Gravure de Léopold Massard et texte, extrait de l'ouvrage
'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1835
Antoine de Créqui, seigneur de Pont-de-Rémi, qui, suivant Du Bellay, ne trouva jamais entreprise trop hasardeuse, commandait l'artillerie à la bataille de Ravenne en 1512. L'année suivante, il s'enferma avec une poignée de soldats dans Térouane, et y arrêta les efforts de Henri VIII, roi d'Angleterre, et de l'empereur Maximilien. Obligé de capituler à l'issue du combat, dit journée des Eperons, il obtint des conditions avantageuses. En 1515, Créqui se distingua à la bataille de Marignan, et signala son courage au siège de Parme (1523). La même année, commandant un corps de réserve à la malheureuse journée de la Bicoque, il empêcha l'entière déroute de l'armée française.
Tandis que les armées françaises éprouvaient en Italie de funestes revers, le nord du royaume était menacé par les Anglais et les Espagnols. Créqui accourt en Picardie avec ses gens-d'armes, bat les Anglais et les Espagnols, et tient la campagne pendant deux ans. L'ennemi voulait surprendre Hesdin. Averti de son projet par un nommé Batard, qui avait feint de promettre de livrer le château, Créqui entre le soir dans le fort, fait placer une herse au-dessus de la porte qui doit être livrée, et dispose à droite et à gauche divers feux d'artifice qui sont recouverts de paille. Le seigneur de Tiennes et le duc d'Arschots s'avancent avec leurs troupes pendant la nuit. Au premier rang marche Batard, lié entre quatre soldats qui ont reçu l'ordre de le poignarder si le coup manque par sa trahison. Batard donne un coup de sifflet auquel il fut répondu, et les Espagnols entrent par la porte qui se trouve ouverte. Créqui ordonne qu'on laisse tomber la herse avant que toute la troupe ait pénétré ; mais la herse, mal préparée, ne peut descendre ; alors Créqui fait mettre le feu à l'artifice. Il était lui-même à une fenêtre au-dessus de la porte ; une fusée l'atteint, et, deux jours après, il meurt. La France le regretta comme un des plus grands hommes de guerre quelle eût alors.
Son costume est aussi élégant que simple. Le manteau agencé sur les épaules est noir et bordé de dessins or. Le vêtement de dessous est bleu-clair rayonné or, et à taillades blanches. Les trousses sont rouge-brun, les chausses blanches et les babouches jaunes.
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