Gravure de Léopold Massard et texte, extrait de l'ouvrage
'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1835
Henri d’Albret, roi de Navarre, fils de Jean d’Albret et de Catherine de Foix, né à Sanguessa en 1505, leur succéda en 1516, à ce qui leur restait en deçà des Pyrénées, et aux droits légitimes qu'ils avaient sur la Navarre.
François Ier, ayant épousé les intérêts de Henri, sollicita vivement pour lui auprès du roi d’Espagne la restitution de la Navarre. On tint à cet effet des conférences, en 1516, à Noyon et en 1518 à Montpellier ; il y fut résolu que Henri serait remis en possession de la Navarre. Mais le roi d’Espagne ayant refusé d’adhérer à cette délibération, André de Lesparre, parent du jeune prince, entreprit, en 1521, de le rétablir par la force des armes. Il entra dans la Navarre, courut sur Pampelune dont les habitants lui ouvrirent les portes, s’avança en Espagne ; battu et pris à la bataille d’Esquiros, la Navarre rentra sous la domination espagnole : depuis ce temps ce petit royaume a fait partie de la monarchie d’Espagne.
Charles-Quint ayant assemblé, en 1523, une armée considérable sur les frontières de la Navarre, pour la faire passer en France, le connétable de Castille, qui la commandait, fit demander à Henri le passage libre sur ses terres, des vivres et quelques-unes de ses, places qu’on lui rendrait après la guerre. Henri accorda les deux premiers articles, et répondit sur le troisième que la chose n’était point en son pouvoir, les places étant occupées par les garnisons que le roi de France y avait mises. Le connétable, qui avait prévu cette réponse, entra dans le Béarn, s’empara de Mauléon, de Bidache, de Hastingue, et de Sauveterre. Mais il échoua devant Oléron dont il avait formé le siège, et se vit contraint de ramener son armée en Espagne.
Henri, ayant accompagné François Ier en Italie, partagea son malheur ; il fut fait prisonnier avec ce monarque à la bataille de Pavie (1525). Ayant eu l’adresse de s’évader, il épousa en 1527 Marguerite de Valois, veuve de Charles, duc d’Alençon, et sœur de François Ier, qu’il perdit en 1549. Il lui survécut environ six ans et mourut à Pau en 1555, ne laissant de son épouse que Jeanne d’Albret, mère du Grand Henri.
Ce prince avait l’âme vraiment royale. Charles-Quint, après avoir traversé la France, disait ; « qu’il n’y avait rencontré qu’un seul homme qui était le roi de Navarre. »
Son costume : Henri d’Albret est ici représenté offrant une fleur de marguerite (1) à Marguerite de Valois, sœur de François Ier, qu’il épousa, ainsi que nous l’avons dit plus haut. Le surtout doublé d’hermine et à manches à bouffettes serrées dans leur milieu par une lassure blanche, est de drap d’or orné de dessins cramoisis. La tunicelle bleu-outremer, piquée et bandée or, porte trois taillades blanches longitudinales. Le ceinturon de l’épée et les chausses sont cramoisis, ainsi que le vêtement à petites taillades blanches, qui recouvre les avant-bras et qui est arrêté aux poignets par des boutons or. La toque ornée d’une plume blanche et or, et surmontée d’une couronne or, est cramoisi avec des jets or. La chaussure et le fourreau de l’épée sont noirs.
(1) - On lit au bas de cette figure : Inveni unam preciosam margaritam quarn intimo corde collegi. J'ai trouvé une perle précieuse que je chérissais dans mon cœur.
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