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François de France, duc d’Anjou et de Brabant
1555 - 1584

Les costumes en France à travers les âges

François de France duc d’Anjou, en son costume - Gravure reproduite puis restaurée numériquement par © Norbert Pousseur

Dessin de Dunand, gravure réalisée par Breton, et texte, extraits de l'ouvrage
'Costumes français depuis Clovis jusqu'à nos jours', publié par A. Mifliez en 1835.
Collection personnelle.

 

François de France, duc d’Anjou, fils de Henri II et de Catherine de Médicis, frère des rois François II, Charles IX et Henri III, naquit en 1554, porta d’abord le titre de duc d’Alençon, et fut envoyé en 1573, au siège de La Rochelle, avec son frère le duc d’Anjou, depuis Henri III, contre lequel il témoigna toujours une secrète jalousie.
La reine-mère, ne lui voyant pas le même éloignement qu’à ses autres fils pour le parti protestant, lui reprocha souvent cette espèce de condescendance, et surtout l’estime qu’il manifestait pour l’amiral Coligny : cette princesse ayant vu dans les papiers de Coligny, après sa mort, qu’il avait conseillé à Charles IX de ne point accorder d’apanage considérable à son frère le duc d’Alençon, dit à ce prince : « Voilà, mon fils, les conseils de votre ami. — Je ne sais pas, répondit le duc, s’il m’aimait beaucoup, mais je sais que ce conseil est d’un homme qui aimait beaucoup l’État. »

A la mort de Charles IX, un parti puissant voulut empêcher le retour en France de Henri III, alors roi de Pologne, et assurer la couronne au duc d’Alençon ; mais la cour prévint l’exécution de ce complot, en faisant arrêter ce prince et le roi de Navarre qui furent transférés à Vincennes. Le duc d’Alençon, interrogé, répondit avec la timidité d’un coupable, et fut cause de la perte de son favori Lamole qui fut décapité. Henri III, ayant été reconnu, mit son frère en liberté ; mais, quatre ans après, ce prince se retira de la cour, parce qu’on lui avait refusé la lieutenance générale du royaume.il fut joint aussitôt par toute la noblesse protestante, et le prince de Condé lui amena d’Allemagne 20,000 hommes. Tandis que la moitié de la France lui confiait ses plus chers intérêts, ce prince, à la tête d’une armée nombreuse, ne se proposait autre chose que de venger son favori Lamole.
Jaloux d’ailleurs du roi de Navarre et du prince de Condé, ses rivaux de gloire, il fit bientôt la paix avec la cour pour ses intérêts particuliers, et reçut en apanage le Berry, la Touraine et l’Anjou ; cette dernière province fut érigée en duché, et il en prit le titre.

La guerre civile recommença en 1576, et ce même prince, qui, dans la guerre précédente, avait été le chef du parti huguenot, fut dans celle-ci le chef du parti catholique. Il commanda l’année qui prit sur les Calvinistes la Charité-sur-Loire et Issoire en Auvergne. Appelé l’année suivante au secours des Flamands révoltés contre Philippe II, il enleva quelques villes aux Espagnols ; mais Henri III, qui désapprouvait cette démarche, le fit arrêter. Le duc d’Anjou ayant échappé à la surveillance de ses gardes, descendit avec une échelle de soie par une des fenêtres du Louvre, et fut conduit, par son favori Bussy d’Amboise, à l’abbaye Saint-Germain, d’où il sortit de Paris par un trou pratiqué aux murs de la ville.

La reine de Navarre sa sœur avait tellement prévenu les esprits dans les Pays-Bas, qu’il en fut reconnu souverain. Après avoir fait son traité avec les confédérés, il se rend en Guienne pour négocier la paix avec les Protestants ; repasse ensuite dans les Pays-Bas avec 4,000 chevaux et 10,000 hommes d’infanterie, délivre Cambrai assiégé par le duc de Parme, y fait son entrée en 1581, chasse les Espagnols d’Orleux et de l’Écluse et leur enlève Cateau-Cambrésis.
Il passe la même année en Angleterre pour conclure, avec la reine Elisabeth, son mariage qu’avait négocié la cour de France. De tous les prétendants à la main de cette princesse, c’est le duc d’Anjou qui a été le plus près de l’obtenir. Ses anciennes liaisons avec les réformés de France, l’attachement qu’il avait montré pour l’amiral de Coligny, étaient des titres de recommandation auprès de la reine d’Angleterre : elle alla au-devant de lui jusqu’à Cantorbéry, et malgré l’énorme disproportion d’âge, le mariage fut résolu, au grand mécontentement des Anglais. Elisabeth donna au duc d’Anjou un anneau, gage de sa foi ; mais elle s’en repentit bientôt, et rompit le mariage : « Il ne ferait, dit-elle au prince, ni votre bonheur ni le mien. Vous ne connaissez pas le peuple anglais ; jamais un prince catholique et français ne doit compter sur son obéissance. J’aurais moi-même la douleur d’être perpétuellement placée entre mon peuple et mon époux. » Le duc d’Anjou s’emporta, brisa l’anneau de la reine et voulut partir. Elisabeth, qui l’aimait, le retint encore trois mois, qui se passèrent en fêtes, et, ne cessant de lui donner des marques de confiance et d’amitié, elle le conduisit jusqu’à Cantorbéry, lui fit des présents considérables, et ordonna à des seigneurs de la cour de l’accompagner en Flandre, et de le recommander en son nom aux états.

Élu solennellement souverain des Pays-Bas, en 1582 le duc d’Anjou fut couronné duc de Brabant, comte de Flandre, et installé par le prince d’Orange, qui se contenta du titre de lieutenant général ; mais le duc d’Anjou conçut bientôt le dessein d’usurper une autorité indépendante, et de violer les privilèges d’une nation qui venait de lui en confier la défense, Il fallait s’emparer de toutes les places fortes, et de la personne même du duc d’Orange. L’entreprise réussit d’abord sur quelques villes ; mais elle échoua sur Anvers. Les habitants prennent les armes, se joignent aux troupes du duc d’Orange ; repoussent et massacrent les Français ; le duc d’Anjou n’a que le temps de fuir, laissant 250 gentils-hommes et 1,200 soldats sur la place, et 2,000 prisonniers. Anvers lui ferme le passage de l’Escaut, Malines inonde ses environs, et ce ne fut qu’à travers une plaine immense d’eau que le prince français parvint à la faveur de mille détours, jusqu’à Ruremonde où il rallia les débris de son armée. Il en perdit encore une partie à Staemberg, et arriva enfin sur le territoire de France.
Catherine de Médicis vint le chercher elle-même pour le ramener à la cour, et je trouva dans une grande agitation d’esprit causée par la confusion et la honte. Il ne pouvait même souffrir la présence de sa mère, et passa six mois dans une entière solitude. Le duc de Guise l’attira d’abord dans le parti de la Ligue ; ce qui n’empêcha pas le duc d’Anjou de se déclarer contre cet ennemi de sa maison, et d’ajouter à la haine du roi pour les princes lorrains.

On remarqua depuis une grande altération dans sa santé; attaqué par une sorte de phthisie, la violence de la toux lui rompit une veine et il vomit le sang, ce qui fit trouver quelque conformité entre sa maladie et celle qui avait emporté Charles IX. Il mourut en 1584, laissant pour trois cent mille écus de dettes. Le roi aima mieux dépenser deux cent mille écus à ses funérailles, que de les payer ; ce qui fit dire que le duc d’Anjou n’était pleuré que de ses créanciers.

 

Son costume : L’armure est laque-jaune-clair, ornée de dessins noir ; le tonnelet est blanc-azuré, relevé de profilures or. Les trousses, les chausses et les souliers sont blancs, ainsi que le fourreau de l’épée, dont la garde et l’extrémité inférieure sont or.


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