charles VI, mais encore celle de ses prédécesseurs. Il paraît constant, d’après toutes nos anciennes histoires, que de tout temps la nation française a toujours affecté la couleur blanche dans ses étendards comme couleur distinctive, et qu’elle regardait comme lui étant particulière.
Quoi qu’il en soit, l’étendard royal n’a pas toujours eu la même couleur pour le fond, ni les mêmes ornements ou devises
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