Gravure (de Léopold Massard) et texte extrait de l'ouvrage 'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1835
Tannegui du Châtel, l’un des plus vaillants capitaines du quinzième siècle, descendait d’une ancienne et illustre maison de Bretagne. Dès sa première jeunesse il montra des inclinations guerrières et se signala par divers exploits.
Son frère aîné, Guillaume, ayant été tué, en 1404, par les Anglais, devant l’île de Jersey, il descendit sur les côtes d’Angleterre, suivi de quatre cents chevaliers bretons, et revint chargé d’un immense butin. Il entra, peu de jours après, au service du duc d’Orléans qui le nomma son premier chambellan.
Après la mort de ce prince assassiné par le duc de Bourgogne, il accompagna Louis d’Anjou, que les Napolitains invitaient à reconquérir son trône, et contribua beaucoup aux succès passagers que celui-ci obtint sur Ladislas, son compétiteur. A son retour, le Dauphin le prit à son service et le nomma maréchal de Guyenne.
En 1413, il fut revêtu de la charge importante de prévôt de Paris. Il déjoua plusieurs complots des Bourguignons, et notamment, en 1416, une conspiration dont les chefs expièrent leurs crimes dans les supplices. Mais, malgré son infatigable surveillance, il ne put empêcher les traîtres de se glisser dans le palais et de choisir leurs victimes dans la famille royale.
Le Dauphin Louis, et Jean, son frère, moururent du poison à quelques mois d’intervalle. Il ne restait plus à la France qu’un seul descendant de nos rois, quand un complot, tramé par quelques citoyens obscurs, livra Paris aux Bourguignons. Averti du danger par les cris de victoire des conjurés, Tannegui vole à l’hôtel du Dauphin, l’emporte dans ses bras et le conduit ensuite à Melun. Dès qu’il eut mis en sûreté ce précieux dépôt, il revint à Paris, espérant surprendre les Bourguignons ; mais un combat s’engage dans la rue Saint-Antoine. Les Orléanais, commandés par Tannegui, n’échappent qu’avec peine à une populace furieuse. Quatre mille hommes ne peuvent assouvir sa rage. La guerre civile promène ses horreurs d’un bout à l’autre du royaume. Les Anglais profitent de nos discordes, s’emparent de la Normandie, et pour que rien ne manque aux malheurs de la France, la famine et la peste déciment ceux que le fer a épargnés.
Les deux partis sentent également le besoin d’une réconciliation. Tannegui est chargé par le Dauphin de négocier avec le duc de Bourgogne pour l’empêcher de s’allier aux Anglais. Une entrevue des deux princes est fixée à Montereau. Le duc de Bourgogne y est assassiné. Ce crime a été imputé par quelques historiens à Tannegui, d’autres l’en ont lavé. Le Dauphin, en arrivant au trône, récompensa la fidélité de du Châtel en l’élevant aux premiers emplois. Les courtisans ne purent voir sans jalousie la faveur de du Châtel. Le connétable de Richemont exigea son renvoi. Charles VII refusa de se priver d’un serviteur dont il connaissait le dévouement ; mais Tannegui, sentant que ce sacrifice était nécessaire au bien de l'État, se condamna lui-même à l’exil et partit malgré toutes les instances du roi.
On reconnut du Châtel à cette démarche ; le reste de son histoire est peu connu. Revint-il d’exil ? Fut-il employé en diverses ambassades ? Mourut-il gouverneur de Provence ? Tout cela est incertain.
Son costume : La coiffure se dessine de profil. Le pourpoint est vert-pomme ; la ceinture est blanche, et la fourrure, qui borde le bas du pourpoint et le bout des manches, est grise. Les chausses sont rouge-laqueux, ainsi que la coiffure. Les souliers-bottines sont noirs, et la dague, dont le bout est en or, est blanche.
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